VAN AERT, Le grand absent
Malgré ses propos optimistes, la déception se lit sur le visage
de Wout Van Aert (4e comme au Ronde) juste après la course.
À l’ombre des monstres Mads Pedersen, Wout Van Aert
Et les autres favoris ont connu des sorts différents, hier, entre crevaisons, chutes et limites physiques du moment.
VAN AERT, Le grand absent
14 Apr 2025 - L'Équipe
PIERRE MENJOT
ROUBAIX – Le Visma le plus en vue, hier, a longtemps été le bidon aux couleurs de l’équipe néerlandaise jeté par un spectateur sur Mathieu Van der Poel dans le final. Le constat peut paraître sévère, alors que Wout Van Aert a échoué au pied du podium, mais ce rang raconte mal la course du Belge de 30 ans. Il y a une semaine, c’est à une même 4e place qu’il terminait le Tour des Flandres, dont il avait été acteur, au moins jusqu’à l’explication finale, et dans une forme qui augurait du meilleur. Sur les pavés du Nord, une course pourtant taillée pour lui, il a surtout subi. Ses difficultés ont démarré avec une chute survenue avant le premier secteur, comme Jasper Stuyven notamment. «J’étais loin et c’était difficile de trouver le moral, nous nous sommes battus pour revenir dans la course, a-t-il expliqué. Puis j’étais en bonne position dans la Trouée d’Arenberg. » Il l’aborda parfaitement, bien calé dans la roue de Pogacar quand le champion du monde accéléra dans les premiers mètres. Avant de laisser passer un coureur, puis deux, puis un paquet, comme si le Belge avait soudain peur de frotter. « Je n’avais pas les jambes », balaya Van Aert.
Mais alors que les cadors se faisaient la guerre dans la forêt, lui reculait, laissant même son jeune équipier Matthew Brennan filer devant. « Wout luttait, je me sentais un peu mieux et il m’a dit de jouer ma propre carte, racontait l'Anglais.
C’est vraiment beau. Puis il a travaillé pour moi en faisant le rythme», à la sortie d’Arenberg. Dit autrement: à 93 kilomètres du but, Van Aert, deux podiums au compteur (2e en 2022, 3e en 2023), acceptait de passer vassal d’un novice de 19 ans, ce qui marque sa grandeur mais une sorte de renoncement, aussi.
Malgré leurs déboires, Mads Pedersen et Wout Van Aert se sont retrouvés à
sprinter pour la troisième place sur le podium. C’est le Danois qui l’emportera.
Au fil des kilomètres, le groupe s’est aminci, perdant certains éléments sur ennui mécanique, parfois par manque de jus (comme Brennan), et les duettistes à l’avant ayant essoré leurs compagnons (Bissegger, Philipsen), c’est le podium que s’est retrouvé à viser Van Aert. «Une surprise », avouait l’ancien maillot vert du Tour. « Il a trouvé son rythme, c’est admirable comment il s’est battu pour revenir », louait Grischa Niermann, l’un de ses directeurs sportifs chez Visma-Lease a bike.
"J’ai donné tout ce que j’avais.
Je suis heureux et satisfait de ce que j’ai fait.
C’est le vélo"
- WOUT VAN AERT
Dans le secteur 6, Van Aert accélérait même et filait avec seulement Florian Vermeersch et Mads Pedersen dans la roue.
Puis remettait une attaque, dans les derniers kilomètres, faisant rugir le vélodrome de Roubaix. Sans succès, et c’est au sprint qu’il se faisait battre par le Danois (lire par ailleurs). «J’ai essayé, mais il a lancé tôt, je n’ai rien pu faire d’autre que rester dans sa roue », jugeait-il après avoir enlacé femme et enfants, le visage encore tapissé de poussière en expliquant à son aîné, Georges, qu’il y avait « trois gars meilleurs » que lui ce dimanche. « Bien sûr que j’espérais mieux, mais je n’ai aucun regret, ni sur ma préparation ni sur la manière dont j’ai couru, j’ai donné tout ce que j’avais. Je suis heureux, heureux et satisfait de ce que j’ai fait. C’est le vélo», philosophait-il, détaché, loin du coureur qui ne cache pas son courroux, parfois.
Wout Van Aert, 30ans, n’a donc toujours pas gagné Roubaix. Cette année, il n’a pas gagné du tout pour le moment et termine sa campagne flandrienne sur un bilan partagé, également marqué par sa « défaite » face à Neilson Powless sur À Travers la Flandre (2e). Mais lui préférait positiver : « La saison commence juste pour moi, je vais faire la Flèche Brabançonne (vendredi), l’Amstel (dimanche), et le Giro (à partir du 9mai) arrivera vite.»
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