Iñigo San Millán: «Tadej est une bête»


Iñigo San Millán, l’entraîneur de Tadej Pogacar, détaille les raisons de la défaillance du Slovène mercredi dans le col de la Loze et explique pourquoi sa deuxième place au général constitue, selon lui, une prouesse.

DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL GAÉTAN SCHERRER
21 Jul 2023 - L'Équipe

“Ce n’est pas parce qu’il atteint son pic de forme sur le Tour des Flandres 
début avril qu’il hypothèque ses chances de gagner le Tour en juillet"
   - Iñigo San Millán

BOURG-EN-BRESSE – Directeur de la performance de l’équipe UAE et professeur à la faculté de médecine de l’Université du Colorado, où il effectue des travaux de recherche sur le métabolisme cellulaire, Iñigo San Millán (52 ans) a suivi depuis sa maison familiale au Pays basque le chemin de croix de Tadej Pogačar, mercredi, dans les Alpes. S’il s’attendait, quelque part, à voir son coureur finir par craquer sur ce Tour de France, l’entraîneur espagnol assure ne l’avoir jamais vu «à ce point lutter pour sa survie».

- La préparation tronquée de Tadej Pogačar, due à sa fracture au poignet fin avril, suffit elle à expliquer sa défaillance?

C’est ce que nous sommes en train d’essayer de déterminer. Je ne sais pas encore si c’est la seule raison, mais c’est la raison principale, c’ est certain. Ta dej effectue toujours deux gros blocs d’ entraînement avant le Tour: un en début de saison, un au printemps. Cette année, sa chute sur Liège-Bastogne-Liège l’a empêché de faire ce deuxième bloc. Il s’est cassé le poignet à Liège le 23 avril et il n’a pu remonter sur son vélo de route que le 25 mai. Le home-trainer, c’ est bien, mais ça ne suffit pas. Il a perdu trois semaines d’ entraînement en mai. Et il n’a pu faire que trois bonnes semaines de travail en juin. Si on prend en compte les journées de repos, Tadej ne s’est correctement entraîné qu’ une quinzaine de jours avant cet été. On savait que ça allait être limite. J’ évoquais une mission très difficile avant le Tour, mais en vérité, je pense qu’ aucun coureur n’a jamais remporté le Tour avec moins d’ un mois d’entraînement dans les jambes.

- Pourquoi l’avoir quand même envoyé au départ du Tour?

Parce qu’on parle de Tadej Pogačar, le meilleur coureur du monde. Il est capable d’ accomplir des choses que les autres coureurs ne peuvent pas faire. Dès sa vraie reprise en juin, tous ses chiffres étaient au vert. Il est arrivé à Bilbao en très grande forme et il est monté en puissance au fil de la course. Mais il avait besoin d’ un deuxième bloc complet pour tenir trois semaines. On y a cru, on a essayé de rester optimistes, maison savait au fond de nous qu’ il fallait resterprudents.

- Pour regagner le Tour à l’ avenir, ne devra-t-il pas faire l’ impasse sur les classiques pour ne pas s’éparpiller?

Je ne pense pas. La plus grande qualité de Tadej est sa polyvalence. On a compris comment fonctionne son corps et commentcelui-cirépondà différents types d’efforts. Ce n’ est pas parce qu’il atteint son pic de forme sur le Tour des Flandres début avril qu’ il hypothèque ses chances de gagner le Tour en juillet. Au contraire. Cette année, après les flandriennes, i la produit les meilleurs chiffres des a vie. Franchement, j’avais du ma là y croire. J’ai même cru qu’il avait basculé dans une forme de sur entraînement. J’ai donc passé une semaine chez lui à Monaco afin de faire des tests de lactate, qui ont confirmé ses progrès et effacé mes craintes. Il ne s’en traînait pas trop, il avait simplement franchi un cap supplémentaire, ce qu’il a prouvé pendant les ardennaises (victoires à l’ Amstel Gold Race et à la Flèche Wallonne). Sa chute à Liège l’a obligé à repartir de zéro, ou presque. 

- Le pensez-vous capable de récupérer assez vite pour gagner l’étape de demain? 

Tadej est à part, c’est une bête. C’est dans sa nature de se relever d’ un échec et je suis persuadé que, dans sa tête, il est certain de pouvoir gagner samedi (demain). Mais je ne peux pas dire comment iront ses jambes. On sait qu’il ne gagnera plus le Tour mais s’il parvient à garder sa deuxième place au général, alors qu’il n’a eu qu’un seul bon bloc d’entraînement... Un coureur normal, dans de telles conditions, ne pourrait espérer plus qu’ une quinzième place au général. Il faut remettre les choses en perspective. Cela ressemble à un gros échec mais, en réalité, c’ est une énorme performance.»

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