Bienvenue chez les Chtis... à vélo


Le mythique vélodrome de Roubaix n'est pas seulement lie lieu d'arrivée du Monument Paris-Roubaix : le mercredi après-midi, il est également le terrain d'entraînement des apprentis cyclistes...

Le Tour 2025 partira de Lille le 5 juillet, cinquième départ depuis la Seconde Guerre mondiale sur une terre où la pratique du cyclisme a rencontré la culture ouvrière, avec Paris-Roubaix comme Monument.

« Nombre de Flamands passaient la frontière à bicyclette 
pour venir travailler dans les usines de textile. »
   - Frédéric RESTIN

« Dans les Flandres, il y a un coureur cycliste dans chaque famille.
Le vélo, c'est une religion. »
   - Alain BONDUE
 
Lille, Roubaix (Nord), envoyé spécial.
Christophe Deroubaix
Photographies de Julien Jaulin
Miroir du cyclisme - n. 475/2025

Le quintuplé a 76 ans ! Une forme de précocité et une longévité certaine accompagnée d'une permanence dans la passion permettront à Christian Palka de rentrer dans un cercle fermé: celui des Chtis qui ont assisté à tous les départs du Tour de France depuis leur terre natale. Cinq départs qui en disent autant de l'évolution de l'épreuve que de cette figure incontournable du cyclisme local.

Une passion locale

La boucle est bouclée pour celui qui a traversé le dernier demi-siècle comme un trait d'union de l'épopée cycliste dans le « plat pays ». Coéquipier chez Bic de Philippe Crépel (fondateur de l'équipe La Redoute, décédé en 2023) et de Jean-Marie Leblanc (futur journaliste à la Voix des Sports puis à l'Équipe et directeur du Tour de 1989 à 2006). Ancien pro, ancien journaliste, jeune retraité, éternel malicieux. Avec cette pointe d'accent, jamais exagéré mais suffisamment prononcé pour que l'on ne s'y trompe pas: c'est bien celui du Nord, cette terre de vélo que seule la Bretagne concurrence à ce palmarès.

Une histoire qui s'écrit presque aux origines de la pratique. « Il y a toujours eu une culture cycliste dans le Nord », note Pascal Sergent, spécialiste de l'histoire du cyclisme, auteur d'un nombre presque incalculable d'ouvrages sur ce thème. Le premier vélodrome de Roubaix (on y reviendra) est inauguré en 1895. Maurice Garin, le vainqueur du premier Tour en 1903, a commencé à... Roubaix (on y reviendra, promis).

Au commencement était peut-être la géographie. Philippe Carnoy, président délégué des Amis de Paris-Roubaix, voit dans cette passion locale « un effet d'infusion de la Belgique ». Plus précisément des Flandres, terre des terres de la pratique massifiée du vélo. « Nombre de Flamands passaient la fron- tière à bicyclette pour venir travailler dans les usines de textile », rappelle Fred Restin, journaliste titulaire du dossier cyclisme pendant près de vingt ans à la Voix du Nord

Le fil - sans jeu de mots - peut être tiré, mais pas de façon linéaire. « On n'a pas la même culture, nuance l'ancien champion du monde sur piste Alain Bondue. Là-bas, il y a un coureur cycliste dans chaque famille. Le vélo, c'est une religion. » Pascal Sergent abonde: « Le public flamand est connaisseur. Le plus important, c'est la classique. Un peu moins en France, où seul compte le Tour. »

Sport majeur au pays des mineurs 

Côté voisinage et passion, il faut peut-être chercher également du côté de l'Angleterre, maison mère de la révolution industrielle et des sports de masse (mais pas forcément du cyclisme). Pascal Sergent évoque ici une «ferueur réciproque» entre sportifs et ouvriers, à la façon des footeux et des dockers de Liverpool. Dans le Nord-Pas-de-Calais, quelques figures incarnent cette fusion. Jean Stablinski, né Stablewski, dans le bassin minier, côté Nord, champion du monde sur route en 1962 après avoir remporté la Vuelta en 1958. Cette même année, en Suède, l'équipe de France de football

brille, emmenée par Raymond Kopa, né Kopaszewski, à Noux-les-Mines, dans le bassin minier, côté Pas-de-Calais. On peut y ajouter Michel Jazy, de quelques années leur cadet, lui aussi enfant du bassin minier, maître français du demi-fond et médaillé olympique en 1960.

