PREMIÈRES DÉCHARGES


Courue autour de Lille, devant une foule immense, 
la première étape du Tour de France 2025 a été particulièrement électrique.

LA FUSÉE JAUNE

6 Jul 2025 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL ALEXANDRE ROOS

LILLE – Elle a toujours le même goût, cette première gorgée de Tour de France, avec cette sensation de quitter nos ports d’attache pour un long voyage, le teint encore frais, les cheveux qui volettent dans l’embrasure de la fenêtre de la voiture, les malles encore pleines de linge propre et nos rêves intacts, pour retrouver des couleurs et des parfums familiers qu’on avait un peu oubliés mais qu’on allait reconnaître aussitôt.

Pour une première journée, celle d’hier fut un classique du genre, dont on pouvait deviner la promesse de chaos dès les faubourgs de Lille derrière nous, quand on découvrit les drapeaux fouettés, les T-shirts ondulés par le vent. Avec une boucle dessinée autour de la métropole nordiste, les rafales souffleraient forcément, à un moment, dans un sens favorable à la bagarre, à la sortie d’un village en fête sans l’abri des maisons basses de briques rouges, dans la plaine de l’ancien bassin minier boutonnée d’immenses terrils coniques, dans le souvenir que si le Nord et le Pas-de-Calais sont des terres accueillantes autour des pompes à bière, elles restent inhospitalières une fois sur un vélo.

Les Visma ont mis le feu mais n’ont pas ébranlé Pogacar

La première échappée du Tour de France, initiée par Mattéo Vercher, fila sans véritable bataille, le coureur de TotalEnergies s’offrit même un peu de rabiot en tête avec Benjamin Thomas, jusqu’à ce que le rouleur de Cofidis glisse sur le pavé de Cassel et fauche son compagnon, mais ce calme était trompeur. Il y aurait de la casse, de la nervosité dans cette première étape où les pistolets sont toujours chargés et où les premières décharges n’allaient pas tarder à frapper. Les premières allumettes furent grattées à 106 km du but, avec les Alpecin, les Lidl-Trek et les UAE aux affaires, on vit d’autres étincelles après la descente du mont Cassel, cette fois avec les Soudal Quick-Step aux manettes, mais le feu prit bien plus loin, à 18 kmde Lille, quand Jonas Vingegaard et ses Visma enclenchèrent, alors que les bourrasques venaient mordre de côté.

On avait déjà vu le Danois se mettre en action pour aller récupérer un point au classement de la montagne en haut du mont Noir, une manoeuvre qui demeure brumeuse, qu’on espère causée par une simple impulsion naturelle, un mouvement anecdotique qui ne trahit pas un manque d’ambition. Tout le contraire de ce qu’on vit d’ailleurs dans le final, où le double vainqueur du Tour mit lui-même des bûches pour que l’incendie se propage et que l’aventure aille au bout. La formation néerlandaise a dû composer avec la mauvaise journée de Simon Yates et l’absence de Wout Van Aert dans la première bordure, signe que le Belge n’avait pas ses meilleures jambes, mais elle a dévoilé ses intentions dans ce début de Tour.

Les Frelons n’ont pas ébranlé Tadej Pogacar, bien protégé par Tim Wellens, mais ils ne vont pas attendre pour essayer de bousculer le champion du monde, ce qui est la meilleure nouvelle pour la suite. Sous leur impulsion, un groupe d’une quarantaine de coureurs, où l’on trouvait notamment un Kévin Vauquelin bien aux aguets, se détacha ainsi du paquet et derrière, les deux favoris de l’étape, Tim Merlier et Jonathan Milan, furent piégés, avec un paquet d’outsiders pour le général, Remco Evenepoel, les deux lames de Red Bull-BoraHansgrohe, Primoz Roglic et Florian Lipowitz, Carlos Rodriguez ou encore Mattias Skjelmose, qui déboursèrent 39 secondes sur la ligne.

Pilule amère pour Evenepoel et Merlier

Il y avait deux manières de lire cette perte, s’alarmer que la situation était déjà assez désespérée avant le départ pour ne pas s’ajouter un handicap dès la première étape de plaine, ou se dire que de toute manière seuls les deux monstres étaient à l’avant, avec Matteo Jorgenson éventuellement, et que donc cela ne changeait pas grand-chose. La pilule est tout de même un peu plus amère pour l’équipe d’Evenepoel, inattentive au moment de la bordure, qui a grillé la chance de Tim Merlier d’enfiler le maillot jaune et qui s’est surtout fait piéger sur son terrain de jeu favori, une preuve supplémentaire que la formation belge est en train de perdre son identité sans que l’on sache quelle sera la nouvelle, sinon soutenir le double champion olympique, qui ne restera peutêtre pas éternellement.

