Jorgenson, une place au soleil


11 Mar 2024 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PIERRE MENJOT

"Rejoindre cette équipe est la meilleure décision de ma carrière, 
alors que beaucoup ont pu trouver ça stupide"
   - JORGENSON MATTEO

L’Américain n’a jamais tremblé face à Remco Evenepoel pour remporter hier sur la Côte d’Azur, où il vit, un Paris-Nice ouvert et indécis jusqu’au bout. La plus belle victoire de sa carrière avant de se mettre au service de ses leaders Wout Van Aert et Jonas Vingegaard.

NICE – Soudain, Matteo Jorgenson a comme été pris d’un vertige. Un dimanche au soleil l’attendait, à longer les plages où il aime se poser pour observer la mer, à rouler sur les routes qu’il emprunte au retour de l’entraînement ou pour s’acheter une baguette. Mais l’enjeu a, d’un coup, rattrapé l’Américain (24ans) samedi soir. «C’est la première fois de ma vie oùj’ airessenti autant de pression, en a-t-il rigolé hier. J’ai dormi cinq heures, je n’étais pas vraiment calme…»

Ses réponses étaient plus courtes avant le départ. Plus convenues aussi. Car il savait. Que ses jambes étaient là. Que le Maillot Jaune Brandon McNulty survivait tout juste depuis la veille, où il avait sauvé sa tunique pour quatre maigres secondes. Qu’il était à trois heures de remporter Paris-Nice, «une des courses que j’ai le plus regardées».

Alors il y a mis toute l’application possible. Et a réussi, sans attendre la ligne d’arrivée. «Quand il y a eu un gap avec Brandon, dans la côte de Peille ( à 40km de l’arrivée), j’ai compris que j’avais gagné, revivait Jorgenson. Remco (Evenepoel) attaquait mais je suivais, j’étais à l’aise dans sa roue. Je ne dis pas que c’était facile, mais il semblait un peu à la limite alors que moi, je pouvais répondre.» L’Américain avait ramené le Belge à la raison, et ce dernier lui a même demandé de ralentir dans le final, où il s’est imposé au sprint qu’il a été le seul à disputer.

Le leader de Visma-Lease a bike célébrait déjà son succès depuis quatre kilomètres, conscient qu’il venait de remporter la plus belle victoire de sa carrière, un Paris-Nice très ouvert, sans Jonas Vingegaard ni Tadej Pogacar « donc totalement différent pour nous tous, car on se bat pour la victoire et non la 3e place», s’esclaffait Mattias Skjelmose (4e) plus tôt dans la semaine. Une «Course au soleil » où les favoris attendus, ainsi que leurs équipes, n’ont rien verrouillé (lire par ailleurs), laissant place à une semaine où le plus complet a triomphé.

«Pour être honnête, je ne m’attendais pas du tout à gagner au départ», avouait le garçon passé par le Chambéry CF pendant un an, en 2019. «Il a été parfait tactiquement, appréciait Marc Reef, l’un de ses directeurs sportifs. Les conditions météo nous ont fait perdre du temps sur le contre-la-montre par équipes ( 38’’ sur UAE, mardi), mais ça lui a donné l’opportunité d’attaquer vendredi (3e à La Colle-surLoup). Et finir comme ça, c’est impressionnant.»

Son cri de pélican lâché après l’arrivée tranchait avec une émotion contenue mais sincère, les yeux embués en replongeant dans ses années passées, cette étreinte avec Brandon McNulty (finalement 3e), avec qui il découvrit l’Europe il y a dix ans. Deux amis et compatriotes sur le podium final, symbole d’un cyclisme américain en plein renouveau, six mois après la victoire de Sepp Kuss à la Vuelta. « Je crois qu’on est la génération inspirée par Lance Armstrong, en tout cas je l’ai été, je le voyais à la télé quand j’étais jeune, tentait d’expliquer en toute simplicité Jorgenson. Je vois vraiment une nouvelle vague. C’est impressionnant et je suis fier de ça.»

Fier, il l’était aussi de sa décision de rejoindre Visma-Lease a bike cet hiver, après quatre saisons chez Movistar. Il y a un an, il avait expliqué se payer lui-même des stages supplémentaires, faire des efforts plus poussés encore sur la nutrition, bref, il s’était pris en main pour réussir un superbe printemps (vainqueur du Tour d’Oman, 9e du Tour des Flandres, 2e du Tour de Romandie). «Mais rejoindre cette équipe est la meilleure décision de ma carrière, alors que beaucoup ont pu trouver ça stupide, affirmait-il. On ne fait rien que les autres équipes ne font pas, mais tout est fait au maximum, comme si, pour chaque détail, il y avait quelqu’un qui réfléchissait à pourquoi on fait ça comme ça.»

« Nous sommes très heureux d’avoir un coureur si fort» , répondait son directeur sportif, avant de se projeter sur les Classiques où l’Américain, bien que soutien de Wout Van Aert, aura un vrai rôle à jouer. « On ne sait pas encore ce qu’il peut réussir car on ne sait pas quelles situations se présenteront, ce qui sera possible ou pas. Et ensuite, il connaît son rôle pour le Tour, équipier de Jonas Vingegaard.»


Équipier seulement? Interrogé sur son potentiel, Jorgenson s’est montré souriant mais «les pieds sur terre» , jugeait-il. «Je suis un bon coureur mais je ne suis pas du tout le nouveau Vingegaard. Je ne vais pas gagner un grand Tour, c’est hors de mes limites je pense. Mais essayer de gagner le Tour avec Jon as va être le moment le plus fort de ma carrière. » Et pas de stress à avoir: cet été, la Grande Boucle finira à Nice.

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