Yvon Ledanois: «Ce sarait dommage que nous disparaissions»
ÉTIENNE GARNIER/PRESSE SPORTS
Kévin Vauquelin (dossard 131), sur le Tour de France, le 25 juillet.
Malgré ses bons résultats, l’équipe Arkea-B&B Hotels, présente sur la Vuelta dès samedi, ne sait toujours pas si elle sera dans le peloton l’an prochain, alerte Yvon Ledanois, son directeur sportif.
20 Aug 2025 - L'Humanité
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR ÉRIC SERRES
Alors que la Vuelta débute samedi en Italie à Turin pour rejoindre l’Espagne, l’équipe française Arkea- B&B Hotels ne sait toujours pas de quoi sera fait son avenir. Une situation incroyable au vu des résultats que celleci a obtenus durant la saison et surtout sur le Tour de France avec Kévin Vauquelin. Yvon Ledanois, l’un des directeurs sportifs, fait le point.
Dans quel état d’esprit l’équipe aborde-t-elle la Vuelta, un rendez-vous important pour votre avenir ?
L’état d’esprit sera le même qu’avant le départ du Tour, c’est-à-dire aller se battre pour chercher une victoire d’étape et un résultat au classement général, que ce soit avec Cristian Rodriguez ou Raul Garcia, qui tous les deux ont réalisé un très bon Tour de France pour entourer Kévin Vauquelin. Ils ont tous les deux terminé dans les 30 premiers au général, ce qui prouve qu’ils tiennent la route sur trois semaines. Chez eux, sur la Vuelta, ils pourront jouer leur carte. L’état d’esprit et la motivation sont intacts.
Mais n’y a-t-il pas un peu de découragement, alors que votre manager, Emmanuel Hubert, cherche toujours de nouveaux sponsors ?
Bizarrement, on aurait pu croire que tout le monde allait baisser les bras. Ce n’est pas le cas, pour la simple et bonne raison que celui qui agit comme cela se met la corde autour du cou tout seul. Cela veut dire qu’il ne démontre pas qu’il a envie de continuer l’aventure ou de se battre pour retrouver du boulot.
Sait-on où en sont les recherches ?
Je n’en ai aucune idée ! C’est Emmanuel Hubert qui gère tout cela. Nous lui faisons entièrement confiance. Il espérait annoncer l’arrivée de nouveaux sponsors avant le Tour de France, puis après. Il espère toujours. Ce serait dommage que la meilleure équipe française de la dernière Grande Boucle disparaisse. Nous avons même été dans le top 4 mondial, ce qui prouve que le travail qui a été mis en place depuis plusieurs années porte ses fruits, notamment grâce à la formation de jeunes coursiers.
Presque chaque année, les formations françaises paraissent être financièrement sur le fil. Comment expliquer cela ?
Encore une fois, notre modèle économique n’est pas le même qu’à l’étranger. En France, nous devons payer des charges et tout ce qui va avec une entreprise. À l’étranger, ils travaillent avec des coureurs qui sont des travailleurs indépendants. Ces derniers reçoivent une enveloppe et ils paient leur sécurité sociale et tout le reste. La différence est donc énorme. Tant qu’il n’y aura pas un même modèle économique pour tout le monde, il y aura des différences de budget et donc des équipes plus ou moins fortes. Espérons que l’union cycliste internationale trouve les leviers pour minimiser ces différences. Mais en a-t-elle les moyens et même la volonté ?
Ce manque de sérénité économique est-il la seule raison du manque de résultats par rapport aux formations étrangères ?
Certes, il y a le budget, mais pas que. Ce qui vous permet d’être serein, c’est aussi la capacité de vos coureurs à matcher. Je n’ai rien contre David Gaudu par exemple. Le manager de Groupama-fdj, Marc Madiot, a beaucoup misé sur lui, mais à mon avis c’est une erreur. David Gaudu n’est pas un potentiel vainqueur du Tour de France et cela a des répercussions sur le reste de l’équipe. Quand tu mises beaucoup sur un leader et qu’il ne se passe pas grandchose (Gaudu a tout de même fini 4e du général sur le Tour 2022 – NDLR), cela impacte les autres coureurs qui se demandent s’ils vont rester ou partir. Le dernier vainqueur du Tour était Bernard Hinault et je ne vois toujours pas son successeur. Certains vont me dire : « Paul Seixas ! » Certes, il finit dans les 10 premiers du Dauphiné. C’est très bien, mais dire qu’il gagnera un jour le Tour de France, il y a de l’eau qui va couler sous les ponts avant cela. Il a encore beaucoup de cases à cocher. Grâce à notre formation, nous avons certes de très bons coureurs, peut-être beaucoup plus que dans d’autres pays, mais pour l’instant, la perle rare, capable de gagner un Grand Tour, on ne l’a pas.
Même chez vous, un Kévin Vauquelin, 7e du Tour de France ?
Même lui ! Il n’a toujours pas coché toutes les cases. Il s’est battu avec tous ses moyens. Faire ce qu’il a fait sur le Tour de France, c’est déjà exceptionnel, mais entre être 7e ou 8e et arriver sur le podium ou même gagner, il y a un gap. Tu entres dans une autre catégorie. Je lui souhaite d’y arriver, mais pour l’instant, Kévin n’a pas encore fini son apprentissage.
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