ROGLIC - La première salve

7 Sep 2024 - L'Équipe

MANUEL MARTINEZ

Roglic en rouge, Gaudu en verve

Vainqueur en solitaire au sommet de Moncalvillo, le Slovène a pris le pouvoir sur la Vuelta à deux jours de l’arrivée. Un quatrième sacre commence franchement à se dessiner pour lui.

"J’avais de très bons souvenirs de ce col et je 

savais que cette montée sèche me convenait parfaitement''

   - PRIMOZ ROGLIC

ALTO DE MONCALVILLO (ESP) – Si au départ de la 19e étape de la Vuelta, Ben O’Connor avait encore unmaigre espoir de s’accrocher un jour de plus à son maillot de leader, les rampes finales du Alto de Moncalvillo ont fini par le ramener à la raison. Après treize journées en rouge, l’Australien n’a pas été en mesure de conserver ses 5 secondes d’avance au général et encore moins sa tunique, laissé définitivement à l’abandon par la meute des grands favoris à deux kilomètres du sommet.

LOGRONO - ALTO DE MONCAVILLO

Il a pourtant lutté courageusement jusqu’au bout pour sauver une deuxième place au général, mais le coup de bambou s’est fait entendre. « Je m’attendais à être attaqué, mais pas à être aussi mal sur la fin, souffle le coureur de l’équipe Decathlon-AG2R La Mondiale. Le pire, c’est qu’il reste encore deux étapes très difficiles et qu’il va falloir s’accrocher pour essayer de terminer sur le podium. Après, il sera temps de prendre durepos et boire quelques bières. » À l’évidence, O’Connor n’espère plus vraiment grand-chose sur les routes d’Espagne. Hier, Primoz Roglic est entré en scène avec fracas pour devenir le nouveau patron de la Vuelta à deux jours de l’ arrivée à Madr id. Comme il l’ avait déjà fait en 2020, le Slovène a terminé seul en haut de Moncalvillo, devançant ses deux premiers poursuivants, David Gaudu et Mattias Skjelmose, de 46 secondes. Mais il a surtout fait le ménage autour de lui.

Si O’Connor reste son dauphin au général, il compte désormais 1’54’’ de retard, Enric Mas pointe maintenant à 2’20’’ et Richard Carapaz à 2’54’’. « Ça fait presque trois semaines que je pense à ce genre de scénario, explique le chef de file de l’équipe Red Bull-Bora Hansgrohe. J’avais de très bons souvenirs de ce col et je savais que cette montée sèche me convenait parfaitement. Il faut aussi saluer mes coéquipiers pour le gros travail réalisé qui m’a permis de gagner aujourd’hui (hier) et de prendre lemaillot rouge. »

Car clairement, la grosse offensive lancée par Daniel Felipe Martinez et d’Aleksandr Vlasov à un peu moins de 6 kilomètres a tout fait voler en éclats, alors même que les plus forts pourcentages n’avaient pas été passés. « C’était un peu ce qui était prévu ce matin (hier) avant le départ, confirme Roglic. La montée n’est pas longue et il ne fallait pas attendre la fin pour tester les autres. Tout a parfaitement fonctionné. »

Une ultime étape àl’avantage du Slovène

Désormais, Roglic est maître à bord et il est maintenant difficile de penser qu’il pourrait passer à côté d’un quatrième sacre sur le Tour d’Espagne pour égaler le record de victoires finales de l’Espagnol Roberto Heras. Certes, ilreste la terrible étape qui se profile aujourd’hui avec l’arrivée au sommet de Picon Blanco ou le chrono de clôture de 24,6 kilomètres dimanche dans les rues de Madrid. Mais ses principaux rivaux doivent avoir désormais dumal à y croire.

« Il faut toujours rester prudent, tempére Roglic, qui disait vaguement s’être ressenti d’une vague douleur au dos consécutive à une chute survenue sur le dernier Tour et qui avait précipité son abandon. Demain ( aujourd’hui), il y aura cette terrible ascension finale de Picon Blanco, que je connais bien pour l’avoir montée sur laVuelta en 2021 et aussi sur le Tour de Burgos. C’est aussi une étape avec sept cols et il faudra gérer la répétition des efforts. Tout le monde sait qu’un jour sans peut se présenter à tout moment. »

