Seixas: « Maintenant, je suis sur les courses pour gagner»
Paul Seixas avec le maillot blanc de meilleur jeune avant
le départ de la 2e étape du Tour des Alpes, mardi dernier.
Après trois premiers mois d’apprentissage, dont un Tour des Alpes réussi la semaine dernière, le jeune coureur de Decathlon-AG2R ne cache plus son ambition pour la suite de la saison, où il compte lever les bras.
"Avant, tous ces coureurs que je côtoie étaient mes idoles, je les voyais à la télé.
Maintenant, je les considère plus comme des concurrents'"
"Je sais qu’il y a un emballement à mon sujet du fait de ce Tour des Alpes"
29 Apr 2025 - L'Équipe
PIERRE MENJOT
De retour d’un Tour des Alpes réussi (12e du général, trois podiums, dont une 2e place derrière son équipier Nicolas Prodhomme, à qui il a laissé la victoire sur la dernière étape, alors que le staff souhaitait qu’il s’impose), Paul Seixas a profité de quelques jours de repos dans un agenda bien chargé. Les événements s’enchaînent pour la pépite de Decathlon-AG2RLaMondiale.
Déboulée à 18 ans dans le peloton professionnel sans passer parla case Espoirs, mais sans attendre pour s’illustrer avec une 5e place dès sa rentrée à La Marseillaise (le 2 février), et proche de la victoire à Paris-Camembert(2e, le 2avril), la jeune pépite tricolore prend également le temps pour ses cours à distance à l’EM Lyon (école de commerce), « quand je veux me changer les idées». Avant de partir en Suisse, aujourd’hui, effectuer des tests en soufflerie avec d’autres coureurs de l’équipe, le Lyonnais, dont le calendrier de course reste à définir, est revenu pour L’Équipe sur ses débuts et s’est projeté, insistant sur une chose, surtout: maintenant, il veut gagner.
«Que retenez-vous de ces trois premiers mois chez les pros?
Pour l’ instant, plutôt du positif. J’ai participé à une course paré tape World Tour (l’UAE Tour, non-partant sur la 6e étape a prèsune chute), au Tour des Alpes, et à quelques manches de Coupe de France avec des prof ils plutôt variés. J’ai aussi pu courir un peu sous tous les types de conditions, donc ça fait une bonne première partie de saison, assez consistante, où j’ ai pu mer assurer, voir que j’ étais au niveau dans le monde professionnel.
Aviez-vous vraiment besoin de vous rassurer?
(Il réfléchit.) Pas forcément, mais je passais pro, je ne savais pas exactement quel niveau il allait y avoir, donc c’ était un peu une découvert eau début. Maintenant, après le Tour des Alpes, je sens que je suis vraiment au niveau. J’ai pu jouer devant et ça, c’ est hyper important, pouvoir viser la gagne. Bien sûr, je ne l’ ai pas encore eue, mais ça ne saurait tarder. Maintenant, je suis sur les courses pour gagner, donc j’espère que ça viendra bientôt.
Cela aurait pu arriver dès vendredi, mais vous avez laissé la victoire à votre équipier Nicolas Prodhomme malgré les consignes de votre équipe…
Et c’était la bonne chose à faire. Ça me fait vraiment plaisir pour Nico, il l’ a méritée, il était vraiment solide dans la dernière bosse. Personnellement, je pense que j’ aurai d’ autres occasions. C’est sûr que ce n’est facile jamais de gagner des courses, encore moins des courses professionnel les. Mais je pense qu’il y a des choses qui sont bonnes à faire, et ça, c’ était une bonne décision, il n’y en avait pas d’autre à prendre. Je ne le regretter ai pas, même si je devais avoir du ma là gagner cetteannée.
Lever les bras, c’est votre prochaine case à cocher?
Oui, ça va être important d’ aller chercher la première victoire pro. On verra comment ça se passe, sur quelle course je suis aligné, et dans quelle mesure j’ aurai la possibilité de jouer ma carte, mais oui, comme les autres coureurs de l’ équipe, quand on va sur des courses, ce n’ est pas pour faire des placettes, mais pour gagner.
L’ hiver dernier, vous vous disiez prêt à“prendre des claques ”, à coincer, ce qui n’ est pas encore arrivé ...
J’ en ai quand même pris une petite sur la 4 e étape du Tour des Alpes (15e à 10 minutes du vainqueur, alors qu’ il était 3e du général), un manque d’ expérience, un coup de moins bien peut-être, un peu tout, mais c’ était dans des proportions moindres. Cela fait partie de l’ apprentissage, je suis là pour ça. Et j’ai un peu changé d’optique. Désormais, je pars plutôt dans l’ idée d’ aller gagner les courses plus que d’ aller me prendre des baffes. Avant, tous ces coureurs que je côtoie étaient mes idoles, je les voyais à la télé. Maintenant, je les considère plus comme des concurrents, on est passés à l’étape suivante.
Sentez-vousquevousavez déjàprogressé?
Sur plusieurs domaines, oui. Sur les données de puissance, forcément: j’ ai pris un peu de poids par rapport à l’année dernière, quatre à cinq kilos, donc j’ ai gagné de la puissance, ce qui me permet d’ être plus à l’aise sur le plat, une bonne chose car ça roule plus fort chez les pros. Sur le volume d’ entraînement aussi, beaucoup plus élevé qu’ avant et que j’ai réussi à encaisser. Je suis passé progressivement de 14 à 15 heures hebdomadaires à 18 à 20 heures, ce qui sera mon volume cette année, donc je suis plus en durant qu’avant. C’ est normal quand on passe pro, mais ce n’ est pas forcément facile. Et maintenant, je par viens à encaisser un peu les charges des courses par étapes, ce que je n’ aurais pas réussi il y a un an je pense, et ça va encore me faire passer un autre palier, prendre de la caisse. Vu mon âge, c’ est normal que je sois en progression constante. Je n’ai pas vraiment de gros bas, mais je peux avoir de gros hauts, c’ est positif.
Cela paraît facile…
Avec dure cul, on se dit que c’ est logique, mais ce n’ est pas facile. On a toujours gardé une marge de sécurité pour mieux encaisser les charges plutôt que de les subir et de stagner, et j’ai été dans le mal, comme tout le monde, mais jamais poussé dans mes vrais retranchements, dans mes limites extrêmes, d’ où cette progression. Le but n’ est pas de se brûler.
Vos performances suscitent un vrai enthousiasme parmi les fans de cyclisme. Comment le vivez-vous?
Je sais qu’il y a un emballe ment à mon sujet du fait de ce Tour des Alpes. Je garde de la distance avec ça, comme avant, car j’ai toujours été bien entouré et j’ ai toujours été très soutenu. Mais c’est sûr que ça me fait plaisir. Je suis content de bienper former et que ce soit reconnu. Il faut profiter de ces moments-là, mais je reste sur mon chemin, je continue à faire ce que j’ aime. Le travail paie et il paie bien, les semaines d’ entraînement mènent à des moments magiques comme ces derniers temps. Il faut en profiter, car ça ne dure pas toujours, et retourner au travail pour aller chercher de plus beaux résultats encore. Je me sens vraiment bien ancré dans le monde professionnel, à ma place, maintenant il faut passer à l’étape suivante et gagner.»
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