Evenepoel déchaîné
Remco Evenepoel salue la foule, facon rock star, avant même d’avoir franchi la ligne, après un chrono pourtant semé d’embûches pour le désormais double champion du monde de la discipline.
Déjà double champion olympique en août, le Belge a glané un deuxième titre mondial du contre-la-montre, hier, malgré des soucis de chaîne et de capteur.
"L’un des chronos les plus difficiles de ma vie"
- REMCO EVENEPOEL
23 Sep 2024 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PIERRE MENJOT
ZURICH (SUI) – Hier, rien n’a fonctionné pour Remco Evenepoel. Du moins, si on oublie le classement quelques instants… Avant même le départ, le Belge patientait sur la rampe de lancement quand son vélo doré de champion olympique, qu’il étrennait, a déraillé. «Je voyais qu’il me restait moins d’une minute, il y avait un peu de stress, avouait-il à l’arrivée. J’ai dû rester calme, concentré sur la course. Mais on (avec son assistant) a réussi à remettre la chaîne, j’avais encore 25 secondes avant le départ.»
Très vite, il s’est alors rendu compte que son capteur de puissance ne se lançait pas, ce qui signifie que le favori a avalé les 46 kilomètres sans aucune indication de watts, une hérésie quand tout est préparé à l’unité près. «Je n’ai rien pu gérer, j’ai essayé de sentir la cadence, la douleur dans les jambes, a-t-il regretté. Nous avions imaginé un plan pour valider ma victoire dès la montée ( dans la première partie du parcours), où beaucoup de parties roulantes permettaient d’accélérer, mais je n’ai pas osé pousser jusqu’au bout. » Evenepoel s’est donc contenté des informations de sa voiture suiveuse, à laquelle il a dû faire comprendre, avec difficulté, son problème.
Même sa célébration, qu’il avait préparée avec ses compagnons d’entraînement en Espagne, n’a pas été parfaite, «car le vélo commençait à bouger, grimaçait-il. Mais gagner le Championnat du monde sur un vélodoré, c’est spécial et je voulais en profiter.»
Car oui, l’homme le plus aérodynamique du peloton a remporté, à l’issue de «l’un des chronos les plus difficiles de [sa] vie » , le titre mondial de l’exercice solitaire. Son deuxième de rang, sur un parcours qu’il imaginait taillé pour lui, en ayant résisté au final canon de Filippo Ganna, déçu d’échouer si près (6’’) mais toujours grand seigneur. «Remco a toujours été devant et il n’y a rien à dire, c’est un coureur incroyable» , louait l’Italien, avant de laisser sa place à son adversaire en conférence de presse en l’introduisant comme «the big champion».
Il l’est triplement, après son doublé olympique à Paris. Le Brabançon est devenu hier le premier coureur vainqueur du chrono des Jeux et du Mondial la même année, et il pourrait entrer encore dans l’histoire cette semaine. Car après quelques jours de mise au vert, il reviendra dimanche pour la course en ligne, où il sera l’un des plus sérieux concurrents à Tadej Pogacar, avec la possibilité de devenir le premier homme à compiler les deux sacres mondiaux (*).
Un sérieux coup de mou après les Jeux
Tout ça à 24ans à peine, à l’issue d’une saison dingue, mise en suspens lors du Tour du Pays Basque, comme tant d’autres, puisque le Belge était parti tout droit dans un virage et en était sorti avec des fractures de la clavicule et de l’omoplate droites. L’ancien footballeur en est revenu pour le Dauphiné (7e), est monté sur le podium de la Grande Boucle en costaud, a balayé la concurrence par deux fois aux Jeux, et connu un gros coup de mou ensuite.
«Avant le Tour de Grande-Bretagne (début septembre), j’étais assez inquiet, confessait-il hier. Je ne pouvais pas faire d’entraînements intensifs et c’est pour ça que j’ai annulé ma participation aux Championnats d’Europe de contrela-montre (le 11 septembre), ce qui était une bonne décision. Puis j’ai repris confiance ces dernières semaines, les entraînements étaient rapides ces jours-ci, ça m’a aidé aujourd’hui (hier) car sans cette confiance, j’aurais peut-être perdu.»
Mais il a gagné, s’esclaffant de ce podium où ses deux poursuivants italiens, bien que sur les deuxième et troisième marches, arrivaient à sa hauteur puisque plus grands que lui de vingt centimètres. «Je me suis senti comme une foccacia, deux tranches de pain et moi j’étais de la mozzarella (rires). C’est bien d’être sur la plus haute marche, sinon je n’apparaîtrais pas sur la photo! » Il y est, bien au centre, en maître du temps.
(*) Le titre mondial du contre-lamontre n’existe que depuis 1994.
CLASSEMENTS
contre-la-montre
HOMMES
1. Evenepoel (BEL), les 46, 1 km en 53'1'' (moy. : 52, 156 km/h) ;
2. Ganna (ITA) à 6'' ;
3. Affini (ITA) à 54'' ;
4. Tarling (GBR) à 1'17'' ;
5. Vine (AUS) à 1'24'' ;
6. Asgreen (DAN) à 1'30'' ;
7. Foss (NOR) à 1'44'' ;
8. Küng (SUI) à 1'48'' ;
9. Campenaerts (BEL) à 1'55'' ;
10. McNulty (USA) à 1'58'' ;
11. à 2'4'' ;
12. Roglic (SLV) à 2'6'' ; ... 21. à 3'13''.
59 classés.
FEMMES
1. Brown (AUS), les 29, 9 km en 39'16'' (moy. : 45, 688 km/h) ;
2. Vollering (HOL) à 16'' ;
3. Dygert (USA) à 56'' ;
4. Niedermaier (ALL) à 1'5'' ;
5. Kopecky (BEL) à 1'39'' ;
6. Ch. Schweinberger (AUT) à 1'44'' ;
7. Henderson (GBR) m.t. ;
8. Van Dijk (HOL) à 1'47'' ;
9. Labous à 1'51'' ;
10. Neben (USA) à 2'20'' ; ...
14. Kerbaol 2'49'' ;
17. Zigart (SLV) à 3'6''.
70 classées.
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