En attendant, les rois des flahutes, ce sont désormais les Alpecin, qui se sont retrouvés à cinq dans le bon coup et n’ont pas hésité à relayer les Visma. Dans cette configuration, Jasper Philipsen était injouable, mis sur orbite par Mathieu Van der Poel et Kaden Groves, et le Belge a facilement dominé Biniam Girmay et Soren Wærenskjold pour remporter sa 10e victoire dans le Tour de France. Il y avait un voile de mystère autour de la forme de Philipsen, après tout il n’avait levé les bras qu’à deux reprises cette saison, mais il faut croire qu’il appartient à cette espèce de tueurs qui se réveillent au matin des grandes occasions, quand il y a un maillot jaune en jeu, par exemple.

Pour le reste, au fil de cette journée frénétique, le Tour a déjà prélevé son dû et rappelé sa nature cruelle, en envoyant à la maison Filippo Ganna et Stefan Bissegger, au sol Ben O’Connor et en accablant Lenny Martinez. Le lutin français est paru faible, probablement malade, largué à plusieurs reprises, dans toutes les côtes, sans que l’encadrement de Bahrain ne juge bon de l’aider, de lui adjoindre un équipier pour alléger ses souffrances. Le Tour est parti et les palpitations ne risquent pas de descendre aujourd’hui, dans le final accidenté vers Boulogne-sur-Mer, où on verrait bien Mathieu Van der Poel montrer les dents.

***

Corsa intorno a Lille, davanti a una folla immensa, 
la prima tappa del Tour de France 2025 è stata particolarmente elettrica.

PRIME VITTIME

IL RAZZO GIALLO

6 lug 2025 - La squadra
DALL'INVIATO SPECIALE ALEXANDRE ROOS

LILLE - Ha sempre lo stesso sapore quel primo sorso di Tour de France, con la sensazione di lasciare i porti di casa per un lungo viaggio, con la carnagione ancora fresca, i capelli che svolazzano sul finestrino dell'auto, i bauli ancora pieni di vestiti puliti e i sogni intatti, per riscoprire colori e profumi familiari che avevamo un po' dimenticato, ma che avremmo subito riconosciuto.

Per essere la prima giornata, la tappa di ieri è stata un classico nel suo genere, e abbiamo visto la promessa di caos non appena ci siamo lasciati alle spalle la periferia di Lille, quando abbiamo scoperto le bandiere e le magliette sventolate dal vento. Con un anello disegnato intorno alla metropoli del Nord, le raffiche erano destinate a soffiare, a un certo punto, in una direzione favorevole alla corsa, alla periferia di un villaggio che festeggiava senza il riparo delle basse case in mattoni rossi, nella pianura dell'ex bacino minerario costellata di immensi cumuli di scorie coniche, nel ricordo che se il Nord e il Pas-de-Calais sono terre accoglienti intorno alle spinatrici di birra, restano inospitali una volta in bicicletta.

La Visma ha infiammato la tappa ma non ha scosso Pogacar

La prima fuga del Tour de France, propiziata da Mattéo Vercher, è andata via senza una vera battaglia e il corridore della Total Energies ha persino goduto di un po' di rabbia in testa alla corsa con Benjamin Thomas, fino a quando il corridore della Cofidis è scivolato sul pavé di Cassel e ha superato il suo compagno, ma la calma era ingannevole. Ci sarebbero state rotture e nervosismo in questa prima tappa, dove le armi erano ancora cariche e i colpi sarebbero stati sparati presto. I primi sono stati esplosi a 106 km dall'arrivo, con Alpecin-Deceuninck, Lidl-Trek e UAE Emirates-XRG in testa, e ci sono state altre scintille dopo la discesa del Mont Cassel, questa volta con la Soudal-QuickStep davanti, ma il fuoco è iniziato molto più indietro, a 18 km da Lille, quando Jonas Vingegaard e la sua Visma-Lease a Bike si sono accesi, proprio mentre le raffiche arrivavano di lato.

Avevamo già visto il danese entrare in azione per recuperare un punto nella classifica di montagna in cima al Mont Noir, una manovra che rimane nebbiosa, e speriamo sia stata causata da un semplice impulso naturale, una mossa aneddotica che non tradisce una mancanza di ambizione. Tutto il contrario di quello che abbiamo visto nel finale, dove il due volte vincitore del Tour ha messo lui stesso i ceppi sul fuoco affinché l'incendio si propagasse e l'avventura arrivasse fino in fondo. La squadra neerlandese ha dovuto fare i conti con una giornata storta di Simon Yates e con l'assenza di Wout Van Aert nella prima fuga, segno che il belga non aveva le gambe migliori, ma ha mostrato le sue intenzioni all'inizio del Tour.

