Cadeau empoisonné


Primoz Roglic, 2e hier du contre-la-montre à 
Tirana (à droite) s’est emparé du maillot rose.

Le Slovène beau deuxième derrière le jeune Britannique Joshua Tarling sur le contre-la-montre hier, se retrouve avec le maillot rose dès le deuxième jour. Sans l’avoir voulu si tôt.

“Je vais essayer d’en profiter, 
on ne sait jamais quand ce sera la dernière fois. 
Car en général, c’est toujours plus 
facile de le perdre que de le prendre'' 
   - PRIMOZ ROGLIC, À PROPOS DU MAILLOT ROSE

11 May 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS

TIRANA – Difficile de faire la fine bouche quand on vous appelle sur le podium protocolaire pour vous remettre un maillot rose. Primoz Roglic a bien tenté de sortir son plus beau sourire devant les VIPs qui l’attendaient derrière la scène mais, disons-le clairement, c’était un peu forcé. Tout se bousculait dans sa tête, devait-il sauter de joie alors qu’il fait partie des grands favoris dans trois semaines à Rome ? Ou plutôt rester lucide mais digne de cet honneur ?

Dans le camp des Red Bull-Bora, on avait laissé entendre avant le départ du contre-lamontre hier que c’était loin d’être le grand objectif de la maison. Sur lagrandeplaceSkanderbeg,centre névralgique de ce Giro où les Pullmans rutilants des équipes étaient garés au cordeau, tout le monde regardait plutôt du côté des Lidl-Trek de Mads Pedersen, le maillot rose depuis la veille, et des Visma-Lease a bike de Wout Van Aert, son dauphin, qui avait clairement annoncé qu’il voulait profiter de ces trois jours en Albanie pour s’offrir ce maillot.

Tout ne s’est pas passé comme prévu pour le Belge relégué bien trop loin (34e à 39’’) pour réaliser son rêve, conscient surtout qu’il avait déjà laissé passer sa chance pour cette année. Comme Wout

Van Aert ces derniers temps, le Slovène a lui aussi connu de grosses désillusions durant sa carrière. Personne n’a oublié le terrible épisode de la Planche des Belles filles sur le Tour de France 2020 où il devait garder son maillot jaune sur ce contre-lamontre la veille de l’arrivée à Paris, avant de voir débouler dans ses pattes son jeune compatriote Tadej Pogacar qui avait renversé la baraque. « On m’a dit de ne plus stresser (avant un chrono), c’est donc ce que j’ai fait ici, racontait-il hier après l’arrivée où il venait de déposséder Pedersen de son maillot rose pour une petite seconde. Franchement, c’est une belle surprise, je m’étais mis en tête que ce parcours ne me convenait pas. Finalement, il était plus difficile que je l’avais imaginé.»

Le scénario de ce début de Giro ne correspond pas aux habitudes du Slovène ces derniers temps, lui qui à 35 ans a appris à gérer la pression, à mieux calculer ses efforts que par le passé. Sur la dernière Vuelta, il avait ainsi attendu dernier vendredi avant l’arrivée à Madrid pour éliminer (même aux forceps) Ben O’Connor et s’emparer du maillot rouge de leader. Hier, il avait conscience qu’il ne pourrait certainement pas copier le Tadej Pogacar de l’an passé qui avait endossé le rose sur le Giro dès le deuxième jour sans jamais le lâcher par la suite. Il imaginait évidemment une sortie digne, pour ne pas froisser les tifosi, en misant sur les Lidl-Trek de Mads Pedersen.

« Je pense qu’ils vont rouler comme hier (lors de la première étape), prévoit-il, pour emmener Mads encore à la victoire, surtout qu’il y a une difficulté dans le final.» Mais il restera encore un peu moins de quarante kilomètres avant l’arrivée et le scénario imaginé par Primoz Roglic semble un peu bancal pour se débarrasser de ce maillot rose. «D’habitude, on rêve de l’avoir plutôt à Rome, convenait-il. Je vais donc voir au jour le jour et essayer d’en profiter, on ne sait jamais quand ce sera la dernière fois. Car en général, c’est toujours plus facile de le perdre que de le prendre.»

L’exception Pogacar l’an passé

En 2023, il avait ainsi attendu la veille de l’arrivée finale pour détrôner Geraint Thomas au sommet du Monte Lussari. Ce maillot rose risque d’être bien vite enle combrant, car même s’il est l’un des prétendants sérieux à la victoire à Rome, avec donc des responsabilités à assumer, il lui faudrait d’ores et déjà mettre son équipe à contribution, au risque de perdre des cartouches avant la montagne en troisième semaine.

Ces dix dernières années, et hormis l’an passé avec Pogacar, leGirones’estjamaisdessinédès les premiers jours. C’est Egan Bernal en 2021 qui s’était emparé le plus tôt du maillot de leader (après le Slovène), dès la fin de la première semaine. Mais comme Roglic il y a deux ans, la plupart des autres vainqueurs ont attendu les tout derniers jours pour porter le coup final, l’avant-veille pour Chris Froome (2018), la veille pour Vincenzo Nibali (2016) et Jai Hindley (2022), et même carrément le dernier jour (sur un chrono) pour Tom Dumoulin (2017) et Tao Geoghegan Hart (2020). De quoi faire cogiter le Slovène.

***

Tarling digne de son jeune rang

Le jeune Gallois de 21 ans Joshua Tarling (en photo) n’a pas failli. Il a remporté hier sa première étape sur un grand Tour, profitant de ce contre-lamontre, sa grande spécialité. Sur les huit succès que compte son palmarès, tous ont d’ailleurs été acquis sur cet exercice. Il fait partie de la nouvelle génération de rouleurs puissants (il mesure 1,94 m pour 78 kg). Il s’était fait remarquer en 2023 lors des Mondiaux à Glasgow, où il avait fait le pari de zapper la catégorie Espoirs pour s’engager avec les élites. Troisième derrière Remco Evenepoel et Filippo Ganna, son coéquipier chez Ineos (où il est passé pro en 2022), il avait marqué les esprits. Il avait en tête depuis longtemps cette deuxième étape du Giro, son objectif de la première partie de saison. « C’est ma première victoire sur un grand Tour (il avait déjà couru la Vuelta l’an passé), ça restera au sommet de ma hiérarchie, lâcha-t-il après plus d’une heure d’attente, une fois que Primoz Roglic avait franchi la ligne. Ce fut stressant de regarder les temps des autres coureurs qui défilaient. Surtout celui de Primoz qui a roulé fort. »

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