Van der Poel a coincé
Le champion du monde a simplement vécu un jour sans hier, et voulait laisser le poids de la course à ses adversaires.
15 Apr 2024 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL - LUC HERINCX (avec P. Ca.)
“Si j’attaquais, les autres allaient
sauter dans ma roue de toute façon"
MATHIEU VAN DER POEL
BERG EN TERBLIJT (HOL) – La pudeur de Mathieu Van der Poel et son équipe permettent difficilement de distinguer le triomphe du revers. Vingt-deuxième hier, le champion du monde s’est simplement faufilé entre les spectateurs avec sa mine de tous les jours, ni trop content ni trop triste, avant de rejoindre le car d’Alpecin-Deceuninck, où son manager Christoph Roodhooft, réputé pour ménager ses sourires, dégageait quand même beaucoup de contrariété.
« Dans le final, Mathieu nous adit qu’il n’était pas au top de sa forme. On ne peut pas lui en vouloir », expliquait le Français Axel Laurance, qui avait réussi à positionner son leader avant le Kruisberg (lavingt-septième des trente-trois côtes répertoriées), comme on le lui avait demandé.
Déjà vainqueur du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix avec une aisance remarquable, Van der Poel devait bien connaître une défaillance un jour ou l’autre. Elle se laissait deviner dès le Gulperberg, où le Néerlandais de 29 ans a tenté une première attaque, à 43 km de l’arrivée, moins tranchante que ses récents assauts. « À ce moment-là, on a compris, racontait Tiesj Benoot (Visma-Lease a bike), troisième de l’Amstel Gold Race. Avec les jambes qu’il avaitces deux dernières semaines, il aurait placé une plus grosse attaque. Mais c’est normal d’avoir des jours moins bien après un tel enchaînement. » «Jen’avais effectivement pas de super jambes » , avouait l’intéressé au Het Nieuwsblad, quelques minutes après son arrivée.
Les attentes et la pression grossissent chaque week-end, et le coureur au maillot arc-enciel affrontait sa troisième course de plus de 250 km (784,1 km au total) en deux semaines.
Anticipant sûrement un coup de mou, Alpecin-Deceuninck avait d’ailleurs prévu une stratégie différente des dernières courses, où elle avait tout maîtrisé du début à la fin. « Le but était un peu de laisser les autres faire, déroule Laurance. On en a déjà gagné beaucoup (10 victoires cette saison) et on passe toutes les courses à rouler, donc ça fatigue. Onvoulait voir comment les autres allaient courir. » Et les autres ont bien couru. À partir du Fromberg, à 33 km de l’arrivée, une opération « harcèlement » s’est mise en place, Van der Poel a subi. « Peut-être avons-nous manqué de quelqu’un pour cette section intermédiaire entre le Fromberg et le Keutenberg où tout le monde attaquait en morceaux, débriefait le piégé. J’ai fait un choix tactique (laisser partir des coups), car si j’attaquais, les autres allaient sauter dans ma roue de toute façon. Et si vous jouez cartes sur table trop tôt ici, vous êtes puni. » Son équipe, qui ne doit avoir «aucun regret sur le plan tactique et collectif » selon Laurance, a sûrement payé l’absence de Gianni Vermeersch (malade), garde du corps intraitable sur les deux derniers Monuments, et la chute de Quinten Hermans à 70 km.
« En soi, le plan a résisté parce qu’on a eu un gros boulot d’Oscar Riesebeek et Xandro Meurisse très tard, ils ont rééquilibré la balance » , assure Laurance. Mais il n’a pas suffi à compenser le coup de mou du leader. « On ne peut pas s’attendre à gagner chaque week-end. Je suis suffisamment réaliste pour savoir que je ne peux pas tout gagner » , résumait Van der Poel. Un plus gros objectif arrive de toute façon dimanche, après quelques jours de repos en Espagne: Liège-Bastogne-Liège, Monument qu’il n’a jamais remporté.
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