Nord + cyclisme = enfer du Nord 

«Le sport, ça permettait de s'élever dans l'échelle sociale», rappelle Pascal Sergent. Kopa a été galibot (adolescent employé dans les mines) avant de devenir le Napoléon du foot tandis que le père de Jazy est mort de la silicose alors que celui-ci était âgé de 12 ans. L'historien enchaîne: «Les mineurs et les ouvriers du textile se reconnaissaient dans les efforts des sportifs, notamment des coureurs de Paris-Roubaix. »

Nous y voilà... L'enfer du Nord. L'occurrence qui jaillit à l'esprit lorsque l'on place « cyclisme » et « Nord » dans la même phrase. « Vous connaissez l'origine de la formule? » Alain Bondue nous pose une colle et met rapidement fin à notre supplice. Lors de la reconnaissance de l'épreuve en 1919, cho- qué par le paysage ravagé par la Première Guerre mondiale, un journaliste s'écrie: « Bon sang, ici, c'est l'enfer du Nord! » 

Le stigmate collera longtemps à la peau de l'un des cinq Monuments répertoriés du cyclisme (avec Milan-San Remo, le Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie). En son temps, Bernard Hinault alimenta la chronique du désamour mais vint quand même le gagner en 1981, rejoignant une confrérie dont on oublia un temps le lustre, tout incrusté dans ces mots de Leon Van Daele, vainqueur en 1958: « Aujourd'hui, je ne suis plus un coureur, j'ai gagné Paris-Roubaix. » 

« Il y a eu une véritable révolution du rapport à Paris-Roubaix », soupèse Pascal Sergent. L'Enfer est désormais devenu un argument de vente et les pavés, non plus argument de vente et les pavés, non plus le vestige d'un temps englouti, mais une pièce de patrimoine. Pas encore classés, ils disposent néanmoins d'une protection que personne ne songerait à remettre en cause. Si le Tour part encore une fois de Lille cette année, l'épicentre du cyclisme chti se trouve donc incontestablement à 15 kilomètres au nord-est, à Roubaix. Qui mieux mètres au nord-est, à Roubaix. Qui mieux qu'Alain Bondue - natif de l'ancienne capitale du textile, double champion du monde de poursuite, médaillé d'argent aux Jeux de Moscou et 3° de l'édition 1984 de la Reine des classiques-pour personnifier cette passion chti? Il nous rejoint sur le bord de la piste voisine du vélodrome André-Pétrieux. Des gamins font leurs gammes par un mercredi après-midi d'avril incroyablement gorgé de soleil. Quelques parents poussent à la performance, un mal qui inonde tous les sports, à commencer par le plus populaire d'entre eux, le cyclisme. Tout le contraire de ce qu'étaient les parents Bondue - Riton, tisserand, et Guiguine, qui faisait des ménages. Le père aurait même préféré qu'il devienne architecte, se remémore Alain, à la chevelure désormais uniformé ment couleur neige. À 66 ans, le cyclisme ne lui colle pas moins toujours à la peau (avec des « sorties » quasi quotidiennes), et visiblement au cortex, ce stockeur de souvenirs. « Il y a quelques années, j'ai rêvé que j'étais de nouveau pro », lâche-t-il. Dans ce rêve idéal, il entrerait, comme dans la réalité de 1984, en tête dans la tranchée d'Arenberg, sur un 53x12. Mais il sait aussi ce qu'il ferait différemment: « Plutôt que de rester en tête et dans l'incertitude de la tactique à adopter, je me relèverais pour attendre les poursuivants. » Et ainsi, peut-être, monter sur la plus haute marche du podium, enfin prophète en son pays.
Christophe Deroubaix 
Photographies de Julien Jaulin
pour Miroir du cyclisme


Quand les plus petits ont terminé leur session, 
les plus grands peuvent profiter (sous le soleil) 
de cette piste de légende ouverte à tous.


À 76 ans, toujours bon pied, bon œil, 
l'ancien cycliste pro Christian Palka va vivre 
son cinquième départ du Tour depuis sa terre natale.

