Gaudu, au jour le jour
David Gaudu, samedi dernier lors de la quatrième étape du Tour de Romandie,
avait terminé 30e du général de l’épreuve.
Le Breton veut d’abord profiter du premier Giro de sa carrière avant d’évaluer ses vrais objectifs. Par prudence, mais surtout par réalisme.
"Forcément on attend beaucoup de moi,
mais moi aussi, j’attends beaucoup de moi-même.
Je vais aller le plus haut possible, mais sur ce Giro,
ça passera d’abord par de la patience"
- DAVID GAUDU
8 May 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS
David Gaudu est apparu décontracté hier en visioconférence de presse, à quarante-huit heures du départ du Giro en Albanie (9mai au 1er juin). Il aura donc attendu sa dixième saison chez lespros pour tenter l’aventure italienne, et à entendre son excitation, on a bien compris la dimension que représente ce challenge à ses yeux. « Pour moi le Giro, ce sont les images du Stelvio, ces congères sur le bord des routes en montagne, ces grands raids dans le froid et la pluie, a-t-il raconté, mais c’est aussi les tifosi. Je ne sais pas si on aura toutes ces conditions durant ces trois semaines, mais j’ai hâte d’y être, hâte de croquer ceGiro à pleines dents. »
Influencé sans doute aussi par l’attirance de l’ancien leader deGroupama-FDJ, Thibaut Pinot, pour les courses en Italie et évidemment le Giro, le Breton ajoute comment il a été mis en condition avant d’arriver à Tirana. « Tout lemonde m’a dit que j’allais m’éclater sur le Giro, parce que c’est une course différente du Tour de France où en tant que Français et courant pour une équipe française, on attend beaucoup de nous. D’après ce que j’ai vu à la télé, j’ai l’impression que tout est plus tranquille ici, ce qui peut rendre la course plus débridée. »
Il n’en est pas encore à faire des plans sur la comète, il a appris à ses dépens que les chutes pouvaient tout gâcher et mettre à plat ces ambitions. « Ça fait partie de notre condition de coureur cycliste, il faut savoir l’accepter. Moi, c’est un chat qui m’a fait tomber à l’entraînement, après, c’est la loi des séries, il y a une chute massive dans le peloton que je ne peux pas éviter, je retombe derrière tout ça, c’est totalement de ma faute. Mais tout ça est derrière moi, j’en ai fait mon deuil, ça s’est passé au mois de mars, et là, on est au mois demai. »
On sent bien que David Gaudu ne veut pas se faire plaindre, carilestvenusurceGiroaveccertaines idées derrière la tête, « même si je peux être hors jeu dès le premier jour ». Mais c’est aussi le tracé de ce Giro qui lui plaît, avec une montée en puissance jusqu’à la fin de la deuxième semaine et les premières grandes étapes de montagne. « C’est peut-être ma chance, en effet, car je suis toujours mieux en fin de grand Tour quand la fatigue pèse chez les autres, j’en profite toujours un peu. » Sa rentrée au Tour deRomandielasemainedernière où il a fini loin des meilleurs (30e du classement final à 10’01’’ du vainqueur Joao Almeida) lui a donné cependant des raisons d’espérer, ou du moins de se rassurer. « Ça a été plus difficile que ceque j’avais imaginé sur le papier parce que toutes les étapes ont été courues à fond, ce qui m’a forcément fait du bien physiquement. J’ai eu du mal sur les premières étapes à être dans le tempo, mais je me suis accroché. Sur la grande étape demontagne, j’avais déjà retrouvé des sensations plus agréables, du moins jusqu’au pied de la dernière montée, car il m’a manqué encore un peu de punch pour aller chercher les gars sur desaccélérations. »
À 28 ans et après déjà dix ans de carrière, David Gaudu a appris à vivre avec les aléas mais sans pour autant se détourner de l’essentiel, ce sens des responsabilités qui reposent sur ses épaules depuis ses débuts où on l’a tou- jours présenté comme le grand espoir du cyclisme français. Être leader ne lui fait donc pas peur. « Forcément on attend beaucoup de moi, mais moi aussi, j’attends beaucoup de moi-même. Je vais aller le plus haut possible, mais sur ce Giro, ça passera d’abordpardelapatience.»
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