La mère de J.P Vattolo, immigrée italienne, a failli être fusillée



Cela faisait bien longtemps que Jean-Pierre Vattolo, qui partage aujourd'hui sa vie entre la France et l'Italie, n'était pas revenu dans son village natal, qu'il a quitté à l'âge de 17 ans.

Il y a quelques jours, il découvre dans les colonnes de notre journal un article sur les cérémonies de Dozulé. Là même où il est né, le 22 juillet 1945, et où il était bien décidé à ne plus jamais revenir. Trop de souvenirs douloureux, même 70 ans plus tard.

Fils d'immigrés italiens

Mais il fallait bien un jour que la parole se libère « pour que moi-même je me libère enfin. Et ma famille aussi. Nous les macaronis de merde, comme on nous appelait. Nous étions si peu considérés », commence à raconter ce fils d'immigrés italiens, Tuillio et Pia, arrivés en France pour fuir le régime fasciste de Mussolini.

Benjamin d'une famille de sept enfants, tous nés en France, ce fils de cordonnier n'a eu de cesse de mordre la vie à pleines dents. Un peu comme pour exorciser cette douleur sourde qui le ramène toujours à cette journée du 24 juillet 1944.

« Ma famille habitait Chemin du bois. Mon père travaillait à la briqueterie de Monsieur Daudet*, à Dozulé. Il aidait au sein du réseau de résistance, que le directeur de l'usine avait mis sur pied. Mais ce dernier ne voulait pas trop l'impliquer car il avait déjà cinq filles. Ma mère aussi participait, notamment en aidant des soldats canadiens. C'est là qu'elle a été dénoncée par une personne de Dozulé. Vendue par la fille d'amis de mes parents, italienne comme nous. On l'a alors fait venir à l'école des filles pour y être interrogée par la Gestapo. Et puis, ils l'ont laissée repartir avec mon frère, Jacques, dans les bras. Par chance, elle n'est pas rentrée par la route mais à travers champ. Cela lui a sauvé la vie. » Avant de la laisser s'en aller, Pia a reçu un « bescheiningung », une attestation rédigée en allemand et qui signale qu'en cas de nouvelle arrestation, elle serait fusillée sur le champ.

« Ma mère ne lisait pas l'allemand. Elle n'a su que plus tard ce qui était écrit sur ce papier. » Le lendemain, le 25 juillet, toute la famille quitte Dozulé, à la suite d'un ordre d'évacuation. Il s'en est fallu de peu. « Toute ma vie, cette histoire m'a poursuivi. Il ne fallait pas en parler. Toute ma famille a courbé le dos mais moi, aujourd'hui, je veux parler. Pour ma famille, pour moi. Il faut oser dire cette vérité même si cela dérange. »

Quelques années plus tard, Pia Vattolo sera officiellement mise à l'honneur par le gouvernement des États-Unis pour sa « contribution à la cause alliée, pendant l'occupation ennemie. Votre aide à nos combattants, tombés en France, vous vaut l'estime et la reconnaissance du Gouvernement des États-Unis », atteste le document.

Aujourd'hui, Jean-Pierre Vatollo veut aller de l'avant et voudrait qu'un hommage soit rendu aux résistants dozuléens. Et notamment à Monsieur Daudet, « un homme humain et juste. Je suis prêt à monter une association pour cela. Ceux qui veulent me rejoindre sont les bienvenus ».


Contact : Jean-Pierre Vatollo, au 06 32 12 25 69.

* Auguste Daudet, du réseau « Hector », fut arrêté en septembre 1942 et fusillé le 13 août 1943, avec six de ses compagnons, au Mont Valérien.

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