Wembanyama cherche encore fortune à Vegas
Las Vegas pourrait couronner pour la première fois Victor Wembanyama et les San Antonio Spurs, cette nuit, en finale de la NBA Cup face aux New York Knicks.
Une ville que le Français dit ne pas aimer mais qui jalonne son ascension américaine jusqu’ici.
De la révélation avec les Mets 92 à ses débuts contrastés en Summer League
16 Dec 2025 - L'Équipe
MAXIME AUBIN
LAS VEGAS (USA) – À la descente du bus des Spurs devant la T-Mobile Arena, samedi à Las Vegas avant la demi-finale de NBA Cup face à Oklahoma City (111-109), Victor Wembanyama tenait comme souvent un livre épais dans la main droite, sans doute un nouveau roman de fantasy signé de son auteur fétiche, l’Américain Brandon Sanderson. L’intérieur français ne cache pas son goût pour les univers imaginaires et futuristes, ceux qui plongent l’humanité vers un futur sombre ou incertain. Alors, interrogé il y a quelques mois sur cette ville du Nevada construite en plein désert, il n’avait pas mâché ses mots: «Je ne suis pas un grand fan de Vegas. Pour moi, c’est sans doute ce qui se rapproche le plus, sur Terre, d’une dystopie.»
En bref, ne comptez pas sur lui pour miser sa prime du tournoi (quelque 180.000€ grâce à la qualification en finale, 450.000 € en cas de victoire face aux Knicks) à la roulette ou au black jack dans l’un des casinos aux lumières artificielles du Strip. «Le pauvre Vic a besoin de plus d’argent, c’est ça? Je n’ai pas encore réfléchi à ce que j’allais faire de la prime… Mais accumuler de l’argent n’a jamais vraiment été un objectif pour moi », répondait-il à un journaliste, vendredi, après le premier entraînement de San Antonio.
Ironie de l’histoire, Las Vegas a joué un rôle clé dans l’ascension de Victor Wembanyama outre-Atlantique. C’est ici qu’il s’est révélé une première fois aux yeux du public américain, lors de deux matches amicaux disputés avec son ancienne équipe de Boulogne-Levallois face à la G-League Ignite, laboratoire de jeunes talents aujourd’hui disparu. Deux duels très attendus qui l’avaient opposé à Scoot Henderson, présenté à l’époque comme un potentiel numéro 1 de la draft, au même titre que lui.
Sous les yeux d’environ 200représentants de la NBA (dirigeants, recruteurs), le Français avait fait étalage de tout son talent (36,5 points de moyenne sur 2matches) et mené les Mets 92 à la victoire lors de la deuxième rencontre (112-106), annonçant ensuite la couleur : « Je suis fait pour ça, j’imagine. J’ai toujours fait les choses différemment, et mon but est de devenir quelque chose que vous n’avez jamais vu auparavant.»
Quelques mois plus tard, tout juste auréolé du statut de premier choix de la draft, le nouveau joueur des Spurs retrouvait Las Vegas à l’occasion de la Summer League, tournoi annuel destiné à tester les jeunes recrues NBA. À seulement 19 ans, pas même l’âge légal pour pousser la porte d’un bar aux États-Unis (21 ans minimum), Wembanyama avait vécu une expérience contrastée. « C’est un souvenir mitigé » , nous confirmait-il samedi, en repensant à son premier match décevant (seulement 9 points, mais 5 contres). Les critiques n’avaient alors pas tardé à fuser, avant que le vice-champion olympique (2,24 m) ne remette rapidement l’église au milieu du village, lors d’une deuxième sortie réussie (27points, 12rebonds).
Il expliquait cette expérience en demi-teinte par le peu de temps réellement consacré au basket, au terme de trois semaines de marathon médiatique subi dans la foulée de la draft. «La majorité de mon emploi du temps des derniers jours n’était même pas dédiée au basket, et c’est regrettable, confiait-il alors. Il y a beaucoup d’obligations hors terrain en NBA qui m’ont surpris. Parfois, une caméra te suit même jusque dans ta chambre. »
À l’hôtel Fontainebleau, l’annonce de la guérison
Wembanyama a depuis parcouru beaucoup de chemin. Engagé dans sa troisième saison avec San Antonio, il a fait tomber le champion en titre, Oklahoma City, samedi, en demi-finales de NBA Cup pour s’offrir une chance de décrocher son premier trophée collectif, cette nuit, à Las Vegas, lors de la finale face aux New York Knicks. Un titre qu’il verrait comme une étape importante, même si son regard reste avant tout tourné vers le printemps. «Je vois ça comme un accomplissement en soi, même si ce n’est pas du tout au niveau des play-offs.»
Au moment de se préparer à cette finale, un dernier souvenir de Las Vegas devait sans doute lui revenir en tête : celui de l’hôtel Fontainebleau, l’été dernier, où les Spurs étaient en stage. C’est dans ce palace cinq étoiles d’inspiration française que le staff médical lui avait annoncé qu’il pouvait enfin reprendre le basket, huit mois après sa thrombose à l’épaule. Une libération.
De l’amour à la haine, ou peutêtre l’inverse aujourd’hui, Las Vegas semble s’êtreim - posé comme l’un des théâtres clés de l’ascension de Wembanyama en NBA. Et cette nuit, face aux Knicks, elle pourrait même devenir le décor de son premier grand moment collectif.
Commenti
Posta un commento