À BOUT


POGACAR EN A MARRE

Tadej Pogacar a laissé la dernière étape de montagne du Tour de France à Thymen Arensman. À deux jours de son sacre à Paris, le Maillot Jaune a paru davantage lassé que plein de bonheur.

C’est le niveau démentiel de Pogacar qui est au fondement de son ennui et de son coup de blues

26 Jul 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

LA PLAGNE (SAVOIE) – D’accord, la météo était bien maussade, la pluie tapait fort sur les toits métalliques de La Plagne, le froid saisissait ces corps maigres déjà asséchés par trois semaines d’efforts, mais quand même, on n’avait jamais vu un Maillot Jaune tirer une tronche pareille au soir de la dernière étape de montagne du Tour de France, à deux jours d’un sacre à Paris. Engoncé sous plusieurs couches de vêtements, Tadej Pogacar n’a pas traîné sur le podium où on lui remettait sa 52e tunique dorée, une de plus que Jacques Anquetil désormais, et son maillot blanc à pois rouges qu’il a quasi sécurisé jusqu’aux Champs-Élysées, à peine un sourire et il avait disparu.Dans l’ascension vers La Plagne, Tadej Pogacar, Jonas Vingegaard dans sa roue, n’a pas lutté pour reprendre Thymen Arensman.

On comprend que la fatigue se soit installée, qu’il soit usé mentalement, le cerveau limé par tout ce protocole auquel il doit se plier, mais il sait bien que cela fait partie de son boulot et d’autres sont passés par là avant lui. Ses bouderies, ses grognements, sa mauvaise humeur de manière générale depuis plusieurs jours brouillent, parasitent l’ambiance de cette fin de Tour de France, car comment s’enthousiasmer si le Maillot Jaune lui-même donne l’impression de s’ennuyer, de vivre une expérience pénible, de bouder son plaisir alors qu’il a réalisé une course exceptionnelle, quatre victoires d’étape, une maîtrise totale?

Et que doit alors penser cette armée de figurants qui l’a escorté dans son triomphe, justes bons à faire le nombre et à subir son rythme frénétique et sa toute-puissance ? Eux doivent compter encore plus que lui les kilomètres jusqu’à Paris.

Audelà de la fatigue, le champion du monde exprime sa frustration et sa lassitude de devoir se soumettre à un format qu’il apprécie moins, qui l’oblige à courir contre-nature, avec le frein à main, en gestion, comme souvent depuis le départ de Lille. Le Tour de France le contraint, et c’est inhabituel pour lui, car dans son monde c’est l’inverse qui se produit.

Il diffuse le même mal-être que Mathieu Van der Poel avait exprimé à l’égard de la Grande Boucle, et cette similitude nous convainc encore davantage que le Néerlandais est son double, celui qui se rapproche le plus du glouton slovène, son alter ego, son frère d’armes, deux coureurs de classiques, avec la même philosophie, un dossard, une victoire, quand Jonas Vingegaard est le cousin un peu éloigné qu’on retrouve en vacances au mois de juillet et qu’on aime bien rosser.

Pogacar aime Van der Poel pour la magnitude du défi qu’il lui impose, sur les Monuments, mais aussi dans les étapes de puncheurs de début de Tour, parce qu’il sait qu’il peut lui faire mal, le pousser loin dans ses retranchements.

Jonas Vingegaard a évolué dans de très hautes sphères sur ce Tour, notamment en troisième semaine, mais cela n’a pas suffi pour titiller ou même stimuler son rival, qui l’a juste écrasé et s’est ensuite embêté au fil de journées qui se ressemblaient trop pour lui.

Mais davantage que le Danois ou l’opposition dans son ensemble, c’est le niveau démentiel de Pogacar qui est au fondement de son ennui et de son coup de blues, le gars trop doué qui trouve le temps long en classe.

