Taylor at the starting line in 1901, shaking
hands with his competition, Edmond Jacqueline.
Ce sprinteur intrépide, descendant d'esclaves, est l'un des premiers Africains-Américains à s'illustrer par le sport. Victime de ségrégation États-Unis, le Major décide alors de tenter sa chance en France, au début du XXe siècle. A-t-il trouvé une nation d'accueil?
Henry Desgrange, le père du Tour, défend Major Taylor : « Le sport n'a pas de patrie ni de race. »
PIERRE CARREY
Miroir du cyclisme - n. 475/2025
Pour échapper à la haine raciale, aux cris de singe et aux menaces de mort, Major Taylor, alias «le Nègre volant » sur les affiches, de son vrai nom Marshall Walter Taylor, a essayé de devenir blanc. Il suffisait d'une crème magique, lui avait promis son imprésario, et tout s'arrangerait. Ce petit-fils d'esclaves, attraction et répulsion du public de Madison Square Garden, pourrait enfin exercer son art du sprint... Mais la maudite lotion ne fit rien d'autre que lui brûler la peau du visage. Depuis ce jour, le Major décréta: « Ma couleur, c'est ma chance », et, à 23 ans, il partit courir en France et en Europe.
Mars 1901. Deuxième nuit d'hôtel à Paris. Le champion, venu avec sa femme, se fait refouler par les propriétaires. Pas de Noirs sous leurs lambris... Il s'installe donc dans une banlieue populaire nommée Neuilly, près du vélodrome Buffalo. Le journal le Vélo, dans une saillie coloniale, décrit son «air très sombre, (...) ce qui est bien naturel chez un Nègre ». Mais beaucoup de préjugés cèdent grâce à la joute qui l'oppose à Edmond Jacquelin. L'Africain-Américain champion du monde de vitesse 1899 à Montréal contre le meilleur pistard français.
Pied de nez
Première manche le 16 mai 1901, au Parc des Princes. Jacquelin s'impose et gratifie Taylor d'un pied de nez. Certains journaux félicitent néanmoins le « Nègre»; d'autres, comme le Soleil, un quotidien dans la pire tradition royaliste, décrètent que ce duel «vient de contribuer à mettre en évidence la supériorité de la race blanche sur la race noire »... Neuf jours plus tard, Taylor détrône Jacquelin, et les 30 000 spectateurs hurlent leur admiration. Le Major écrit: « Les passionnés de bicyclette en France acclament le vainqueur, quel qu'il soit...»
Une méchante rumeur insinue que Taylor aurait reçu sa prime de 37 500 francs en pièces de 10 centimes, transportées à la brouette... Le promoteur du match, un certain Henri Desgrange, bientôt le géniteur du Tour de France, se serait ainsi vengé de ne pas avoir Jacquelin pour vainqueur... C'est ce que certifient des livres apocryphes, pour épaissir le drame déjà compact du racisme. Mais Desgrange, au contraire, prend la défense du Major dans son journal, l'Auto-Vélo. Le «patron» réfute les accusations d'un «chiqué»-comprendre d'un combat arrangé entre Taylor et Jacquelin. Deux ans plus tard, Desgrange dénonce l'ostracisme dont les hommes de couleur sont victimes en Amérique » et rappelle que « le sport n'a pas de patrie ni de race». Le père du Tour estime que Taylor a trouvé sur les vélodromes de Paris, Roubaix, Nantes, Orléans, Bordeaux, Toulouse, Lyon et même Agen sa «patrie d'élection ». Le pistard américain roule d'ailleurs sur cycles Peugeot, cadre acier et jantes en bois, braquet de 28x9, équivalent d'un 56x18 moderne.
Après une dernière tournée européenne en 1908, Major Taylor rentre à Chicago, enfin reconnu, aimé et riche à millions. Il ouvre un commerce de pneus. Puis c'est la ruine. Divorce, pauvreté, il meurt d'un infarctus en 1932, à 53 ans. Son nom glisse dans l'oubli. Redécouvert en Amérique et en France, le Major Taylor est depuis 2023 le gardien du vélodrome couvert de Roubaix. Son buste a été sculpté par des lycéens de la région et posé sur un socle de Plexyglas, symbole du plafond de verre que le champion noir a dû percer pour atteindre les sommets.