Hier, les propos du Slovène n’ont pas franchement convaincu. Tout le monde s’accorde maintenant à tenter de savoir qui pourrait être son dauphin. Si O’Connor semble sur la tangente, Mas et Carapaz semblent les mieux placés pour monter sur laboîte dimanche soir. Le contrela-montre individuel final, totalement dessiné dans les rues de Madrid, est à l’avantage du coureur slovène, qui a obtenu hier son quinzième succès d’étape sur l’épreuve espagnole. « C’est un chrono sans vraiment de difficulté qui est censé me convenir mais également à beaucoup d’autres bien placés au général, plaide Roglic. Il faudra avant ne pas se louper dans l’étape de demain (aujourd’hui). On mettra un plan demain matin lors du briefing. Certains vont tenter de faire bouger la course. Il faudra rester sur sesgardes. »

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Gaudu: «Le podium? Ça va être compliqué»

Remarquable deuxième d’étape derrière Roglic, le Français a prouvé qu’il était dans une forme exceptionnelle. Cinquième du général, il doute pourtant de pouvoir monter sur le podium de la Vuelta.

“Je préfère vivre une Vuelta plus ouverte que jamais que de revivre un Tour de France où j’avais été

Voausssaottmenmdéiedz-’ evnoutrséae u' coup de force de l’équipe Red Bull-Bora Hansgrohe surcette étape?

Aubout de l’effort, David Gaudu est venu s’écrouler sur l’aire d’arrivée de Moncalvillo. À l’attaque dans la montée finale, dans la continuité d’une forme étincelante qu’il tient depuis le début de la Vuelta après deux saisons en demi-teinte, le Breton a retrouvé la confiance et les jambes qu’il pensait avoir perdu es en devançant les favoris du Tour d’Espagne à part Primoz Roglic. Hier soir, sa satisfaction était immense. Gaudu est revenu à un niveau qu’il a rarement connu depuis ses débuts chez les pros.

Deuxième de la 19e étape hier, David Gaudu 

estime que sa « Vuelta est purement accomplie ».

Terminer deuxième d’ une grosse étape de montagne derrière Roglic et être bien placé au général de la Vuel ta après trois semaines, cela doit vous procurer un vrai sentiment deplaisir, non?

C’est ça: terminer deuxième derrière l’ intouchable Roglic, ça fait vraiment du bien compte tenu du niveau tellement serré qu’ il y a avec les autres coureurs qui jouent le général. Je sais qu’ il fallait que je prenne du temps sur mes adversaires qui sont derrière moi au général, par rapport au chrono à venir (demain). J’ai essayé d’ attaquer assez tôt, à six bornes avec (Richard) Carapaz. On s’ est un peu regardé, c’était aussi à lui de travailler. Mais je me suis dit tant pis, il faut que je prenne du temps. J’ ai tout mis jusqu’ à la ligne et j’ ai puisé au fond de moi. Mais c’ est sûr qu’ une journée comme ça fait du bien.

Vous êtes cinquième au général. Pensez-vous que vous pouvez faire mieux d’ici à l’arrivée à Madrid?

Il faudra attendre demain (aujourd’hui) avant de se prononcer et on fera alors les comptes. L’étape s’annonce extrêmement difficile et il est possible qu’ il y ait beaucoup de chamboulements. Aujourd’ hui (hier), j’aibattu beaucoup d’adversaires directs à la pédale et c’est plaisant. Je vais encore tout donner. Je suis cinquième et c’est déjà très bien. En termes de confiance, de moral et de réussite, ma Vuelta est purement accomplie.

Tout le monde s’ y attendait un peu. Dans ma tête, je savais qu’ ils préparaient un gros coup. C’est ce qui s’ est passé et tout le monde était au rupteur à ce moment-là. Ce qu’on a vu aussi, c’est que Roglic est sûrement le plus fort de la Vuelta et il l’a encore prouvé aujourd’ hui (hier). Après, derrière, on s’ est tous un peu “couru dessus”. Je préfère vivre une Vuelta plus ouverte que jamais que de revivre un Tour de France où j’ avais été assommé d’entrée.

Vous avez encore la possibilité de viser le podium de la Vuel ta. Pensez-vous quec’estjouable?

Je ne vais pas dire que c’ est jouable. (Ben) O’Connor a perdu le maillot (rouge) ce soir (hier) et ça peut changer la donne. Est-ce que mentalement il va craquer et ça va libérer une place au général, c’est toute la question. Devant moi, (Enric) Mas et Carapaz sont encore très forts, alors je pense que le podium va être compliqué à aller chercher. Je veux déjà terminer sur une très belle note au sommet de Picon Blanco.»