Les piétinements de Van Aert


19 Aug 2024 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

Le Belge n’a pas remporté le sprint, deuxième derrière Kaden Groves, mais a pris le maillot rouge. Un lot de consolation dans une saison compliquée.

OURÉM (POR) – Le temps presse pour Wout Van Aert, dans une saison chaotique où il n’a plus levé les bras depuis KuurneBruxelles-Kuurne. C’était il y a presque six mois et la semi-classique belge n’est pas un territoire assez prestigieux pour que le petit âne en peluche offert au vainqueur apaise ses tourments.Wout Van Aert a endossé le maillot rouge à l’issue de la 2e étape grâce aux 6 secondes de bonifications liées à sa 2e place hier.

Le Belge de 29 ans a affirmé avant le départ de la Vuelta à Lisbonne qu’il avait retrouvé ses meilleures jambes sur la fin du Tour de France, ce qui lui avait permis de réaliser de bons Jeux Olympiques – 3e du contre-lamontre mais seulement 37e de la course en ligne –, et qu’il comptait capitaliser sur cette forme pour gagner sur l’épreuve espagnole. « J’en ai vraiment envie » , a-t-il lâché, comme pour souligner l’impériosité d’une victoire afin de le soulager.

Les jambes sont là, c’est indéniable, mais depuis le départ du Tour d’Espagne, elles n’ont pas suffi pour battre Brandon McNulty dans le chrono de samedi (3e à 3”) ni pour dominer Kaden Groves hier, dans un sprint où le nombre de prétendants est pourtant limité et où il a sans doute lancé son effort trop tôt. Au jeu des bonifications, Van Aert a récupéré le maillot rouge, qu’il ne s’attend pas à pouvoir conserver au-delà de la première arrivée au sommet, c’est-à-dire demain, en haut du Pico Villuercas.

Il ne s’agit pas de cracher sur une tunique de leader, et Van Aert racontait que cela lui rappelait le maillot jaune porté dans le Tour il y a deux ans, mais justement, pour un champion de son calibre, dominer le général du Tour d’Espagne au bout de deux étapes est au mieux un lot de consolation, un écran de fumée.

En baisse de régime depuis deux saisons

Et surtout, sans le vouloir, il a rappelé un âge d’or, ces deux ans qui semblent de plus en plus lointains, où il était à la bataille pour la gagne dans quasi tous les Monuments, où sur la Grande Boucle il s’envolait en majesté pour gagner à Calais, à travers une double ascension du Ventoux ou au sprint sur les Champs-Élysées, sans oublier son numéro d’Hautacam où il avait fait craquer les coutures de Tadej Pogacar en personne.

Car le temps presse pour Van Aert, dans une carrière qui piétine depuis un moment. Sa grave chute dans À Travers la Flandre, fin mars, a certes ruiné sa campagne flandrienne, au moment où il avait décidé d’une nouvelle approche, mais les difficultés remontent à plus loin et sa saison 2023 avait déjà été poussive, la moins bonne de sa carrière. Dans cet intervalle, il a perdu du terrain sur Mathieu Van der Poel et Tadej Pogacar, et à un degré moindre sur Remco Evenepoel, dans la conquête des classiques. Evenepoel a pris le manche de l’équipe nationale belge, champion du monde et champion olympique, aussi bien sur le contre-la-montre que sur la course en ligne, de son sacre de Wollongong en 2022 à son doublé aux Jeux de Paris.

Van Aert voit les trains passer, il s’émousse face à cette concurrence en titane. Hier soir, il se consolait qu’il y ait encore beaucoup d’opportunités d’enlever une étape dans cette Vuelta. Lever les bras le réconfortera de manière fugace, mais cela ne modifiera pas le tableau général. Le Belge a besoin de gagner gros et seul un sacre au Mondial à Zurich, le 29 septembre sur un circuit plutôt annoncé pour les puncheurs-grimpeurs, serait en mesure de sauver sa saison, d’envoyer un signal positif pour la suite, de combattre la stagnation.

L’impression d’une urgence se renforce, d’un décalage entre le potentiel de ce coureur merveilleux, talent protéiforme, intelligence tactique fine, un champion en somme, et un palmarès loin de ces standards. Le temps presse. Le 15 septembre, Van Aert aura 30 ans.

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