NICO MATTAN «Paris-Roubaix, c’est très facile »


Vainqueur de Gand-Wevelgem il y a vingt ans, l’ancien coureur belge, ami de Frank Vandenbroucke et Philippe Gaumont, a toujours apprécié l’Enfer du Nord, qu'il avait terminé à la 9e place en 2002.

"Maintenant, les coureurs regardent leurs watts, ils ne mangent plus. 
Je ne comprends pas ce cyclisme. 
Ce n’était pas bien, mais tous les soirs, 
je mangeais des frites et je buvais de la bière"

"Alaphilippe, c’est un fou !"

11 Apr 2025 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS

«Le coureur le plus fort que vous avez côtoyé?

Jamais avare d’efforts, Nico Mattan remportait enfin, en 2005, sa seule classique, Gand-Wevelgem, lui qui avait vécu dans l’ombre de ses leaders, Johan Museeuw et Frank Vandenbroucke. Johan (Museeuw) et Frank (Vandenbroucke). Johan a eu un plus grand palmarès, Frank avait peut-être plus de talent. Museeuw gagne trois fois le Ronde (en 1993,1995 et 1998), trois fois Roubaix (en 1996, 2000 et 2002) quand même. Peter Van Petegem était bon jusqu’au Tour des Flandres, ensuite, c’ était fini. Mais heureusement qu’il est là en 2005 à Madrid, sinon Tom Boonen n’ est pas champion du monde, c’ est lui qui bouche le trou sur les échappés.

L’ adversaire le plus fort?

Il y avait un gars plus fort queBo on en, Sébastien Rosseler, un Wallon, mais il me disait: “Je n’aime pas le vélo, je n’ aime pas m’ entraîner .” Tu ne peux pas changer ces gars-là alors que c’était un des plus grands talents. Mais quand il était maigre, il en gagnait des courses!

La plus grande fête à la quelle vous avez participé?

Après ma victoire à Gand-Wevelgem (en 2005), j’ ai fait la fête jusqu’à 4 heures du matin. C’ est rare de gagner près de chez soi et de pouvoir fêter ça ensuite. Mon club de supporters m’a appelé: “On va avoir 500 personnes.” Je dis: “Quoi? Non, je vais me coucher à 21 heures.” On avait bu quelques bières, une quinzaine, ça va (rires). Je ne regrette rien. Freddy Maertens m’avait dit :“Mais pourquoi tu n’ es pas rentré chez toi? Tu aurais peut-être pu gagner Paris Roubaix!” (L’Enfer du Nord avait eu lieu quatre jours après sa victoire.) Comment veux-tu que je gagne contre Tom Boonen? Je n’ avais pas le moteur pour gagner de grosses courses. J’ ai profité de l’ instant. Maintenant, les coureurs regardent leurs watts, ils ne mangent plus. Je ne comprends pas ce cyclisme. Ce n’ était pas bien, mais, tous les soirs, je mangeais des frites et je buvais de la bière, je n’ étais pas un bon exemple, mais je gagnais quand même. Avant ma victoire à Wevelgem, je suis monté sur le podium, il y avait une dégustation de genièvre, j’ ai bu deux verres. Si tu fais ça maintenant…

Quand vous êtes vous senti le plus fort?

En 2001, j’étais le meilleur coureur belge du classe ment U CI! Je gagne le prologue de Paris-Nice, les Trois Jours de La Panne, le Grand Prix de Plouay… J’ avais quitté Frank (Vandenbroucke) aprè savoir travaillé des années pour lui. À 30 ans, je n’ étais plus un équipier, j’ ai commencé à marcher. Le problème, c’ est que quand je me sentais fort, je roulais comme un con!

Le meilleur directeur sportif?

Patrick Lefévère chez Mapei, il m’ atout appris, c’ était la meilleure école de cyclisme. Il avait toujours un plan. À 100 kilomètres, on attaque là, on fait une bordure!

Votre course préférée?

