Comme un dernier doute
8 Sep 2024 - L'Équipe
MANUEL MARTINEZ
Nullement mis en danger lors de l’ultime étape de montagne, Primoz Roglic se dirige vers un quatrième sacre sur la Vuelta. Mais il reste un chrono aujourd’hui à Madrid et un flou certain autour de l’état de santé général de son équipe.
"Par chance, moi, je vais très bien"
- PRIMOZ ROGLIC
PICON BLANCO (ESP) – Avec sept cols au programme dont la redoutable montée finale de Picon Blanco, la 20e étape de la Vuelta pouvait encore réserver son lot de surprises à une journée de l’arrivée à Madrid. Elle proposait aussi un profil idéal pour tenter de déstabiliser Primoz Roglic, leader depuis sa prise de pouvoir la veille sur les hauteurs de Moncalvillo. Mais hier, Ben O’Connor, Enric Mas ou encore Richard Carapaz, les rivaux les plus sérieux du Slovène au général, n’ont jamais pu vraiment bouger une oreille. Primoz Roglic, ici entre Enric Mas et Richard Carapaz, n’a rien cédé hier, au sommet de Picon Blanco, dans la dernière étape de montagne de cette Vuelta. Mais, il est apparu masqué sur le podium et en conférence de presse, ce qui n’a pas manqué d’intriguer.
Ce pacte volontaire ou pas de non-agression a fait le bonheur d’Eddie Dunbar, 28 ans, vainqueur en solitaire en haut de Picon Blanco, une semaine après s’être imposé d’une courte tête devant le campus technologique Cortizo à Padron. L’Irlandais a profité du marquage entre les prétendants à la Vuelta pour placer une mine à un peu plus de quatre kilomètres de l’arrivée et s’envoler vers la deuxième victoire de sa carrière sur un grand Tour après avoir déposé Pavel Sivakov encours de route. «Après ma première victoire (lors de la 11e étape de cette même Vuelta), j’ai mis du temps à réaliser, mais là, c’est vraiment un truc de fou, confiait, euphorique, le coureur de Jayco-AlUla. Je connaissais cette montée finale et je savais qu’il y avait certains passages très durs. Je suis heureux d’avoir remporté cette étape de montagne, alors que je me trouvais avec les meilleurs de la Vuelta. Des victoires comme ça sont rares, il faut en profiter au maximum.»
Hier, le dernier sommet de ce Tour d’Espagne ne s’est donc pas transformé en champ de bataille. Roglic a conservé ses deux minutes d’avance sur O’Connor, tout heureux d’être encore deuxième du général (à 2’2’’), devant Mas qui, lui, n’est plus qu’à neuf secondes de l’Australien.
Concrètement, le Slovène touche au but et n’est qu’à quelques heures de remporter, à 34ans, la quatrième Vuelta de sa carrière. Aujourd’hui, il sera même le grand favori du chrono de clôture totalement plat de 24,6 kilomètres dessiné dans les rues de la capitale espagnole.
Il existe pourtant un dernier point à éclaircir concernant l’état de santé général de la formation Red Bull-Bora Hansgrohe, en partie décimée au terme de cette avant-dernière étape. Daniel Felipe Martinez, aérien sur les pentes de Moncalvillo la veille, a été le premier à abandonner, suivi par Patrick Gamper, alors que Nico Denz parvenait au but hors délai et qu’Aleksandr Vlasov, lui aussi très en vue ces derniers jours, a terminé avec plus de 34 minutes de retard sur le vainqueur.
À cela, il faut ajouter la rumeur selon laquelle un assistant de l’équipe allemande aurait été hospitalisé dans la journée pour un cas de salmonellose. Hier soir du côté de Red Bull-Bora, personne ne s’est embarrassé à donner des explications. Virus pour les uns, intoxication alimentaire pour les autres, le cas de l’équipe de Roglic intrigue.
Pourtant, le leader de la Vuelta n’a pas semblé à la peine, tout comme ses coéquipiers Florian Lipowitz ou Roger Adria. Mais, pour la première fois depuis le départ, Roglic s’est présenté à la cérémonie protocolaire et à la conférence de presse le visage masqué. « Certains de mes coéquipiers ont signalé qu’ils n’étaient pas au mieux ce matin (hier) et je n’en connais pas les raisons, indiquait le Slovène sans livrer davantage de détails. Par chance, moi, je vais très bien et l’objectif est d’être sur la plus haute marche du podium demain soir (ce soir). Mais bon, il reste encore ce dernier chrono. Je ne connais pas le tracé, mais je vais aller le reconnaître demain ( aujourd’hui). Sur le papier il n’a pas l’air très exigeant et je vais faire du mieux possible pour obtenir un bon résultat.»
***
Gaudu veut y croire
PICON BLANCO – Comme à chaque arrivée au sommet, David Gaudu n’a pas ménagé sa peine sur les pentes finales de Picon Blanco. À plusieurs reprises, et notamment à trois bornes du but, le Breton, 28ans, a tenté de secouer le cocotier pour tenter de creuser l’écart sur les principaux favoris de la Vuelta. David Gaudu s’est accroché hier sur les pentes de Picon Blanco.
Si son audace n’a pas payé, il pouvait tout de même se montrer satisfait de sa journée: le Français a terminé septième de cette ultime étape de montagne et surtout il a repris quelques précieuses secondes à son adversaire direct Mattias Skjelmose.
«Je me suis dit: il faut tenter le tout pour le tout, confiait Gaudu. Tu es cinquième de la Vuelta, c’est bien, mais tu as déjà fait quatrième du Tour. Tu n’as pas encore gagné d’étape, mais tu es fort. Tente et n’écoute pas ton ressenti sur le vélo. Tout le monde a mal, tout le monde est à fond.» Si le Finistérien a désormais repoussé son rival danois à trente secondes au général, il sait que le chrono final à Madrid peut lui coûter sa place parmi les cinq premiers du Tour d’Espagne. «Il va falloir que je sorte le chrono de ma vie pour garder ce top 5 à Madrid, prévient Gaudu. Je vais tout donner demain (aujourd’hui), on verra où ça me place, mais que je termine cinquième, sixième ou septième, ma Vuelta est quoi qu’il en soit réussie.» (M.M.)
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