Il venait d’avoir 17ans


Magnifique contre le Real Madrid le soir de son anniversaire, le milieu Ayyoub Bouaddi a toujours brûlé les étapes, sur et en dehors du terrain.

4 Oct 2024 - L'Équipe
NATHAN GOURDOL ETJOËL DOMENIGHETTI

VILLENEUVE-D’ASCQ (NORD) – Tout là haut sur les épaules de Gabriel Gudmundsson, pendant que les ultras lui chantaient Joyeux anniversaire, Ayyoub-Bouaddisemblait à sa place. S’il n’est pas le gamin le plus expansif passé par le centre de formation du LOSC, le crack prend la lumière comme personne et s’adapte à toutes les situations avec une aisance folle. Qui aurait pu anticiper une telle maîtrise technique et émotionnelle le jour de ses 17ans, alors qu’il était propulsé titulaire contre le grand Real Madrid pour cause d’hécatombe dans l’entrejeu ? Peut-être ceux qui ont pris l’habitude de le voir faire des choses plus vite et souvent mieux que les autres.

Dans un foot où les joueurs sont responsabilisés de plus en plus tôt, Bouaddi est un phénomène encore différent. Et cela tient à « une tête très bien faite » dixit Bruno Genesio, qui ne cesse de mettre en avant ses capacités cognitives. Le joyau aurait d’ ailleurs pu se destiner à de grandes études et un autre destin, tant il avait impressionné son assemblée en juin 2023… sous les ors de l’Élysée! À15ans, devant Brigitte Macron et d’autres personnalités, il avait décroché le 1er prix du concours d’éloquence des centres de formation en déclamant avec une intonation parfaite, les gestes justes et des mots choisis son discours sur le thème « Le résultat est-il supérieur à la manière ? » Avec lui, les deux sont souvent réunies et son brio s’est encore exprimé en juin, lorsqu’il a décroché la mention très bien au bac scientifique, avec un an d’avance. «En fait, il était en avance sur tout, résume Georges Tournay, directeur au Pôle Espoirs de Liévin où il est resté deux ans. Ses bulletins scolaires étaient impeccables, 18 de moyenne. C’était du pain béni. Il faisait ses devoirs en une heure. Je n’ai jamais eu à intervenir.»

Fils d’un cadre bancaire et d’uneemployée RH d’un groupe aéronautique, unique garçon entouré de trois soeurs, Bouaddi, attaché à ses origines marocaines (il se rend souvent au Maroc en famille), est « né sous une bonne étoile», poursuit Tournay. Couvé à l’AFC Creil (Oise) dès ses 5 ans, pratiquant le tennis en parallèle, il avait rejoint le LOSC à l’été 2021, à 13ans.

Alors champion de France, le club nordiste avait eu sa préférence plutôt que le PSG, Monaco ou encore Lens, grâce notamment à la force de persuasion de Mickaël Delestrez, ex-directeur du centre de formation, aujourd’hui au TFC. «Il a refusé des essais au motif qu’il avait du travail à l’école et que ce n’était pas la bonne période ! Il a aussi choisi le LOSC par proximité. C’est à une heure et demie de la maison, sourit son ancien éducateur Sofiane Khair, qui apprécie de voir revenir régulièrement à Creil. L’encadrement familial explique sa réussite. Ici, personne n’est surpris de son ascension. C’est un garçon à qui on ne trouvait pas de défaut.»

« Ayyoub était une évidence, grand ( 1,85m aujourd’hui), à l’aise au milieu, une belle technique et une grande lecture du jeu. Avec toutes les bases éducatives, il était programmé pour la réussite, comme Raphaël( Varane), reprend Tournay, qui retrouve en lui beaucoup du néo-retraité. Le pôle l’a aidé à se développer tranquillement. Il y a trouvé son équilibre.»

En club comme au sein des équipes de France jeunes (actuellement en U18, il a été sélectionné en U16 et U17), le crack a systématiquement été surclassé, parfois caché comme lorsque le LOSC avait refusé de l’envoyer à un tournoi de jeunes à Genk pour ne pas affoler les recruteurs, et Paulo Fonseca a suivi le mouvement.

Le technicien portugais l’a lancé en pro le 5 octobre 2023 à 16 ans et 3 jours, aux îles Féroé contre Klaksvik (0-0) en Ligue Europa Conférence, faisant de lui le plus jeune joueur de l’histoire des Coupes d’Europe (C1-C3-C4) ! Bouaddi avait livré un sacré ballet la tête relevée, gestes déliés, contrôles assurés et grande disponibilité sur un synthétique pourtant cahoteux, balayé par les bourrasques et la pluie glaciale. Déjà la même sérénité que mercredi face aux Merengue, où sa manière de prendre ses responsabilités, même sous forte pression, a été remarquable. « Ce n’est pas normal de jouer comme ça à cet âge» , répétait souvent Fonseca, ébahi par cette précocité.

Bruno Genesio a vite été conquis et devrait lui octroyer une place grandissante: «Maintenant, il faut savoir confirmer, mais je pense qu’il n’y a pas trop de souci à se faire avec lui. » Si sa perte de balle en fin de partie mercredi avait quelque chose de rassurant, pour rappeler que son talent, aussi grand soit-il, reste perfectible, Bouaddi a définitivement gagné le respect d’un vestiaire où certains ont le double de son âge.Il a réussi son premier très grand rendez-vous. Assurément pas le dernier.




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