S’il a fallu courir à l’économie certains jours, on ne comprend en revanche pas pourquoi le Maillot Jaune ne s’est pas offert un petit plaisir hier sur les pentes de La Plagne, mettre une cacahuète le dernier jour de montagne et on ne va pas nous raconter qu’il avait peur de se faire contrer. Tout était en place pour qu’il se soigne avec une nouvelle victoire, le groupe des favoris, bien aminci, avait repris Primoz Roglic au pied de la dernière ascension, Thymen Arensman avait eu le cran d’attaquer les gros bras à 14km du sommet mais il restait à la pogne de Pogacar, à quelques dizaines de secondes devant.

Le leader des UAE avait été chercher le Néerlandais d’Ineos une première fois, avec Vingegaard dans sa roue, il avait ensuite accéléré pour voir, à sept kilomètres du but, mais Vingegaard, Oscar Onley et Florian Lipowitz s’agrippaient à sa roue. Ses compagnons le laissèrent assurer seul la poursuite derrière Arensman, c’est de bonne guerre, mais c’est là que le Maillot Jaune décida de tout bazarder, à l’exception de tout faire pour priver son ennemi intime d’une victoire et le meilleur moyen pour cela était de laisser l’homme à l’avant voler vers sa deuxième victoire d’étape dans ce Tour après Superbagnères.

Vingegaard n’a pas fait grand-chose pour être en position de l’emporter

Jonas Vingegaard avait bien en tête de jouer la gagne en haut de La Plagne, histoire de ne pas rentrer bredouille, de se consoler un peu, mais, même si on ne sous-estime pas la difficulté à déposer Pogacar, il n’a pas fait grand-chose pour au moins être en position de l’emporter, d’avoir une petite chance de lever les bras. Pas un relais pour ramener Arensman et tout jouer sur un sprint, pas une attaque d’un peu plus loin pour essayer de déposer ses adversaires, le Danois a dû se contenter des miettes, une deuxième place à l’arrivée ainsi que la première fois de la Grande Boucle qu’il devançait Pogacar sur la ligne d’une étape de montagne et qu’il lui reprenait du temps de toute l’épreuve, à savoir deux secondes de bonifications. Bien dérisoire. Florian Lipowitz, lui, n’a pas hésité à s’employer pour remplir son objectif et alors qu’Oscar Onley s’était rapproché de lui jeudi au col de la Loze, l’Allemand a sans doute mis un coup de chausson définitif aux ambitions de l’Écossais de monter sur le podium à Paris. Onley a battu de l’aile à un peu plus de 2km de l’arrivée et Lipowitz avait encore les ressources pour accélérer, l’éliminer et le reléguer à 1’03’’ au général.

Le troisième homme n’aura pas besoin de payer un coup ce week-end à Primoz Roglic, tant il ne lui a servi à rien hier. Le Slovène a attaqué dès le col du Pré, il s’est entêté à l’avant alors que son aventure n’avait aucune chance d’aboutir, puis il a totalement explosé (27e à 12’39’’), sans jamais aider son équipier qui se battait pour un podium final dans le Tour de France, dans une nouvelle démonstration de son grand sens collectif.

Kévin Vauquelin a lui connu une sale journée, en difficulté dans le terrible col du Pré, puis lâché dans la descente tellement il était carbonisé. Le Français a laissé 6’18’’ à l’arrivée, les Alpes et la troisième semaine ont été très rudes pour lui, mais s’il a été doublé par Tobias Johannessen au général, il a mis Roglic dans ses rétroviseurs et donc cadenassé une 7e place à Paris, ce qui est assez remarquable puisqu’il jouait placé pour la première fois dans le Tour.

Aujourd’hui, les favoris vont rester à la niche, mais tous les autres tenter de s’inviter à la fête vers Pontarlier, 3000m de dénivelé positif sur un parcours cabossé où la bagarre s’annonce féroce. Et où le Maillot Jaune, débarrassé de la pression, retrouvera peut-être le sourire.

***

Sulla salita verso La Plagne, Tadej Pogačar, con Jonas Vingegaard alle sue ruote, non ha lottato per riprendere Thymen Arensman.

