1987

Jean-Paul Ollivier
HISTOIRE DU CYCLISME

En début de saison, on assiste à un Paris-Nice très ouvert sur le papier, mais où, très vite Roche et Kelly font figure de vainqueurs potentiels, malgré la résistance de Ronan Pensec et de Jean-François Bernard qui prend, un moment, le maillot blanc vite récupéré par Roche. Mais ce dernier, victime d’une crevaison le dernier jour, doit laisser la victoire à son compatriote et ami Kelly qui, avec six victoires, détient désormais le record dans Paris-Nice. En Italie, Sörensen s’impose dans Tirreno-Adriatico, et c’est un Suisse qui remporte, à la manière des plus grands, Milan-San Remo. Parti avec un groupe d’échappés, Eric Mächler se détache en fin de parcours pour terminer en solitaire devant Vanderaerden. Kelly coupe court aux rumeurs de déclin en remportant son troisième Critérium international devant Roche à 10 ». Dans Paris-Roubaix, Vanderaerden tire parti des chutes de Kelly, contraint à l’abandon. Le Belge réussit à rejoindre en une poursuite exceptionnelle trois échappés (Verluys, Dhaenens et Vandenbrande), mais leur faible résistance lors du sprint final suscite bien des questions. Rappelons que Vanderaerden s’était rendu coupable d’une grave irrégularité au Tour Méditerranéen en s’accrochant, dans le contre-la-montre, à la voiture de son directeur sportif.

Dans Gand-Wevelgem, c’est Van Vliet qui s’impose et dans la Flèche Wallonne, victoire du Français Jean-Claude Leclercq qui distance Criquiélion à 11 km de l’arrivée et parvient au sommet du mur de Huy avec 26 » d’avance. Victoire surprise, en revanche, pour Argentin dans Liège-Bastogne-Liège. Les deux hommes de tête, Roche et Criquiélion, se neutralisent par leur surveillance mutuelle et permettent au champion du monde de revenir sur eux dans la roue de Millar et d’Yvon Madiot. Argentin vient cueillir les rivaux à moins de 250 m de l’arrivée pour leur chiper la victoire. Le vainqueur, lui-même, n’en revient pas.

Dans un Bordeaux-Paris que boudent les vedettes, c’est encore Bernard Vallet qui s’impose à 32 ans, tandis qu’au Tour d’Espagne, Kelly semble bien parti pour remporter enfin une grande course à étapes. Mais, atteint d’une induration au périnée, il doit abandonner et céder son maillot amarillo à Herrera. Malgré les attaques à répétition de Fignon lors des derniers jours de course, « Lucho » est le premier Colombien à triompher dans un tour européen. Des Colombiens en grande forme qui ont profité du parcours très montagneux pour enlever quatre victoires d’étapes.

Après sa victoire dans Châteauroux-Limoges, Charly Mottet remporte le Critérium du Dauphiné Libéré et Roche enlève le Tour de Romandie. Un bon test pour l’Irlandais avant le Tour de Italie marqué par son affrontement avec coéquipier de la formation Carrera, Roberto Visentini. L’Italien, maillot rose, est attaqué par l’Irlandais dans l’étape Jesolo-Sappada. Isolé de ses équipiers mobilisés par une longue poursuite, Visentini craque dans le côte de Sappada, perd 7’ et le maillot rose. Début d’une terrible polémique qui voit Visentini accuser Roche et Schepers de rouler en fait pour l’équipe Fagor. Mais l’Italien est victime d’une chute et doit abandonner. Roche remporte encore la dernière étape contre la montre, et enlève le Tour d’Italie en ayant finalement convaincu tous ses détracteurs de sa valeur.

Victoire de l’Américain Andy Hamspet au Tour de Suisse et de Pablo Wilches au Tour de Colombie.

Alors que Laurent Fignon est mis en cause pour dopage, c’est Marc Madiort qui devient champion de France, succédant ainsi à son frère Yvon.

Le Tour de France, qui part de Berlin-Ouest, va s’imposer comme l’un des plus palpitants de l’histoire et confirmer la classe de Roche. En l’absence de « patron », le maillot jaune passe d’épaules en épaules. Mottet prend la tête du classement dans le contre-la-morte entre Saumur et Jaunay-Clan. Mais il est talonné par Jean-François Bernard dans les Pyrénées. Le Nivernais prend à son tour le maillot jaune dans le Ventoux où il réalise un extraordinaire contre-la-montre et devance Herrera de plus 1’5. Il perd sa place le lendemain, victime d’une crevaison qui fait le jeu d’un Roche échappé avec Delgado. Nouveau coup de théâtre dans la montée vers l’Alpe-d’Huez où Delgado devient leader. Entre l’Irlandais et l’Espagnol, la question se réglera dans le contre-la-montre de Dijon. Delgado perd le maillot jaune et Bernard y réalise un nouvel exploit en devançant Roche, 2e et nouveau maillot jaune, de 1’44. À Paris, où le directeur du Tour, Jacques Goddet. Annonce sa retraite, l’Irlandais est vainqueur avec 40 » d’avance sur Delgado et 2’13 sur Bernard.

Chez les femmes, Jeannie Longo reporte son premier Tour de France devant son éternelle rivale Maria Canins, la seule grande victoire qui manquait à son palmarès. Le maillot arc-en-ciel devient son obsession. Pour s’y préparer, elle s’aligne au départ de la Coors Classic qu’elle gagne aussi sans véritable opposition. Et, sur le circuit de Villach, elle ne va connaitre aucune alerte. Quand elle le désire, elle démarre et personne ne peut la rejoindre. Cet objectif en poche, elle retourne à Colorado Springs pour améliorer son record du monde de l’heure qui s’affiche désormais à 44,933 km/h.

Quant à Roche, il n’en a pas fini. À Villach, en Autriche, il devient champions du monde sur route. On attend Kelly, mais celui-ci perd pied sous les attaques hollandaises et Roche tente sa chance au dernier moment, passant sous le nez de tous les sprinters. Il s’impose ainsi comme le meilleur routier de la saison.

Chez les Français, c’est la déconfiture, Fignon et Mottet ayant abandonné. Cet échec est effacé par la troisième victoire consécutive de Longo (Médaille d’argent en poursuite également) et par celle de Richard Vivien, chez les amateurs.

L’ex-champion du monde Moreno Argentin se console avec le Tour de Lombardie où Marc Madiot laisse passer sa chance.