Paris-Roubaix, car j’adorais rouler sur les pavés mais la plus jolie, c’est le Tour des Flandres. Paris-Roubaix, c’est très facile, encore plus qu’avant! On roulait avec des boyaux de 23, maintenant, ils ne sentent même plus les pavés, et c’est tout plat. Ce n’est pas l’Enfer. L’Enfer, c’est le Ronde. LeKoppenberg,c’estdeuxfoispirequele carrefourdel’Arbre.

Un coureur que vous aimeriez revoir?

(Il hésite longtemps.) Philippe Gaumont, qui est décédé (en 2013, à 40 ans ). C’ était un ami, un bon mec, un peu taré. Il me manque pour rigoler, faire la fête. Tout le monde dit qu’ il a mis Frank dans la merde, mais ce n’ est pas vrai. En 2001, on avait fêté son anniversaire en Ligurie, dehors sur la terrasse jusqu’à 2 heures du matin, à boire du vin. C’était bien. Le lendemain, on était là à l’entraînement, au pied de la bosse, on mettait tout à droite et on passait tout le peloton!

Le coureur le plus drôle?

Gaumont! Quand je gagne le prologue de Paris-Nice, je ne m’ étais même pas échauffé le matin. Quand j’ arrive au camping-car, David Millar avait son casque sur les oreilles, concentré. Et avec Phi phi, on commence à danser, à se mettre de grosses claques, bam bam: “Allez, Mattan, tu gagnes aujourd’hui.” “Oui, oui, aujourd’hui, je gagne .” On gueulait et Millar nous disait: “Doucement, doucement .” Et j’ai gagné! Gaumont savait me motiver.

Le plus fou?

Tout le monde pense à Frank (décédé lui aussi, en 2009, à 34 ans), mais il n’était pas si fou que ça. Il buvait moins que moi déjà! Il avait une mauvaise image mais si tu n’ es pas fou, tu ne peux pas être un grand champion. (Julian) Alaphilippe, c’ est un fou! Mais c’ est un champion aussi! Une crevette comme ça avec un tel moteur a besoin d’ aller dans les extrêmes. Jan Ullrich, il n’était pas fou? Christophe Moreau? À mon époque, tous les champions étaient des fous, c’ était leur caractère. Maintenant, ils pèsent leur viande, leur miel…

Le coureur qui vous ressemble le plus?

Mads Pedersen, mais il est plus fort que moi. Lui, c’ est le genre de mec qui peut boire cinq bières après avoir gagné le Tour des Flandres.

L’ anecdote que vous n’ avez jamais racontée?

Quand je gagne à Gand-Wevelgem (protégé parles voitures, il rattrape et batJu an Antonio Flecha, qui était échappé)… C’étaient des amis qui m’ ont dépassé en voiture, le directeur de course et le responsable de Shimano, Paul DeBaeremaeker. Il avait eu auparavant un problème avec Giancarlo Ferretti, le directeur sportif de Flecha, au Tour de Suisse. Huit ans après ma victoire, il me dit: “Tu sais comment tu as gagné? Je t’ ai vu dans mon rétroviseur, j’ ai freiné pour que tu reviennes plus vite.” Est-ce que j’ aurais gagné sans les voitures? Je ne sais pas, peut-être que non. C’était un avantage mais quand j’ ai vu Flecha devant moi, je ne pouvais plus perdre, il y avait des milliers de supporters, l’ adrénaline, j’ aurais pu le passer sans les mains. Mais j’adore cette polémique parce que si je gagne avec une minute d’ avance, plus personne n’ en parle! (Rires.)»

***

EN BREF

53 ans 
Principales équipes: Lotto (1993-1996 et 20052006), Mapei (19971998), Cofidis (1999-2003).
Palmarès: Gand Wevelgem 2005; GP de Plouay 2001; 3 Jours de La Panne 2001, Tour du Piémont 2001, 2 étapes de Paris-Nice (1 en 2001 et 1 en 2003).

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