ARENSMAN Grand face aux géants
Encore offensif hier, le Néerlandais a attaqué Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard pour remporter une deuxième étape en une semaine, et s’imposer comme un acteur principal du Tour.
"Je n’ai pas arrêté de lui dire d’essayer,
peu importe ce qu’il se passe"
- ZAKKARI DEMPSTER, DIRECTEUR SPORTIF
CHEZ INEOS-GRENADIERS
26 Jul 2025 - L'Équipe
ANTHONY CLÉMENT
LA PLAGNE (SAVOIE) – Les doutes font partie de l’histoire de Thymen Arensman (Ineos-Grenadiers), immense potentiel qui s’est longtemps posé trop de questions, et il n’a d’ailleurs pas cru tout de suite à ce qu’il avait réalisé, hier à La Plagne. « Mais qu’est-ce que je viens de faire? » , soufflait-il après la ligne, épuisé et au bord des larmes, comme s’il n’avait jamais imaginé qu’il raflerait deux étapes sur ce Tour.Après sa victoire hier sur la 19e étape du Tour de France, Thymen Arensman s’est assis près de la ligne d’arrivée, exténué par l’effort.
Les faits sont désormais là pour asseoir son statut: à l’ombre des géants Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard, qu’il n’a pas hésité à attaquer dans la montée finale, le discret Néerlandais (25 ans) est le grand acteur des deux dernières semaines. Après avoir levé les bras au bout d’une échappée à Super bagnères, il s’est imposé en partant du groupe des favoris, ce qui classe un coureur, et il est le seul à pouvoir dire qu’il a gagné dans les Alpes et les Pyrénées. Ce n’est pas rien non plus.
« Peut-être que je peux avoir maintenant davantage confiance en mes capacités, je peux être avec les meilleurs, lâchait-il, heureux d’avoir passé un cap après un Giro raté, parasité par la maladie. Je retiens ma préparation, la façon dont j’ai pris soin de mon corps, les petits détails que j’ai changés. Je suis plus calme, je crois plus en moi. »
Il faut avoir la foi pour attaquer sans cesse, dès le Massif central où il avait fini deuxième au MontDore, dominé par Simon Yates. Ce jour-là, les montées n’étaient pas assez longues pour lui convenir, et le meilleur était donc à venir. « Je n’ai pas arrêté de lui dire d’essayer, peu importe ce qu’il se passe, assure Zakkari Dempster, son directeur sportif chez IneosGrenadiers, focalisé sur les étapes. On ne sait jamais ce dont il est capable. Il a été dans cinq échappées sur ce Tour, il a appris de chaque situation. Ça n’avait pas marché jeudi, et il a rebondi pour réussir quelque chose d’encore plus spécial. C’est incroyable de gagner de cette façon la dernière étape de montagne. »
À l’avant au Ventoux et à peu près chaque fois que la route s’élevait, Arensman aurait pu s’éparpiller mais il a gardé assez de forces sur la durée. Il a passé la première semaine à l’abri du stress, débarrassé des exigences du classement général, et son mois de juillet suggère qu’il est assez talentueux pour s’installer sur le podium d’un grand tour. Excellent rouleur, très bon grimpeur malgré sa taille (1,90 m), il était programmé pour cette quête et son équipe n’a pas oublié qu’il a bouclé les Giro 2023 et 2024 à la sixième place.
Il a offert une nouvelle respiration à Ineos-Grenadiers
En 2018, il avait déjà pris date en achevant le Tour de l’Avenir en deuxième position, derrière Pogacar: « J’avais pu voir qu’il était un coureur vraiment à part, un très grand talent. Mais je ne m’attendais pas à ce qu’il devienne aussi bon, et moi non plus… » La question du niveau réel du Slovène se posait aussi hier (voir page 13), car il n’a pas semblé avoir tout donné pour revenir sur Arensman, comme à Superbagnères.
« Il voulait gagner, donc je pense qu’il aurait fini à fond s’il avait eu les jambes, estimait après l’étape le Néerlandais qui a su profiter de la rivalité entre Pogacar et Vingegaard. J’ai essayé d’être intelligent parce que je sais qu’ils peuvent parfois se regarder. Je regrette seulement de m’être retourné dans les derniers mètres car ça ne sert à rien, ça ne peut que vous déconcentrer. »
Il n’a pas payé ce besoin irrationnel de se rassurer, et c’est ainsi qu’il a offert une nouvelle respiration à Ineos-Grenadiers, empêtré dans les mauvaises nouvelles avec les abandons sur chute de Filippo Ganna et Carlos Rodriguez. Mais l’actualité de l’équipe britannique était surtout assombrie par le départ forcé du soigneur David Rozman, soupçonné d’avoir échangé en 2012 avec un médecin impliqué dans des affaires de dopage. Rattrapée par la suspicion, elle a vécu un Tour étrange mais Arensman a tracé sa route, imperturbable, et il ferait un beau super-combatif du Tour.
Commenti
Posta un commento