Pierre Carrey
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MAJOR TAYLOR (1878-1932)
Questo intrepido velocista, discendente di schiavi, è uno dei primi afroamericani a distinguersi nello sport. Vittima della segregazione razziale negli Stati Uniti, Major decide allora di tentare la fortuna in Francia, all'inizio del XX secolo, ma trovò una nazione che lo accolse?
Henry Desgrange, il padre del Tour, difende Major Taylor: «Lo sport non ha patria né razza».
PIERRE CARREY
Miroir du cyclisme - n. 475/2025
Per sfuggire all'odio razziale, alle urla di scimmia e alle minacce di morte, Major Taylor, alias «il Negro volante» sui manifesti, il cui vero nome era Marshall Walter Taylor, cercò di diventare bianco. Bastava una polvere magica, che il suo impresario gli aveva promesso, e tutto si sarebbe sistemato. Questo nipote di schiavi, attrazione e repulsione del pubblico del Madison Square Garden, avrebbe potuto finalmente esercitare la sua arte dello sprint... Ma quella maledetta lozione non fece altro che ustionargli la pelle del viso. Da quel giorno, il "Maggiore" decretò: “Il mio colore è la mia fortuna” e, a 23 anni, partì per correre in Francia e in Europa.
Marzo 1901. Seconda notte in hotel a Parigi. Il campione, arrivato con sua moglie, viene respinto dai proprietari. Niente neri sotto i loro rivestimenti in legno... Si trasferisce quindi in un quartiere popolare chiamato Neuilly, vicino al velodromo Buffalo. Il giornale Le Vélo, in un'espressione coloniale, descrive il suo «aspetto molto cupo, (...) cosa del tutto naturale in un negro». Ma molti pregiudizi cedono grazie alla sfida che lo oppone a Edmond Jacquelin. L'afroamericano campione del mondo di velocità nel 1899 a Montreal contro il miglior pistard francese.
Una beffa
Il primo incontro si tenne il 16 maggio 1901 al Parco dei Principi. Jacquelin vinse e si prese una bella rivincita su Taylor. Alcuni giornali si congratulano comunque con il «Negro»; altri, come Le Soleil, un quotidiano della peggiore tradizione monarchica, decretano che questo duello «ha contribuito a mettere in evidenza la superiorità della razza bianca su quella nera»... Nove giorni dopo, Taylor detronizza Jacquelin e i 30.000 spettatori urlano la propria ammirazione. Il "Maggiore" scrive: “Gli appassionati di ciclismo in Francia acclamano il vincitore, chiunque egli sia...”
Una voce maligna insinua che Taylor avrebbe ricevuto il suo premio di 37.500 franchi in monete da 10 centesimi, trasportate con una carriola... L'organizzatore della gara, un certo Henri Desgrange, che presto sarebbe diventato l'ideatore del Tour de France, si sarebbe così vendicato di non aver visto Jacquelin vincitore... Questo è quanto attestano libri apocrifi, per rendere ancora più drammatico il già intenso tema del razzismo. Desgrange, al contrario, sul suo giornale, l'Auto-Vélo, difende il Maggiore. Il “patron” respinge le accuse di “chiqué”, ovvero di un incontro truccato tra Taylor e Jacquelin. Due anni dopo, Desgrange denuncia l'ostracismo di cui in America sono vittime gli uomini di pelle scura e ricorda che “lo sport non ha patria né razza”. Il padre del Tour riteneva che Taylor avesse trovato nei velodromi di Parigi, Roubaix, Nantes, Orléans, Bordeaux, Tolosa, Lione e persino Agen la propria “patria d'elezione”. Il corridore statunitense correva su biciclette Peugeot, con telaio in acciaio e cerchi in legno, rapporto di trasmissione 28x9, equivalente a un moderno 56x18.
Dopo un ultimo tour europeo nel 1908, Major Taylor torna a Chicago, finalmente riconosciuto, amato e milionario. Apre un negozio di pneumatici. Poi arriva la rovina. Divorzio, povertà, muore di infarto nel 1932, a 53 anni. Il suo nome cade nell'oblio. Riscoperto in America e in Francia, dal 2023 Major Taylor è il "custode" del velodromo coperto di Roubaix. Il suo busto è stato scolpito dagli studenti delle scuole superiori della regione e posto su un piedistallo di plexiglas, simbolo del soffitto di vetro che il campione nero ha dovuto sfondare per raggiungere i vertici.
Pierre Carrey
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