Van der Poel est en campagne


Vainqueur hier, le Néerlandais a concassé, dans un raid solitaire de plus de 40 kilomètres, ses adversaires, dont le principal, Wout Van Aert, victime d’une chute et qui, malgré une poursuite forcenée, n’a pas été en mesure de revenir sur lui.

23 Mar 2024 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL YOHANN HAUTBOIS

"J’avais l’impression de faire un grand numéro, 
je savais que Van Aert devait aussi être à la limite''
   - MATHIEU VAN DER POEL

HARELBEKE (BEL) - Le matin, le long du canal de Lys qui relie Courtrai à Harelbeke, une longue procession à vélo avait pris la direction des écoles mais, au départ de l’E3 Saxo Classic, il n’y avait plus de place pour les poussins chétifs. Ou alors sur les bords de route des Ardennes flamandes envahis de bonnets jaunes (surmontés d’un pompon bleu et d’un bec orange, tant qu’à faire) qu’un sponsor local avait distribués.

Le mini-Ronde a plutôt ressemblé à une cour d’école où, à la vue de tous, les gringalets que nous sommes se mirent en cercle autour des deux caïds du coin pour savoir lequel était le plus costaud. Et, comme souvent, Mathieu Van der Poel a cogné plus fort, en premier, sur les pavés flandriens, profitant - c’est vrai - que Wout Van Aert, son adversaire lepluscoriace,lemieuxtaillépour lui tenir tête, avait chuté dans le Paterberg.

Si le Belge, pourtant vainqueur des deux dernières éditions, connaissait les pièges de ces bas-côtés parfois crottés, sa roue avant a ripé sur une arête de pavé au moment où il répondait à une attaque de son siamois néerlandais. Qui, promis, n’a pas vu le coureur de Visma - Lease a bike filer dans le décor : « J’étais déjà en train d’attaquer à ce moment-là car je savais que c’était un point crucial. Mais quand je suis arrivé seul en tête, quelqu’un m’a dit que Van Aert était tombé. »

De toute façon, le champion du monde, tenue blanche immaculée raccord avec son vélo et son crâne fraîchement rasé, n’avait pas prévu d’attendre grand monde hier, attaquant une première fois dans le Taaienberg, pour rigoler (ou montrer les muscles) et, déjà, Van Aert avait un peu coincé (ou géré).

Dans le Stationberg, à 60 kilomètres du terme, il avait déployé sa grande carcasse dans le sillage du coureur de Movistar Oier Lazkano, avec son ombre, Van Aert pas loin. Les deux bagarreurs s’isolèrent alors pour une explication qui ne pouvait se terminer que par un K-O. et ils gobèrent les échappés du jour, dont le Français Mathis LeBerre (Arkéa-B&BHotels). La suite se joua, donc, dans le Paterberg, « Wouty » glissant en voulant doubler Stefan Küng pour répondre à l’ultime cartouche du Néerlandais, flingueur à sang-froid.

Il pleuvait de plus en plus, on n’allait pas vers le beau, le Campinois non plus, mais il offrit une résistanceremarquableendécidant de quitter son petit groupe de poursuivants dans le Vieux-Quaremont.Lestrente-cinqsecondes d’avance de son meilleur ennemi fondirent alors à 28 secondes à la sortie du secteur puis tombèrent à 10 secondes avant le Karnemelkbeekstraat mais dès que la pentes’élevadenouveauunpeu,il piocha, épuisé par ce « duel d’homme à homme » salué par le directeur sportif d’Alpecin-Deceuninck, Christoph Roodhooft.

Le vainqueur du jour, aussi, avait remarqué l’effort bestial de son rival pour revenir et il refusait d’entendre parler d’un supposé ascendant psychologique: « J’avais l’impression de faire un grand numéro, je savais qu’il devait aussi être à la limite et j’ai essayé de le faire craquer dans le Kuisbergen. Mais il est très fort mentalement comme il l’a toujours démontré, encore aujourd’hui (hier) dans sa façon de se battre pour revenir après sa chute. Il sait aussi que la semaine prochaine sera une autre course, qu’il aura une autre chance. Je ne pense pas que cela va l’affecter. »

Après l’apéro de l’E3, 
c’est un véritable gueuleton 
qui s’annonce sur le Tour des Flandres

Car, dans dix jours, les deux vont se retrouversurlesmêmesroutessinueuses et sombres du Parc national du Pays des Collines et, après l’apéro de l’E3, c’est un véritable gueuleton qui s’annonce sur le Tour des Flandres. Van der Poel s’y rendra le coeur un peu plus léger puisqu’il s’y est déjà imposé à deux reprises (2020 et 2022) alors que Van Aert ne vit que pour ça, vainqueur d’un seul Monument mais loin de ses terres flandriennes (Milan - San Remo en 2020). Difficile quand même de ne pas voir dans la victoire du Néerlandais « un signal envoyé » (Oscar Riesebeek, son équipier bluffé par « son numéro» )àlaconcurrence,amputée de Tadej Pocacar, vainqueur l’an passé.

En particulier à Van Aert qui, certainement, aura vu hier soir à l’hôtel, les images du poing rageur brandi sous la flamme rouge bordée de tulipes jaunes puis le salut militaire de Van der Poel sur la ligne, debout sur les pédales, comme s’il était en campagne. On ne veut pas pousser à la baston, en vue du Ronde, mais cela ressemblait à une provocation.

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