AL LIMITE

POGACAR NE HA ABBASTANZA

Tadej Pogačar ha "lasciato" l'ultima tappa di montagna del Tour de France a Thymen Arensman. A due giorni dalla sua incoronazione a Parigi, la maglia gialla sembrava più stanco che felice.

È proprio il livello pazzesco di Pogačar che è alla base della sua noia e della sua malinconia.

26 luglio 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

LA PLAGNE (SAVOIE) – D'accordo, il tempo era davvero brutto, la pioggia batteva forte sui tetti metallici di La Plagne, il freddo attanagliava quei corpi magri già prosciugati da tre settimane di sforzi, ma comunque non si era mai vista una maglia gialla con un'espressione del genere la sera dell'ultima tappa di montagna del Tour de France, a due giorni dalla consacrazione a Parigi. Avvolto in diversi strati di vestiti, Tadej Pogačar non si è attardato sul podio dove gli è stata consegnata la sua 52ª maglia color oro, una in più di Jacques Anquetil, e quella bianca a pois rossi che si è quasi assicurato fino agli Champs-Élysées, ha appena accennato un sorriso ed è sparito. 

È comprensibile che sia stanco, che sia mentalmente provato, con il cervello logorato da tutte le procedure a cui deve sottostare, ma sa bene che fa parte del suo lavoro e che altri prima di lui hanno vissuto la stessa esperienza. Il suo broncio, i suoi brontolii, il suo malumore generale da diversi giorni confondono e disturbano l'atmosfera di questa fine del Tour de France, perché come si può essere entusiasti se la stessa maglia gialla dà l'impressione di annoiarsi, di vivere un'esperienza penosa, di nascondere la sua gioia nonostante abbia disputato una gara eccezionale, con quattro vittorie di tappa e un dominio totale?

E che cosa dovrebbe pensare allora quell'esercito di comparse che lo ha scortato nel suo trionfo, buone solo a fare numero e a subire il suo ritmo frenetico e la sua onnipotenza? Loro devono contare ancora più di lui i chilometri che mancano a Parigi.

Al di là della stanchezza, il campione del mondo esprime la sua frustrazione e la sua stanchezza nel doversi sottomettere a una formula che meno gli piace, che lo costringe a correre contro natura, con il freno a mano tirato, in gestione, come spesso è successo dalla partenza da Lille. Il Tour de France lo limita, e questo è insolito per lui, perché nel suo mondo accade il contrario.

Trasmette lo stesso malessere che Mathieu van der Poel aveva manifestato nei confronti della Grande Boucle, e questa somiglianza ci convince ancora di più che il neerlandese sia il suo duale, quello che più si avvicina al goloso sloveno, il suo alter ego, il suo fratello d'armi, due corridori di classiche, con la stessa filosofia, un dorsale, una vittoria, mentre Jonas Vingegaard è il cugino un po' lontano che si ritrova in vacanza a luglio e che ci piace tormentare.

Pogačar adora van der Poel per la grandezza della sfida che gli impone, nelle Monumento, ma anche nelle tappe da puncheur all'inizio del Tour, perché sa che l'altro può fargli male, spingerlo al limite.

Jonas Vingegaard ha gareggiato ad altissimi livelli in questo Tour, in particolare nella terza settimana, ma non è stato sufficiente per stuzzicare o anche solo stimolare il suo rivale, che lo ha semplicemente schiacciato e che poi si è annoiato nel corso di giornate troppo simili tra loro per i suoi gusti.

Ma più che il danese o l'opposizione nel suo complesso, è il livello pazzesco di Pogačar che è alla base della sua noia e della sua malinconia, il ragazzo troppo dotato che trova lungo il tempo in classe.