I Calabroni non hanno però scosso Tadej Pogacar, ben protetto da Tim Wellens, ma non aspetteranno di provare a spingere il campione del mondo, e questa è la migliore notizia per il resto della corsa. Sotto il loro impulso, un gruppo di una quarantina corridori, tra cui un attentissimo Kévin Vauquelin, si è staccato dal plotone e dietro di loro i due favoriti per la tappa, Tim Merlier e Jonathan Milan, Remco Evenepoel, i due corridori della Red Bull-Bora-hansgrohe Primoz Roglic e Florian Lipowitz, Carlos Rodriguez e Mattias Skjelmose, che hanno perso 39 secondi sul traguardo.

Pillola amara per Evenepoel e Merlier

Ci sono due modi di guardare a questa sconfitta: allarmarsi per il fatto che la situazione era già abbastanza disperata prima della partenza per non aggiungere un handicap nella prima tappa pianeggiante, oppure dire che in ogni caso solo i due mostri erano in testa, eventualmente con Matteo Jorgenson, quindi non faceva molta differenza. La pillola è un po' più amara per la squadra di Evenepoel, che è stata disattenta nel finale, ha perso l'occasione di Tim Merlier di (provare a) indossare la maglia gialla ed è rimasta intrappolata sul suo terreno di gioco preferito, a ulteriore riprova del fatto che la squadra belga sta perdendo la sua identità senza sapere quale sarà la nuova, se non quella di sostenere il doppio campione olimpico, che potrebbe non rimanere per sempre.

Nel frattempo, i re dei flahute sono ora all'Alpecin, che si è ritrovata con cinque vittorie in fila e non ha esitato a prendere il posto della Visma-Lease a Bike. In questa configurazione, Jasper Philipsen è stato ingiocabile, lanciato in orbita da Mathieu van der Poel e Kaden Groves, e il belga ha dominato facilmente Biniam Girmay e Soren Wærenskjold per conquistare la sua decima vittoria al Tour de France. C'era un velo di mistero intorno alla forma di Philipsen, dopotutto aveva alzato le braccia solo due volte in questa stagione, ma bisogna credere che appartenga a quella specie di killer che si svegliano la mattina delle grandi occasioni, quando c'è in palio una maglia gialla, per esempio.

Per il resto, il Tour ha già fatto sentire il suo peso e ci ha ricordato la sua natura crudele, mandando a casa Filippo Ganna e Stefan Bissegger, mettendo a terra Ben O'Connor e travolgendo Lenny Martinez. Il folletto francese è apparso debole, probabilmente malato, caduto più volte, su tutte le salite, senza che la dirigenza della Bahrain-Victorious abbia ritenuto opportuno aiutarlo, dargli un compagno di squadra per alleviare le sue sofferenze. Il Tour è iniziato e non è detto che le palpitazioni si plachino oggi, nel finale collinare verso Boulogne-sur-Mer, dove potremmo vedere Mathieu van der Poel mostrare i denti.

***



PHILIPSEN - La force tranquille

PHILIPPE LE GARS

Le sprinteur belge, vainqueur hier et premier Maillot Jaune du Tour, ne laisse rien au hasard pour atteindre ses objectifs. Celui-ci était inscrit depuis longtemps, quitte à s’asseoir sur un début de saison moins clinquant.

LILLE – Il suffit de suivre le parcours de Jasper Philipsen depuis ses tout débuts pour comprendre le personnage. Né à Mol (BEL) comme Tom Boonen, son idole qu’il a accompagnée à l’entraînement quelques fois lorsqu’il était jeune, il a ensuite appris son métier sous les ordres d’Axel Merckx dans l’équipe américaine Hagens Berman Axeon avant de rejoindre l’UAE, quasiment au moment même de l’éclosion de Tadej Pogacar. De quoi comprendre qu’il ne serait jamais une priorité dans cette structure des Émirats.

Mauro Gianetti, le manager du Slovène, n’a jamais vraiment essayé de le garder, prétextant que son sprinteur belge « cherchait une équipe plus modeste que la nôtre » alors qu’en fait, c’est surtout d’un espace vital que ce dernier avait le plus besoin. Son arrivée en 2021 auprès des frères Roodhooft chez Alpecin, qui n’était pas encore en World Tour, correspondait plus à son tempérament. « Je voulais avoir ma place et être reconnu comme un enfant de la famille », expliqua-t-il un jour pour justifier ce choix étrange de préférer les risques d’une petite structure plutôt que d’être un équipier avec un salaire (presque) de leader chez UAE.