***

Il mitico velodromo di Roubaix non è solo il luogo di arrivo della monumento Parigi-Roubaix: 
il mercoledì pomeriggio è anche pista di allenamento per i giovani corridori...

Benvenuti tra gli Chtis... in bicicletta

Il Tour 2025 partirà da Lille il 5 luglio, quinta partenza dalla Seconda Guerra Mondiale in una terra dove la pratica del ciclismo ha incontrato la cultura operaia, con la Parigi-Roubaix come Monumento.

«Molti fiamminghi attraversavano il confine in bicicletta
per venire a lavorare nelle fabbriche tessili».

   - Frédéric RESTIN

«Nelle Fiandre c'è un 
corridore in ogni famiglia.
La bicicletta è una religione».

   - Alain BONDUE


Lille, Roubaix (Nord), inviato speciale.
Christophe Deroubaix
Fotografie di Julien Jaulin
Miroir du cyclisme - n. 475/2025

Il quintuplo ha 76 anni! Una forma di precocità e una certa longevità accompagnate da una passione costante permetteranno a Christian Palka di entrare in un circolo ristretto: quello degli Chtis che hanno assistito a tutte le partenze del Tour de France dalla loro terra natale. Cinque partenze che raccontano tanto dell'evoluzione della corsa quanto di questa figura imprescindibile del ciclismo locale.

Una passione locale

Si chiude il cerchio per colui che ha attraversato l'ultimo mezzo secolo come trait d'union dell'epopea ciclistica nel «Paese piatto». Compagno di squadra alla Bic di Philippe Crépel (fondatore della squadra La Redoute, deceduto nel 2023) e di Jean-Marie Leblanc (in seguito giornalista alla Voix des Sports poi all'Équipe e infine direttore del Tour dal 1989 al 2006). Ex professionista, ex giornalista, giovane pensionato, eterno malizioso. Con quel leggero accento, mai esagerato ma abbastanza pronunciato da non lasciare dubbi: è proprio quello del Nord, terra di biciclette con la quale solo la Bretagna può competere in questo palmarès.

Una storia che si scrive quasi alle origini di questa pratica. «C'è sempre stata una cultura ciclistica nel Nord», osserva Pascal Sergent, specialista di storia del ciclismo, autore di un numero quasi incalcolabile di opere su questo tema. Il primo velodromo di Roubaix (ci torneremo) fu inaugurato nel 1895. Maurice Garin, vincitore del primo Tour nel 1903, ha iniziato a... Roubaix (ci torneremo, promesso).

All'inizio forse c'era la geografia. Philippe Carnoy, presidente delegato degli Amis de Paris-Roubaix, vede in questa passione locale «un effetto di infusione del Belgio». Più precisamente delle Fiandre, terra della pratica diffusa della bicicletta. «Molti fiamminghi attraversavano il confine in bicicletta per venire a lavorare nelle fabbriche tessili», ricorda Fred Restin, giornalista che per quasi vent'anni si è occupato di ciclismo alla Voix du Nord.

Il filo conduttore - senza giochi di parole - può essere tracciato, ma non in modo lineare. «Non abbiamo la stessa cultura», precisa l'ex iridato su pista Alain Bondue. «Là c'è un corridore in ogni famiglia. La bicicletta è una religione». Pascal Sergent concorda: «Il pubblico fiammingo è esperto. La cosa più importante sono le classiche. Un po' meno in Francia, dove conta solo il Tour».

Sport importante nel Paese dei minatori

Per quanto riguarda il vicinato e la passione, forse bisogna guardare anche all'Inghilterra, patria della rivoluzione industriale e degli sport di massa (ma non necessariamente del ciclismo). Pascal Sergent evoca qui una «reciproca passione» tra sportivi e operai, alla maniera dei calciatori e dei portuali di Liverpool. Nel Nord-Pas-de-Calais, alcune figure incarnano questa fusione. Jean Stablinski, nato Stablewski, nel bacino minerario, a nord, campione del mondo su strada nel 1962 dopo aver vinto la Vuelta nel 1958. Nello stesso anno, in Svezia, la squadra di calcio francese brilla, guidata da Raymond Kopa, nato Kopaszewski, a Noux-les-Mines, nel bacino minerario, nella parte del Pas-de-Calais. A questi si può aggiungere Michel Jazy, di qualche anno più giovane, anch'egli figlio del bacino minerario, campione francese di mezzofondo e medaglia olimpica nel 1960.

