Le beau printemps de Cosnefroy
En s’imposant hier avec beaucoup d’assurance, le puncheur français de Decathlon-AG2R La Mondiale a gagné sa quatrième course en 2024 et confirmé qu’il était de retour à son meilleur niveau.
11 Apr 2024 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL - LUC HERINCX
OVERIJSE (BELGIQUE) – Débité à l’allure d’un enfant survolté, le récit de course de Dries De Bondt à son directeur sportif, au pied du car de leur équipe, disait tout de la dynamique actuelle des DecathlonAG2R La Mondiale et de leur leader, Benoît Cosnefroy. « Le placement est vraiment difficile ici mais j’ai senti qu’il avait confiance en moi pour me suivre, j’aime ça! s’enthousiasmait le Belge. Je suis dix fois meilleur quand je sens ça, je sais que je ne fais aucun effort inutile. »
Car, cette saison, le Normand a pris l’habitude de remercier ses coéquipiers de leur travail en levant les bras. Déjà vainqueur d’une étape et du général du Tour des Alpes-Maritimes en février puis de Paris-Camembert fin mars, il s’est enfin imposé hier sur la Flèche Brabançonne, cette semi-classique de puncheur qui le fuyait depuis 2020 (trois podiums en quatre ans).
Le neuvième succès de l’équipe,
autant que l’an dernier
« C’est une course vraiment difficile à contrôler, explique le vainqueur. Il y a beaucoup d’attaques avec des efforts très intenses et courts, ça me correspond bien et ça se voit dans les résultats vu que ma pire place ici est 8e, en 2021, alors que j’avais mal à un genou. » Plein de sérénité, le coureur de 28 ans a senti cette fois que tout se déroulait « parfaitement » .
Il a peut-être lâché une cartouche un poil trop tôt, avec cette sortie inutile après coup à 45 km de la ligne car « sur cette course, on ne sait pas à quel moment ça va se décanter, il faut se dévoiler » , analyse son directeur sportif Nicolas Guillé. Mais Cosnefroy a ensuite tout bien fait. « Il y avait trois solides devant (Tim Wellens, Marijn Van den Berg et Dylan Teuns), on était à contretemps, et Benoît a vraiment bien couru pour faire le saut de puce. »
Bien rapproché par le travail de Dorian Godon et De Bondt dans le dernier passage de la Moskesstraat (550 m pavés à 8,5 % de moyenne), il s’est occupé du reste. « On n’a pas réussi à boucher complètement l’écart mais j’ai dit à Dorian: "Tranquille! Je vais faire le jump dans la dernière montée." Je me sentais en capacité de le faire » , raconte celui qui vient d’offrir un neuvième succès à son équipe, autant que l’an dernier.
Forcément, « c’est plus facile de gagner quand on ne court pas après le résultat, remarque Cosnefroy. J’ai le sentiment de pouvoir courir libéré, que si ça fonctionne tant mieux, sinon tant pis ce sera pour la course d’après » . Car, pour celui qui a passé toute sa carrière chez AG2R, la forme individuelle accompagne bien souvent la dynamique de l’équipe.
Muet toute la saison dernière, malade pendant sa période favorite des Ardennaises, et abonné aux gruppettos sur le Tour, il sort lui aussi d’une année de travers.
Moins de jours de course, davantage de victoires
« Je n’étais pas hors de forme, mais je sentais que je n’étais pas à mon meilleur niveau, raconte-t-il. Je ne saurais pas dire pourquoi, il y a des années comme ça dans la carrière d’un sportif de haut niveau. Quand Van Aert dit qu’il ne sort pas non plus d’une superbe année, c’est que ça lui est arrivé aussi par exemple. »
Capable de résister au gros tempo de Wellens après son « saut de puce » puis d’aligner ce groupe de costauds au sprint, Cosnefroy n’a donc pas seulement retrouvé la confiance, il a aussi récupéré ses jambes.
« Je ne ressens pas une forme extraordinaire, dit-il cependant. Ça roule tellement vite en course qu’on a rarement de bonnes sensations, à part peut-être Tadej ( Pogacar) et Mathieu (Van der Poel) qui font des raids solitaires de 60 km… Mais je mets beaucoup de choses en place pour être performant, je garde plus de fraîcheur à l’entraînement, je fais un peu moins de jours de course. Et je le ressens physiquement, j’ai un peu plus de punch. »
Ce punch qui lui permet de s’approcher de son record de victoires sur une saison (déjà quatre contre cinq, toutes en France, en 2019) alors qu’on « entre dans sa période » (Guillé), celle des successions de raidards dans l’Ardenne belge et le Limbourg néerlandais, à partir de dimanche.
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11 Apr 2024 - L'Équipe
« Je me dis que c’est possible »
Benoît Cosnefroy veut croire en ses chances à l’Amstel Gold Race dimanche – qui lui avait échappé d’un rien il y a deux ans – malgré Mathieu Van der Poel.
OVERIJSE (BEL) - Battu d’à peine un boyau sur la ligne de l’Amstel Gold Race où on l’annonçait d’abord vainqueur, Benoît Cosnefroy est indissociable du Polonais Michal Kwiatkowski, son bourreau ce 10 avril 2022. Et on en oublie que « Mathieu (Van der Poel) était là » . Le puncheur de Decathlon-AG2R La Mondiale le rappelle, sa frustrante deuxième place était, avec du recul, un exploit devant le Néerlandais, quatrième ce jour-là.
« Les circonstances ont rendu ça possible, explique Cosnefroy. Quand Mathieu est sur une course, il est beaucoup regardé et c’est peut-être plus facile pour un coureur à côté de s’exprimer. »
Ce sera encore le cas dimanche sur la première des trois classiques ardennaises, où le champion du monde, injouable depuis le début de la saison, débarque avec un statut de favori indiscutable.
Plus en confiance que jamais
Pas de quoi refroidir Cosnefroy, plus en confiance que jamais après ce succès à la Flèche Brabançonne: « Sur Paris-Roubaix, Van der Poel a une équipe exceptionnelle ( Alpecin-Deceuninck) qui lui a fait une bonne partie du travail. Mais c’est une course très plate, alors que l’Amstel est un peu moins facile à maîtriser, il est peut-être plus difficile de faire de gros écarts aussi. Je ne sais pas trop, dans ma tête, je me dis que c’est possible. »
Si son directeur sportif, Nicolas Guillé, préfère « ne pas s’enflammer et d’abord savourer la victoire » , il ne la joue pas non plus défaitiste avant le départ à Maastricht (Pays-Bas). « Ça reste une course. Et on va retrouver pas mal de coureurs qui étaient là aujourd’hui (hier). » Comme sur la Flèche Wallonne, mercredi prochain, puis LiègeBastogne-Liège, le 21 avril, deux occasions supplémentaires pour Cosnefroy de prendre une autre dimension.
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