L’homme qui voulait être roi


Mathieu Van der Poel reste un personnage atypique qui se livre très rarement mais qui a toujours su faire comprendre le sens de sa vie et de sa carrière.

8 Apr 2024 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL - PHILIPPE LE GARS

ROUBAIX – Au pied du podium protocolaire, la maman de Mathieu Van der Poel, Corine, la fille de Raymond Poulidor, a attendu son fiston patiemment, hier. Elle est restée à distance des micros et des caméras lors des premières interviews d’après-course, et c’est seulement quand il est revenu vers la tente réservée aux trois premiers pour qu’ils se changent avant la cérémonie qu’elle l’a croisé. Un simple baiser d’une mère à son fils qui voulait tout dire pour ce champion hors norme qui n’a jamais habitué personne à de grandes effusions. Avec un caractère bien trempé, des ambitions assumées très jeune et des objectifs de carrière programmés tel un métronome, le coureur de 29 ans est un personnage à la fois facile à cerner sportivement mais secret dès qu’il sort du cadre de son métier.

Son rapport à Poulidor l’a fait grandir

C’est à la fois la base de son histoire, comme avec son père Adrie. Jusqu’à il y a peu de temps encore, il acceptait de parler de son papy avec la tendresse d’un petitfils, de parler de la carrière du champion français, comme celle de son père, comme des exemples à suivre. Mais depuis deux ans, on a senti chez lui une légère évolution. Le décès de son grand-père en 2019 a été un moment douloureux et il n’a pas toujours compris qu’on lui demande d’exposer ses sentiments aussi souvent. «Mon papy était quelqu’un de très discret qui ne parlait jamais de sa carrière, raconte-t-il. Il a fallu que je lise des livres sur sa carrière pour mieux la connaître. Je ne savais même pas qu’il avait fait autant de tops 10 sur ParisRoubaix (6 fois entre 1962 et 1973). Il était trop admiratif de mon frère ( David) et de moi pour se vanter.» Agir plutôt que de parler est devenu l’un des moteurs de la carrière du champion du monde, peu adepte des conférences de presse ou des rendez-vous réguliers avec les journalistes.

Un caractère obstiné

Mathieu Van der Poel a toujours agi avec obstination, préférant tracer son chemin sans écouter les conseils extérieurs, même ceux de ses proches comme son père Adrie, ancien champion. Il y a trois ans, il avait tenté de faire comprendre à son fils qu’il courait la tête trop baissée. Cette remarque lui avait valu une réplique violente de la part de Mathieu, qui lui avait reproché de « ne jamais être content de ce (qu’il) fait». Adrie s’était également permis de lui faire remarquer qu’il s’entraînait parfois un peu trop mais le fils n’avait rien voulu entendre. Comme si les critiques le faisaient avancer, comme si la difficulté le motivait toujours plus. Enfant, il détestait perdre lorsqu’il jouait face à son frère David, il pouvait tout arrêter s’il sentait que la victoire lui échappait. À ses débuts sur les courses de débutants, il n’était jamais aussi à l’aise que quand son frère aîné était au départ. Il a appris à se motiver dans la difficulté.

Une âme de patron

Son rôle au sein de l’équipe Alpecin-Deceuninck dépasse celui d’un simple leader. Il participe aux grandes décisions et intervient dans les choix stratégiques auprès des managers, Philip et Christoph Roodhooft. Son engagement, tout récemment, pour cinq années supplémentaires laisse imaginer qu’il fera toute sa carrière dans cette équipe.

Mais sur le vélo, il veut avoir des prérogatives du patron unique. Il a critiqué ainsi l’exemple du Wolfpack, le concept inspiré par les Quick-Step selon lequel tous les loups de la meute peuvent gagner. Mathieu Van der Poel considère qu’un coureur doit savoir où il se situe et si jamais un leader est dépassé par ses propres coéquipiers, il est moins en mesure de gagner. Il a ainsi imposé son autorité naturelle chez Alpecin comme il le faisait déjà quand il était gamin et qu’on l’opposait à son frère David qui préférait rester dans l’ombre.


2020 - Sa prèmiere victoire au général d'une course à
étapes de niveau World Tour, lors du BinckBank Tour.


2020 - Son premier Monument, 
les Tour de Flanders (devant Van Aert).


2017 - Son premier Tour du Limousin sur les 
terres de son gran-père, Raymond Poulidor.


2018 - Son premier titre de 
champion des Pays-Bas chez les pros.

Une franchise qui fait mouche

Il n’aime pas faire de vagues mais est capable d’exploser en public quand une situation lui déplaît. Après l’arrivée de GandWevelgem 2020, il avait entendu son rival de toujours, Wout Van Aert, le critiquer devant les caméras de télévision, l’accusant implicitement d’avoir roulé pour le faire perdre dans l’échappée finale. En colère, il était redescendu du pullman de son équipe, s’invitant sur le plateau de la VRT pour répondre au Belge. Il parla de bassesse de la part de Van Aert, affirmant être, au contraire, un coureur qui veut toujours gagner et qui ne joue jamais avec les autres pour arriver à ses fins. C’est la seule fois que la rivalité entre les deux, née sur le cyclo-cross depuis leurs plus jeunes années, avait atteint une telle violence.


2015 - Son premier titre mondial de cyclo-cross 
élite à Tàbor (RTC), à l'âge de 20 ans.


2011 - Sa première victoire en Coupe du 
monde de cyclo-cross U19, à l’âge de 16 ans.
 

2014 - Sa prèmier victoire chez les professionels,
au Ronde Van Limburg (BEL).


2012 - Son premier titre mondial, en cyclo-cross U19 
(devant Wout Van Aert, à gauche).

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