Restés sur le pavé


À 67 kilomètres de la ligne, une chute jette de nombreux coureurs au sol. 
Parmi eux, le leader de l’équipe Visma Wout Van Aert et une bonne partie 
de l’équipe Lidl-Trek (Jasper Stuyven, Alex Kirsch et Mads Pedersen) devront abandonner.

Victimes d'une lourde chute, Wout Van Aert, forfait pour le Ronde et Paris-Roubaix, et Mads Pedersen, qui a aussi abandonné hier, laissent la voie libre à Mathieu van der Poel.

28 Mar 2024 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS (avec P.L.G.)

WAREGEM (BEL) – Le staff de Visma - Lease a bike s’est engouffré dans une des voitures de l’équipe, le temps de regarder en direct les derniers hectomètres de Matteo Jorgenson remontant, victorieux, la voie Verbindindings ( voir ci-contre). Quelques minutes plus tard, les directeurs sportifs Merijn Zeeman et Arthur Van Dongen s’en sont extraits comme s’ils se rendaient à un enterrement, bientôt suivis par le grand patron Richard Plugge, beaucoup moins rigolard qu’au départ, le matin, à Roeselare.

Si le speaker n’avait pas hurlé «Jorgenson!» , il aurait été difficile de croire que l’Américain venait de s’imposer tant les mines, sombres et défaites, trahissaient moins l’inquiétude que la résignation après la chute de Wout Van Aert, deux heures plus tôt. «C’est vraiment la merde» , ne se cacha pas le directeur sportif Grischa Niermann et, décidément, l’expression avait infusé la formation néerlandaise car, malgré le succès de Jorgenson et sa propre quatrième place, Tiesj Benoot insistait : « C’est la merde. Je suis heureux que Matteo gagne la course mais Wout est aussi un très bon ami. C’est vraiment stupide… Oui, vraiment stupide.»

Le Belge avait encore en tête le bruit du fracas des bécanes, à soixante-sept kilomètres du terme, son leader englouti par l’amas de coureurs envoyés sur le bitume et recraché en lambeaux, la partie droite du haut du dos brûlé par le frottement avec la route.

En pleurs à côté du brancard

Si, à cette vitesse, Jorgenson n’a pas vu Van Aert au sol, prostré, il a tout de suite saisi qu’À Travers la Flandre venait de perdre une grande partie de son intérêt, le Ronde, dimanche, et Paris-Roubaix, le 7avril, encore plus: «J’ai su immédiatement que c’était une chute sérieuse.»

Dépité, l’Américain se montrait affligé par la poisse qui colle au Campinois et à son équipe tout court, déjà touchée par les chutes diverses et les virus qui ont terrassé Christophe Laporte et Dylan Van Baarle.

Les images ne permettent pas de déterminer exactement les raisons de ce crash. Le revêtement a été pointé du doigt mais Tiesj Benoot estimait que l’approche du Kanarieberg et la tension pour y arriver bien placé peuvent expliquer ce chamboule-tout : «Wout m’a crié “Allez Tiesj” et je me suis levé pour accélérer à nouveau dans ce virage et je pense qu’il a touché ma roue arrière à ce moment-là.» En arrivant sur place, Niermann a compris que l’affaire était pliée quand il a «vu que Wout ne remontait pas sur son vélo pour repartir derrière le groupe.»

En pleurs à côté du brancard qui l’attendait, «Wouty» venait de voir une préparation aux petits oignons s’envoler comme les vélos avaient valdingué quelques secondes plus tôt. En prenant la route de Renaix pour y réaliser des radios, il savait que, cette fois encore, les Monuments du Nord se refusaient à lui.

Le verdict est tombé en soirée, «clavicule cassée et plusieurs côtes cassées» , et la fin de sa campagne flandrienne avec. Pourtant, le Belge, dont le programme va être chamboulé (il pourrait ne pas disputer le Giro et basculer sur le Tour), venait sur cette semiclassique seulement régler les derniers détails avant le Ronde, renouer avec une confiance étiolée après sa chute, déjà, dans l’E3 Saxo Classic qui avait permis à Mathieu Van der Poel de s’imposer à Harelbeke. Il repart en kit et laisse le champ libre au Néerlandais d’Alpecin-Deceuninck.

Car, dans ce carambolage à grande vitesse, Van Aert ne fut pas le seul favori des deux prochains Monuments à se râper l’épiderme. Le casting s’est dépeuplé avec les chutes de Mads Pedersen, vainqueur récent de Gand-Wevelgem, et de Jasper Stuyven, lui aussi en pleine bourre depuis le début de la quinzaine sainte, qui ont abandonné hier.

L’équipe Lidl-Trek décapitée

La formation Lidl-Trek, impressionnante dans son expression collective à Wevelgem dimanche, se trouve ainsi décapitée même si, selon la presse danoise, le champion du monde de 2019 est monté dans le car de l’équipe américaine sans trop souffrir, au contraire de ses équipiers Jasper Stuyven et Alex Kirsch, partis a l'hôpital réaliser des examens. Le premier en est sorti avec une clavicule cassée assortie d'un forfait pour les deux Monuments, le second avec une fracture du métacarpien de la main droite.

Évidentement, chez Visma-Lease a Bike, on cônnait trop la versatilité de ces courses pavées, de ce sport en général, pour se féliciter que la foudre ne soit pas tombée que sur eux.

Et cette victoire à la Phyrrus avait même le goût du sang pour le directeur sportif néerlandais Arthur van Dongen: "Nous ne sommes pas aussi heureux que d'habitude. Nous avon gagné la course mais nous avons perdu notre leader. On a perdu plus que gagné".

Van der Poel, lui, a probablement assisté au carton du jour à la télévision, et il n'est pas certain que le champion du monde, terriblement joueur, ait apprécié que le champ de bataille s'éclaircisse aussi facilement.

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