Encore un peu de patience

Lenny Martinez a été dépossédé du maillot jaune par João Almeida hier à l’issue de l’ultime contre-la-montre. Mais le grimpeur de 21 ans continue son apprentissage express du rôle de leader.

“Je lui ai dit de prendre ces moments comme du déjà-vu si jamais, un jour, 

il est en jaune sur le Tour de France'' 

   - MIGUEL MARTINEZ, LE PÈRE DE LENNY

5 May 2025 - L'Équipe

LOUIS BOULAY

Quand l’ impatience prime, que les échelons sont arrachés les uns plus vite que les autres, attendre encore un peu, même un tout petit peu, ça fait déjà beaucoup. Mais il paraît que ça fait partie de l’apprentissage, que c’est le métier qui rentre. Alors Lenny Martinez n’a pas remporté le Tour de Romandie hier, mais le grimpeur de la Bahrain Victorious, 21 ans, a beaucoup appris cette semaine sur les routes suisses. Il a surtout confirmé, si c’était nécessaire, qu’il ressemblait de plus en plus à un coureur capable de s’imposer sur une course par étapes de niveau World Tour. Le cyclisme français attend ça depuis Christophe Moreau en 2007 sur le Critérium du Dauphiné, bientôt dixhuit ans de disette, ça commence à faire long. Mais, là encore, unpeu de patience, en principe, ça ne devrait plus trop tarder. « Ce n’est pas un objectif mais ça serait sympa de le réaliser, surtout quand ça fait longtemps que ça n’a pas été fait, avouait hier soir Lenny Martinez. Mais cette semaine avec le chrono c’était chaud. Mais je n’ai que 21 ans, j’ai effleuré la victoire au général, je vais essayer de m’en approcher dans les prochaines années, je pense que c’est quelque choseatteignable.»Lenny Martinez n’a pu conserver son maillot jaune de leader, qu’il a cédé, hier, à Joao Almeida.

Leader du général à la veille de l’arrivée grâce à sa superbe victoire acquise samedi, en costaud, dans les hauteurs de Thyon 2000 devant João Almeida (UAE Team Emirates-XRG), Martinez avait devant lui ce qui s’apparentait à une mission pas loin d’être impossible s’il voulait conserver le maillot jaune jusqu’au bout, lui qui ne comptait que trois secondes d’avance sur le Portugais. La raison savait par avance qu’Almeida était plus à l’aise sur l’exercice du contre-la-montre, d’autant plus avec ce parcours de 17,1 km sans difficulté majeure dans les rues de Genève. Mais l’espoir était quand même là, alors Martinez a tout tenté, s’est fait une belle frayeur dans un virage, a relancé sans cesse, mais la marche était encore un peu trop haute, Almeida réussissant le coup quasi parfait en prenant la deuxième place du jour derrière l’intouchable champion olympique belge Remco Evenepoel et dépossédant Martinez de la tunique jaune pour 26’’.

«Je savais que ça allait être compliqué de garder le maillot jaune, je ne suis pas du tout déçu, avouait Martinez à l’arrivée. Je ne pouvais pousser plus, João Almeida était plus fort. C’est mon premier podium en World Tour, je gagne une étape, c’est une très bonne semaine. C’est de l’expérience que j’engrange, je sais maintenant que je l’ai fait une fois et que ça peut revenir dans le futur d’être leader un dernier jour sur un chrono. Partir en dernier c’est toujours spécial et j’apprécie vraiment tout ça. »

Comme il y a deux mois sur Paris-Nice, où il s’était offert une première victoire d’étape en World Tour à La Côte-Saint-André, Martinez a montré qu’il poursuivait son apprentissage express du rôle de leader pour sa première saison à la Bahrain-Victorious. Dans les rues de Genève hier, c’est son père Miguel, champion olympique de VTT cross-country en 2000 à Athènes, qui semblait prendre le stress pour deux.

« C’est la première fois que je levois avec un maillot jaune, je suis beaucoup plus stressé que lui, avouait-il au micro de la chaîne L’Équipe. Je ne l’ai jamais vu autant détendu, il a tellement pris de labonne endorphine d’avoir gagné samedi, pour lui, il n’y a que du posipas tif, les jambes tournent, il est détendu, il rigole. Il m’impressionne. »

Maintenant, Lenny Martinez va s’offrir trois jours de repos avant d’attaquer sa préparation pour leDauphiné (8-15 juin 2025) puis le Tour de France cet été (5-27 juillet). « Pour le Dauphiné je pense qu’il y aura aussi Santiago Buitrago donc on devrait être deux leaders,

expliquait Martinez hier soir. Ce serait bien d’aller chercher une victoire d’étape et de faire un bon général. Je trouve ça cool d’être leader avec Santiago, qui est un très bon grimpeur aussi, c’est top de ne pas être tout seul. Le Tour, c'est une autre paire de manches. Je ne pense pas que j'irai pour le général. »