Avec l’ombre de Pogacar


Se lance à partir d’aujourd’hui dans la conquête de Tirreno-Adriatico, en l’absence du Slovène, mais avec le fantôme de son exploit samedi dans les Strade Bianche.

4 Mar 2024 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL ALEXANDRE ROOS

“Tirreno est mon objectif du printemps, 
on a bien fait d’enlever les Strade Bianche"
   - JONAS VINGEGAARD, HIER

LIDO DI CAMAIORE (ITA) – Larumeurdes rues de Sienne continuait de se réverbérer hier sur les côtes toscanes, où certains des châtiés de samedi dans les Strade Bianche, encore sonnés, essayaient de trouver un peu de réconfort malgré une journée grisâtre et venteuse, dans une ambiance cafardeuse de station balnéaire hors saison, avant de repartir au combat aujourd’hui dans TirrenoAdriatico.

L’enthousiasme et l’admiration le disputaient à l’ahurissement et à l’incompréhension devant la punition infligée avec le sourire par Tadej Pogačar sur les chemins blancs, ce raid de 81 bornes sorti d’un autre temps. Tout le monde tentait de décortiquer l’exploit du Slovène pour sa rentrée, cette course où ses rivaux avaient eu l’impression de n’être que des «cadavres» ou d’évoluer dans un gruppetto, selon les mots de Tom Pidcock, pourtant 4e à l’arrivée.

Même à distance, Mathieu Van der Poel, en préparation avant de reprendre sur la route en fin de semaine prochaine à MilanSan Remo, pour une collision très attendue dans le Poggio face au zébulon d’UAE, a résumé le sentiment général d’une boutade sur ses réseaux sociaux : «Mec, je commence à avoir un peu peur là.»

Le match entre un punk et un janséniste

Jonas Vingegaard n’a pas subi la loi de son meilleur ennemi samedi, il n’a même pas regardé la course, comme il l’a affirmé hier en conférence de presse à Lido di Camaiore. «J’étais dans les transports, j’ai juste vu qu’il était parti à 80km de l’arrivée, c’est assez impressionnant», a souri le Danois, qui ne croisera pas Pogacar cette semaine dans Tirreno-Adriatico mais qui doit composer avec le fantôme de ce coup d’éclat dans leur duel à distance.

«Quand quelqu’un est si fort, il faut que tu le sois toi aussi, que tu travailles encore plus dur, ça te motive» , a reconnu Vingegaard, sans s’attarder davantage, lui qui ne veut pas entrer dans le débat de qui de lui ou de Pogacar est le numéro 1. Tout juste concède-t-il que son rival est plus complet.

Mais il ne peut lui échapper que, dans la bataille psychologique, alors qu’ils ne se croiseront pas sur la route avant le Tour de France, Tadej Pogačar a lancé un caillou dans son jardin en attaquant si fort la saison. Qu’à chaque fois qu’il se laisse aller à une nouvelle folie, à chaque fois qu’il conquiert de nouveaux horizons, il met en lumière le terrain d’expression plus exigu de Vingegaard, il le rapetisse mécaniquement. Et transforme leur bras de fer sur le vélo et dans les palmarès en un débat philosophique, entre d’un côté une ode à la liberté, sans limite, et de l’autre une conduite plus austère et corsetée. Le match entre un punk et un janséniste.

Pogacar a bien essayé de faire goûter à Vingegaard l’ivresse de la déraison, notamment lors de la première semaine du dernier Tour de France, dans les Pyrénées, quand il l’invitait à partir de loin, mais le leader de Visma n’a pas cédé à la tentation.

Il ne s’agit pas de hiérarchiser les deux approches, chacun y trouve un moyen d’exprimer sa nature, et on ne saurait donner tort au Danois de suivre ce système millimétré puisqu’il a plié en quatre le Slovène sur la dernière Grande Boucle. Mais le panache aura toujours une force de séduction supérieure.

Hier, Jonas Vingegaard a lâché qu’il avait bien fait de ne pas s’aligner sur les Strade Bianche, ce qui avait été un temps considéré dans les discussions de l’hiver, mais pas pour la raison que l’on attendait. « Cela aurait fait trop, a-t-il détaillé. La semaine à Gran Camino (où il a remporté le général et trois étapes pour sa rentrée) a été éprouvante avec la météo et le voyage retour jusqu’au Danemark a été long. Tirreno est mon objectif du printemps, on a bien fait d’enlever les Strade Bianche.»

Le Danois entrera dans la Course des deux mers de très bonne heure, aujourd’hui, à l’occasion du contre-la-montre, où, en raison des prévisions météo, il s’élancera le 3e, à 12 h 37. En l’absence de ses principaux rivaux pour le prochain Tour de France, dont Remco Evenepoel et Primoz Roglic, engagés sur le front de Paris-Nice, on s’attend à ce qu’il écrase l’épreuve, où il ne s’est aventuré qu’une fois dans sa carrière. C’était en 2022 et il avait terminé 2e. Derrière qui ? Tadej Pogačar.

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Une tenaille UAE

Malgré l’absence de Tadej Pogačar, Jonas Vingegaard devra se méfier des équipiers du Slovène Juan Ayuso et Isaac Del Toro.
Et de toute une tripotée de grimpeurs déjà en forme.

Jonas Vingegaard va se frotter à une concurrence plus tranchante et dense que lors de sa victoire au Gran Camino pour sa rentrée, il y a huit jours. Il devra déjà surveiller de près la paire d’UAE Juan Ayuso-Isaac Del Toro. L’Espagnol réalise un début de saison solide – vainqueur de l’Ardèche Classic, 2e en Drôme, 3e à Laigueglia – quand le jeune Mexicain a parfaitement joué son rôle d’équipier samedi pour lancer Tadej Pogacar sur les chemins blancs. Daniel Martinez, 2e en Algarve derrière Evenepoel, figure aussi parmi les favoris, tout comme son équipier chez Bora Jai Hindley. Sans oublier Richard Carapaz (EF), Tao Geoghegan Hart (Lidl-Trek) ou encore Ben O’Connor (Decathlon-AG2R).

Alaphilippe, un dimanche à soigner ses plaies

La grande explication devrait avoir lieu samedi, à l’occasion de la seule arrivée au sommet de la semaine, au Monte Petrano, au bout d’une montée de 10km à 8 % de moyenne. Côté français, il sera intéressant de voir ce que Kevin Vauquelin peut faire au général face à un tel plateau. Chez Cofidis, Guillaume Martin et Axel Zingle se partageront les responsabilités, l’un au général, l’autre pour les étapes. Valentin Madouas poursuivra sa montée en puissance vers les flandriennes. Quant à Julian Alaphilippe, après son abandon sur chute de samedi, il sera bien au départ tout à l’heure, après avoir passé sa journée d’hier à soigner ses plaies. (A. Ro)

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