PEDERSEN - Le grand malchanceux
Victime d’une crevaison au secteur 15, Mads Pedersen
voit immédiatement tous ses espoirs de victoire s’envoler.
14 Apr 2025 - L'Équipe
THOMAS PEROTTO
ROUBAIX – Le grand câlin offert par Mathieu Van der Poel, marque d’estime et de respect, restera un maigre pansement sur une entaille causée par la chaussée, les cailloux et le caoutchouc. Sur le Vélodrome de Roubaix, comme au pied de son car qu’il a rejoint une bonne demi-heure après l’arrivée, Mads Pedersen a tenté de donner le change en affichant un tout petit sourire en coin mais tout le monde a senti que le coeur n’y était pas. Troisième de Paris Roubaix, comme l’an dernier, une semaine après une deuxième place au Tour des Flandres, le Danois de Lidl-Trek (29 ans), dans la forme de sa vie sur pendant cette période de classiques, n’a toujours pas de Monument à son palmarès.
L’aurait-il sans cette crevaison subie au secteur 15, de Tilloy à Sars-et-Rosières (2,4 km, 4 étoiles) ? La question va le hanter un bout de temps. « On ne saura jamais ce qui aurait pu arriver. Mais c’est la beauté de cette course. Malheureusement, c’est moi qui ai été malchanceux à un très mauvais moment», confiait le récent vainqueur de Gand-Wevelgem.
Dans la Trouée d’Arenberg, Pedersen avait été le seul à prendre la roue de Pogacar lors de sa première attaque, et il était encore en troisième position à la fin du secteur derrière le Slovène et Van der Poel. Deux compagnons qui ont pris le large au secteur 15, 20 kilomètres plus tard, lorsque le Danois a crevé… « Mads se sentait vraiment bien, il avait beaucoup attaqué, il a fait la course toute la journée en fait. Il était là et il a beaucoup mené les opérations, soupirait Michael Schär, directeur sportif des Lidl-Trek. Mais tous ceux qui arrivent à Roubaix ont une histoire à raconter, Mads a crevé, Van der Poel a aussi crevé à la fin, Pogacar a eu cette petite chute, c’est la vie de Roubaix… »
Les espoirs de Jasper Stuyven (au centre) se sont vite volatilisés.
Il est tombé sur le bitume avant même le premier secteur pavé.
Pour le champion du monde 2019, la sentence est tombée dans une courbe à gauche lorsqu’il a pris l’aspiration de Pogacar au sein du groupe de tête. Sur les images, sa roue avant effectue un mouvement de travers immédiatement après avoir buté sur le haut d’un pavé. Il restait deux kilomètres à souffrir derrière, avec uneroueenmoins. « Mads a vraiment été malheureux auplusmauvaismoment.Ilaperdu presque tout de suite une minute. C’était compliqué pour arriver jusqu’à lui avec la voiture, on est arrivés un peu tard. Il s’est retrouvé dans un groupe derrière avec des gars qui n’avaient pas vraiment envie de travailler avec nous », ajoutait Steven De Jongh, un de ses directeurs sportifs, qui résumait la journée ainsi : « Un seul mot, merde! »
« Je ne l’ai pas encore vu mais je peux imaginer qu’il est vraiment très déçu, estimait encore De Jongh. Il affichait une très grande forme, comme on l’avait déjà vu ces dernières semaines. Mais la malchance fait aussi malheureusement partie de Roubaix. Une seule crevaison, ce n’est pas beaucoup, mais c’était au pire moment. »
Il faudra quand même se souvenir que Pedersen, malgré sa roue percée, a ensuite mis une énergie démentielle pour revenir et limiter les écarts. Et sur le Vélodrome, il n’a laissé personne le priver du podium. Au sprint, le Danois a trouvé les ressources pour battre Wout Van Aert et Florian Vermeersch.
« Un podium dans un Monument, il faut aussi savoir en être content. Il s’est bien battu ensuite. C’est un guerrier, il a montré le caractère qu’il avait, complimentait Schär. L’an dernier, il était très vite passé à autre chose après sa troisième place, on verra cette année, même si c’est sûrement un peu différent. Ce sont pas les mêmes raisons…»
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Ganna, Stuyven et Küng pas épargnés
Les autres outsiders présentés dans nos colonnes hier matin n’ont pas vraiment été vernis sur Paris-Roubaix. Le premier éliminé fut Jasper Stuyven (Lidl-Trek), excellent 5e du Tour des Flandres la semaine passée mais tombé avant même le premier secteur pavé. « Il était par terre, ça arrivait très fort derrière et il avait des grosses marques au genou et à la main, vraiment pas de chance », déplorait son directeur sportif Steven De Jongh. Et le Belge (95e à l’arrivée) n’a jamais pu appuyer son leader Mads Pedersen.
À peu près au même moment, Filippo Ganna (Ineos Grenadiers) a crevé et dû changer de vélo, alors que le rythme s’accélérait dans le peloton. Résultat, l’Italien, aidé par trois équipiers, a chassé pendant trente kilomètres pour revenir sur le groupe van der Poel et a laissé des forces, ensuite, pour le moment où la vraie bataille a commencé. Il termine à une honnête 13e place, premier de son groupe, mais sans avoir pu peser comme espéré.
Mais le plus malchanceux des trois est sans doute Stefan Küng (Groupama-FDJ). Le Suisse, qui restait sur trois tops 5 à Roubaix et figurait dans le groupe Van Aert-Pedersen, a été victime d’une crevaison à Orchies (à 65 km de l’arrivée), puis a chuté dans le final, franchissant le visage et le corps tachés de sang, seul, à une anecdotique 43e place. « On était là pour faire un résultat, donc c’est forcément frustrant de finir comme ça, regrettait son directeur sportif, Frédéric Guesdon. Malheureusement, on sait que ces aléas font partie de la course et cette année ils n’étaient pas avec nous. »
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S.K., à Roubaix
Les Bleus encore trop loin
Sombre dimanche pour les coureurs français. Le mieux eclassé est un néophyte, le Breton Florian Dauphin (Total Energies), 25 à 5’41'' de Mathieu van der Poel. Axel Huens (Unibet Tietema Rockets) est lui 27e (même écart). « Je n’avais jamais fait une course de plus de 220 km, là avec le départ fictif, ça fait plus de 265 km, glissait Dauphin. On était à fond tout le temps, ça roulait à bloc vent dans le dos, c’était horrible… j’ai fini dans un état… »
Clément Russo (Groupama-FDJ) avait très bien démarré, mais ses espoirs se sont évanouis dans la Trouée d’Arenberg. « Les sensations étaient bonnes, notait le Lyonnais mais malheureusement j’ai cassé ma roue et crevé dans Arenberg, que j’ai fait à moitié à pied. Pour moi, la course s’est terminée à cet endroit… J’avais les moyens de faire bien mieux, d’épauler Stefan (Küng) encore plus loin. C’est une occasion manquée. »
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