Le déroulement du final hier et surtout la démonstration depuissance deséquipiers de Mathieu Van der Poel au service de Philipsen (27 ans) dans les rues de Lille (ils étaient quatre autour de lui) pourraient servir de leçon aux sceptiques de cette époque pas si lointaine. « Ce qui s’est passé dans le dernier kilomètre aujourd’hui ( hier) est une expérience inouïe à vivre, avoua-t-il après l’arrivée. Vivre une victoire personnelle comme celle d’une équipe est très rare, je ne l’oublierai jamais. » Pour y parvenir, il lui a fallu aussi se blinder une personnalité auprès de Philip et Christoph Roodhooft qui avaient initialement monté leur équipe au service de leur leader de toujours, Van der Poel, qu’ils accompagnaient depuis ses jeunes années en cyclo-cross.

Il y avait surtout déjà un sprinteur dans l’équipe belge, un certain Tim Merlier, récupéré presque par hasard en 2019 alors qu’il venait du cyclo-cross et qu’il brillait sur des kermesses flamandes. Les deux hommes aux caractères tellement différents, Merlier l’introverti et Philipsen l’expressif, d’abord complémentaires sont devenus rivaux. Le premier s’est vite retrouvé isolé alors que le second avait déjà noué des liens très forts avec l’omnipotent Van der Poel.

Merlier fut ainsi prié d’oublier ses ambitions au sprint dès le lendemain de sa victoire au début du Tour 2021 à Pontivy (Morbihan), alors qu’il venait de battre ce même Philipsen. Si l’équipe tenta de noyer le poisson devant les médias, la guerre entre les deux sprinteurs maison était déclarée et allait vite tourner à l’avantage de Philipsen, qui avait obtenu de sa direction que Merlier se mette à son service. Seul aux commandes l’année suivante en 2022, il entamait sa vendange de victoires sur le Tour de France avec deux premiers succès dont le plus beau sur les Champs-Élysées, royaume des sprinteurs.

Il s’est alors inspiré de Wout Van Aert pour travailler son physique et sortir de l’ordinaire du pur sprinteur. Il a compensé son manque de puissance à l’époque par un sens du placement et une confiance totale en ses équipiers lors des sprints, dont Van der Poel qui a pris l’habitude de se muer en poisson-pilote pour son pote après avoir dominé la saison des classiques. Le Néerlandais s’est même assissursesambitionsdanslefinaldeMilanSanRemol’anpassé, replaçant sonsprinteur avant la Via Roma. Le Belge lui avait rendu la monnaie sur Paris-Roubaix trois semaines plus tard, « parce que notre esprit d’équipe est au-dessus de tout, expliquait-il alors, Mathieu m’aaidé àgagner àSanRemo, c’est normal que j’en fasse de mêmeàRoubaix. »

Voilà donc comment l’équipe Alpecin-Deceuninck fonctionne, en agençant ses pions avec une harmonie exemplaire. Si certains s’interrogeaient avant le départ de ce Tour sur ce que venait faire dans l’édifice Philipsen-Van der Poel, l’Australien Kaden Groves, néophyte sur la Grande Boucle, lui-même sprinteur mais confiné à briller seulement sur la Vuelta et sur le Giro (7 et 2 victoires depuis 2022), la réponse est tombée dès le premier jour. Lui aussi s’est fondu dans ce train intraitable des Alpecin, mettant à mal les idées reçues sur l’égoïsme prétendument exacerbé des purs sprinteurs.

« Savoir qu’on fait partie d’un groupe pareil est reposant pour l’esprit », expliquait Philipsen alors qu’on l’imaginait en manque de confiance avec seulement deux victoires cette saison, deux fois moins que les autres années avant le départ du Tour. « Je suis resté calme car on a appris à faire les choses sans se prendre la tête. Si je n’ai pas été performant autant que je l’aurais souhaité depuis le début de la saison, je savais que ça n’aurait aucune influence sur le Tour. On a beaucoup travaillé sur ces premières étapes car on savait que ça serait très nerveux. »

Il ne faut pas beaucoup d’explications au Belge pour assimiler toutes ces données, car derrière l’instinct agressif du sprinteur se cache un personnage ultrasensible, attaché à son environnement, sa principale source de confiance. Avec le maillot jaune au départ de Lauwin-Planque, c’est toute son histoire avec le Tour de France qui s’en trouve bouleversée. « Une dixième victoire, c’est magnifique, mais avec ce maillot en plus, c’est un rêve que je n’osais pas faire. »

***

EN BREF

27 ANS
Belge 1,76m, 75 kg. Équipe : AlpecinDeceuninck
Palmarès : 54 victoires dont Milan - San Remo 2024 et 3 étapes de la Vuelta.
Ses Tours de France : 6e participation. Meilleur classement : 91e. 10 victoires d’étape. Maillot vert en 2023.

Commenti

Post popolari in questo blog

Dalla periferia del continente al Grand Continent

I 100 cattivi del calcio

Chi sono Augusto e Giorgio Perfetti, i fratelli nella Top 10 dei più ricchi d’Italia?