Pogacar emporté par la fougue


Pour son premier Paris-Roubaix, le Slovène a tenté de dynamiter la course mais, coupable d’une chute, il s’est incliné. Il a promis de revenir, pour s’imposer cette fois.

"En termes de puissance et de watts consommés, 
c’est une des courses les plus difficiles de ma carrière"
   - TADEJ POGACAR

14 Apr 2025 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS

ROUBAIX (NORD) – Le printemps a réveillé quelques ardeurs et Tadej Pogacar, pour son premier rendez-vous avec Paris-Roubaix, n’a échappé ni à la fougue de ses élans ni à une forme de gaucherie. Le Slovène, deuxième hier à Roubaix, en gardera un souvenir candide, dans quelques années, quand il repensera au formidable chantier qu’il a dessiné sur une bonne partie des 259 kilomètres et, en même temps, lorsqu’il reverra sa chute, à trente-huit bornes du terme, cent mètres après avoir dégoupillé une énième grenade dans la roue de Mathieu Van der Poel. Ce dernier a continué son chemin, le champion du monde a terminé le sien dans la bâche jaune d’un partenaire, pas mécontent de l’exposition de le voir empêtré ainsi avec son maillot arc-en-ciel.Avant sa chute, Tadej Pogacar avait montré tout son potentiel sur les pavés de Paris-Roubaix.

«Pogi» admit, plus tard, que la moto stationnée dans le virage (décidément, il n’est pas verni avec les deux-roues motorisés) avait pu influencer sa trajectoire (« Quand on est à fond et qu’une moto est arrêtée, on peut avoir le sentiment qu’il n’y a pas de virage mais j’aurais dû le savoir et je ne veux pas que ce soit une excuse »), mais la différence entre les deux coureurs était aussi statistique: le Néerlandais a débuté et fini cinq Paris-Roubaix pour trois victoires de suite et il maîtrise un peu son sujet selon Florian Vermeersch. Deuxième en 2021 et encore cinquième hier, l’équipier de Pogacar était «vraiment désolé pour lui qu’il finisse deuxième par malchance. C’est peut-être de sa faute, je ne sais pas. C’est toujours utile d’avoir déjà roulé une fois et de connaître un peu le déroulement de la course. Celle d’aujourd’hui était idéale pour un premier apprentissage.»

Pogacar y a tout vécu. Emprunté quand il a évité de justesse deux bottes de foin en amont d’une chicane, qu’il a manqué de passer sous les roues de sa propre voiture venue voir pourquoi il se grattait le mollet droit et pas très serein quand, coincé par Jasper Philipsen et Van der Poel unis dans une même quête, il a dû démêler les fils de l’embrouille.

Le dernier vainqueur du Tour des Flandres fut aussi offensif comme un vieux briscard avec trente Roubaix au compteur, dans la portion d’Haveluy, dans la Trouée d’Arenberg, dans le secteur de Tilloy à Sars-et-Rosières au moment de la crevaison de Mads Pedersen.

Comme si les pavés n’étaient pas assez découpés à la scie à câble diamanté, Pogacar dans son kart de Mario Bros a déposé des bananes un peu partout. Le public ne pourra pas lui reprocher cet éparpillement énergivore (« En termes de puissance et de watts consommés, c’est une des courses les plus difficiles de ma carrière») qui lui a coûté dans sa tentative de recoller après sa sortie de route ou après son changement de vélo (roue cassée), dixhuit kilomètres plus loin, et qui « lui a un peu cassé le moral », selon Mauro Gianetti. À cet instant, dans l’avant-dernier secteur pavé à Hem, deux de ses jeunes fans, résignés, avaient compris que l’affaire était pliée et attendaient leur champion et le verdict, las sur une barrière de chantier.

Une fois sur le vélodrome, le Slovène avait acté depuis un moment la supériorité de son adversaire («un des meilleurs coureurs de sa génération, il aurait été mon idole si j’avais été enfant ») et, tout sourire sous le soleil du Nord, il entama comme un tour d’honneur, saluant la tribune principale, une invitation à revenir.

Pour ceux qui le connaissent – et en privé, ils ne cachaient pas qu’en cas de victoire dès sa première, il pourrait ne plus mettre un pied à Roubaix –, le coureur de 26 ans a trop aimé s’enfiler les trente secteurs: «Maintenant que j’ai un peu d’expérience, j’espère mieux appréhender et vivre les événements dans les années à venir. On a hâte de revenir l’an prochain avec une équipe aussi forte pour nous imposer.»

"Il a montré qu’il n’est pas seulement 
un coureur de général et des ardennaises, 
mais aussi qu’il sait faire sur les pavés"
   - ALEX CARERA, AGENT DE TADEJ POGACAR

Des nuits blanches, Mauro Gianettin’apasfinid’envivred’iciàl’an prochain, lui qui craignait que son leader termine dans une ornière de la Trouée et fissure un genou et son grand projet de gagner une quatrième fois le Tour. « Oui, j’ai eu peur jusqu’au Carrefour de l’Arbre car on a vu beaucoup de chutes et même certaines qui ne se sont pas déroulées sur le pavé, confirmait le manager. Il faut beaucoup de choses pour s’imposer à Roubaix, la chance de ne pas crever, de rester surlevélo... Mais Tadej a montré qu’il était à l’ai se sur chaque secteur.»

Un peu plus loin, Alex Carera, l’agent du Slovène, préférait rire de cette peur rétrospective : «Il aurait pu tomber à l’entraînement ou comme à Liège il y a trois ans. Je pense que s’il revient sur Roubaix et qu’il gagne, Mauro sera heureux.

(Rires.) Mais je suis sûr qu’il est déjà heureux de cette deuxième place comme doit l’être Tadej. Beaucoup de gens ne le pensaient pas capable de lutter contre les meilleurs coureurs sur pavé et contre l’un des meilleurs coureurs de classiques, Mathieu van der Poel. Il a montré qu’il n’est pas seulement un coureur de général et des ardennaises, mais aussi qu’il sait faire sur les pavés.»

Ce qui ne va rassurer ni ses adversaires ni Gianetti, amusé, qui dégage a deux fois en touche quand on lui demanda si le dernier vainqueur du Giro accrocherait de nouveau un dossard sur l’Enfer du Nord : «Probablement mais on verra quand. » L’année prochaine, ce serait bien.

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