Mort de Tylinski, la fin d’une époque
Champion de France avec Saint-Étienne en 1957 et 1964, l’ancien défenseur international venait d’un bourg minier d’Auvergne, La Combelle, qui aura formé une dizaine de pros des années 1950.
"Les mineurs s’identifiaient aux frères Tylinski et à Georges Bereta"
- JEAN-MICHEL LARQUÉ, ANCIEN CAPITAINE DES VERTS
18 Aug 2025 - L'Équipe
VINCENT DULUC
Avec la disparition de Richard Tylinski, samedi, à l’âge de 87 ans, se tourne une page de l’histoire de l’AS Saint-Étienne et, au-delà, du lien entre l’immigration, les bassins miniers et le football français. Par-delà ses 312 matches avec les Verts de 1954 à 1966, deux titres de champion en 1957 et 1964, la Coupe de France 1962 et trois sélections en équipe de France, la première à l’âge de 20ans, Tylinski aura illustré l’histoire exceptionnelle du club du bourg de La Combelle, de la commune d’Auzat-la-Combelle, 3 200 habitants dans les années 1950, moins de 2000 aujourd’hui.
Le CCA, La Combelle Charbonnier Association, dans le Puy-de-Dôme, à mi-chemin d’Issoire et de Brioude, aura formé une dizaine de joueurs professionnels dans les années 1950, dont trois internationaux, René Domingo, Koczur Ferry et Tylinski, tous formés par l’ancien professionnel stéphanois Jean Bourdier, qui était arrivé en 1945 avec la promesse d’un emploi aux mines, dans cette vallée de l’Auvergne.
Domingo (533 matches avec l’ASSE, un record), Émile Antonio (vainqueur de la Coupe de France avec Nice en 1954) et Ferry (champion de France avec Nice en 1959), dont la famille Domingo fut le tuteur à la disparition de ses parents qui avaient quitté la Hongrie pour trouver du travail en Auvergne, étaient dans la même classe à l’école primaire de La Combelle. Un jour de derby, Domingo, capitaine des Verts, s’était trouvé en face d’Antonio, capitaine de l’OL. Tylinski, lui, avait débarqué à Saint-Étienne en 1953, à 15ans, et ses origines minières et polonaises auront participé à sa popularité stéphanoise. «Les mineurs s’identifiaient aux frères Tylinski et à Georges Bereta» , se souviendrait Jean-Michel Larqué.
Richard (Tylinski), un défenseur central plutôt rude, que le journaliste Jean-Philippe Rethacker avait qualifié de «futur Robert Jonquet» , dans ces colonnes, avait été marqué par trois sélections en bleu assez difficiles, et par la grave blessure de son frère Michel, dont la carrière s’était arrêtée prématurément en 1958. Un troisième frère, Alfred, n’avait pas percé après avoir remporté la Gambardella avec les Verts.
La Combelle aura eu d’autres ressources encore, à la même époque, donnant au football professionnel Maryan Paszko (ASSE), Jean Renko (Sète), Constancio Rebello (Alès) et Pierre Valentek, qui deviendrait une figure du football nancéien. À la fin de sa carrière professionnelle, achevée à Avignon avec Angel Rambert, Tylinski était notamment devenu entraîneur en CFA de Brassac-les-Mines. À quelques kilomètres de La Combelle, bien sûr.

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