Se alcuni giorni è stato necessario correre con parsimonia, non si capisce invece perché la maglia gialla non si sia concesso un piccolo piacere ieri sulle pendici di La Plagne, mettendo un punto alla giornata di montagna, e non ci venga detto che aveva timore di essere contrastato. Tutto era pronto per regalargli una nuova vittoria: il gruppo dei favoriti, ormai ridotto, aveva ripreso Primož Roglič ai piedi dell'ultima salita, Thymen Arensman aveva avuto il coraggio di attaccare i big a 14 km dalla vetta, ma era rimasto alle spalle di Pogačar, a poche decine di secondi di distanza.

Il leader della UAE Emirates-XRG aveva raggiunto il neerlandese della Ineos-Grenadiers una prima volta, con Vingegaard a ruota, poi aveva accelerato, a sette chilometri dal traguardo, ma Vingegaard, Oscar Onley e Florian Lipowitz gli stavano attaccati. I compagni lo hanno lasciato inseguire da solo Arensman, il che è lecito, ma è stato allora che la maglia gialla ha deciso di mandare tutto all'aria, tranne che fare di tutto per privare il suo nemico intimo di una vittoria, e il modo migliore per farlo era lasciare che il battistrada volasse verso la sua seconda vittoria di tappa in questo Tour dopo Superbagnères.

Vingegaard non ha fatto molto per mettersi nella posizione di poter vincere

Jonas Vingegaard aveva ben chiaro in mente di puntare alla vittoria in cima a La Plagne, per non tornare a mani vuote e almeno consolarsi un po', ma, pur senza sottovalutare la difficoltà di staccare Pogačar, non ha fatto granché per mettersi almeno nella posizione di poter vincere, di avere una piccola possibilità di alzare le braccia al cielo. Nessun cambio per riprendere Arensman e puntare tutto su uno sprint, nessun attacco da un po' più lontano per cercare di staccare gli avversari, il danese ha dovuto accontentarsi delle briciole, un secondo posto all'arrivo e la prima volta nella Grande Boucle in cui ha preceduto Pogačar sul traguardo di una tappa di montagna (le tappe di Dunkerque e Laval erano per velocisti, ndr)) e gli ha recuperato tempo nell'intera gara, ovvero due secondi di abbuono. Davvero irrisorio. Florian Lipowitz, dal canto suo, non ha esitato a impegnarsi per raggiungere il suo obiettivo e, mentre Oscar Onley si era avvicinato a lui giovedì sul Col de la Loze, il tedesco ha dato il colpo di grazia alle ambizioni dello scozzese di salire sul podio a Parigi. Onley ha ceduto a poco più di 2 km dall'arrivo e Lipowitz aveva ancora le risorse per accelerare, eliminarlo e relegarlo a 1'03'' nella classifica generale.

Il "terzo uomo" non dovrà pagare il conto questo fine settimana a Primož Roglič (il suo capitano alla Red Bull-Bora-hansgrohe, ndr), dato che ieri non gli è servito a nulla. Lo sloveno ha attaccato fin dal Col du Pré, si è ostinato in testa anche se la sua impresa non aveva alcuna possibilità di successo, poi è completamente crollato (27° a 12'39''), senza mai aiutare il suo compagno di squadra che lottava per un podio finale al Tour de France, in una nuova dimostrazione del suo grande senso del collettivo.

Kévin Vauquelin ha avuto una brutta giornata, in difficoltà sul terribile Col du Pré, poi staccato nella discesa perché era completamente esausto. Il francese ha perso 6'18'' all'arrivo, le Alpi e la terza settimana sono state molto dure per lui, ma se è stato superato da Tobias Johannessen nella classifica generale, ha messo Roglič nei suoi specchietti retrovisori e quindi si è assicurato il 7° posto a Parigi, il che è abbastanza notevole dato che è alla sua prima partecipazione al Tour.

Oggi i favoriti resteranno in disparte, ma tutti gli altri cercheranno di partecipare alla festa verso Pontarlier, con 3000 m di dislivello positivo su un percorso accidentato nel quale la lotta si preannuncia feroce. E dove la maglia gialla, liberata dalla pressione, potrà forse ritrovare il sorriso.

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