Nord + ciclismo = inferno del Nord

«Lo sport permetteva di salire nella scala sociale», ricorda Pascal Sergent. Kopa era stato un galibot (adolescente impiegato nelle miniere) prima di diventare il Napoleone del calcio, mentre il padre di Jazy è morto di silicosi quando lui aveva 12 anni. Lo storico continua: «I minatori e gli operai tessili si riconoscevano nelle fatiche degli sportivi, in particolare dei corridori della Parigi-Roubaix».

Ci siamo... L'inferno del Nord. È questo che viene in mente quando si mettono insieme le parole “ciclismo” e “Nord” nella stessa frase. “Conoscete l'origine dell'espressione?” Alain Bondue ci pone una domanda difficile e mette rapidamente fine al nostro tormento. Durante il sopralluogo della gara nel 1919, scioccato dal paesaggio devastato dalla Prima guerra mondiale, un giornalista esclamò: “Accidenti, qui è l'inferno del Nord!”.

Questo stigma rimarrà a lungo impresso in uno dei cinque Monumenti del ciclismo (insieme con la Milano-Sanremo, il Giro delle Fiandre, la Liegi-Bastogne-Liegi e il Giro di Lombardia). A suo tempo, Bernard Hinault alimentò le cronache di disamore, ma alla fine la vinse comunque, nel 1981, entrando a far parte di una confraternita il cui prestigio era stato per un certo periodo dimenticato, come ben descritto dalle parole di Leon Van Daele, vincitore nel 1958: «Oggi non sono più un corridore, ho vinto la Parigi-Roubaix».

«C'è stata una vera rivoluzione nel rapporto con la Parigi-Roubaix», riflette Pascal Sergent. L'Enfer è ormai diventato materia commerciale e i ciottoli di pavé non sono più un residuo di un tempo ormai passato, ma un pezzo di patrimonio. Non ancora classificati, godono comunque di una protezione che nessuno penserebbe di mettere in discussione. Se è vero che il Tour partirà ancora una volta da Lille, quest'anno, l'epicentro del ciclismo chti si trova a 15 chilometri a nord-est, a Roubaix. Chi meglio di Alain Bondue, originario dell'antica capitale del tessile, due volte campione del mondo nell'inseguimento, medaglia d'argento ai Giochi di Mosca e terzo nell'edizione del 1984 della Regina delle classiche - può meglio incarnare questa passione chti? Ci raggiunge a bordo della pista vicina al velodromo André-Pétrieux. I ragazzini si allenano in un mercoledì pomeriggio di aprile incredibilmente soleggiato. Alcuni genitori spingono alla prestazione, un male che affligge tutti gli sport, a cominciare dal più popolare tra tutti, il ciclismo. Tutto il contrario di quello che erano i genitori di Bondue: Riton, tessitore, e Guiguine, che faceva le pulizie. Il padre avrebbe preferito che diventasse architetto, ricorda Alain, che ora ha i capelli uniformemente color neve. A 66 anni, il ciclismo gli è rimasto nel sangue (con “uscite” quasi quotidiane) e, evidentemente, nella corteccia cerebrale, dove sono immagazzinati i ricordi. «Qualche anno fa ho sognato di essere di nuovo un professionista», confessa. In quel sogno ideale, come nella realtà del 1984, era in testa nella foresta di Arenberg, spingendo il 53x12. Ma sa anche cosa avrebbe fatto diversamente: "Piuttosto che rimanere in testa e nell'incertezza della tattica da adottare, mi rialzerei per aspettare gli inseguitori». E così, forse, sarebbe salito sul più alto gradino del podio, finalmente profeta in patria.
Christophe Deroubaix
Fotografie di Julien Jaulin
per Miroir du cyclisme


Quando i più piccoli hanno terminato la loro sessione,
i più grandi possono godersi (sotto il sole)
questa pista leggendaria aperta a tutti.

A 76 anni, ancora in ottima forma, l'ex ciclista professionista 
Christian Palka vivrà la sua quinta partenza dal Tour dalla sua terra natale.

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