Le record de Rudisha en danger


Emmanuel Wanyonyi (à droite) a remporté hier le 800 m du 
meeting de Lausanne devant Marco Arop (à gauche) et Gabriel Tual.

Victorieux du 800 m de Lausanne en 1’41”11, Emmanuel Wanyonyi s’est rapproché à 20 centièmes du meilleur chrono de l’histoire établi par son compatriote. 
Deuxième hier, le Canadien Marco Arop paraît lui aussi en mesure de faire tomber la marque.

"Je pense qu’il (le record du monde de Rudisha) 
lui reste peut-être trois jours"
   - GABRIEL TUAL

23 Aug 2024 - L'Équipe
MARC VENTOUILLAC

LAUSANNE (SUI) – On a coutume de dire qu’après les Jeux (quels qu’ils soient), les héros sont fatigués. Avant-hier, à l’issue du concours de perche disputé sur le port d’Ouchy, Mondo Duplantis reconnaissait que c’était le cas. Fatigue toute relative pour lui puisque cela l’avait amené à s’élever jusqu’à 6,15 m.

Hier, pour le meeting proprement dit, s’il n’y a pas eu de records, il n’y a guère eu de pannes de jambes. La plus spectaculaire? La défaite de Grant Holloway sur 110 m haies. Le champion olympique s’est incliné en 13”14 (–0,1 m/s) face au Jamaïquain Rasheed Broadbell, qui est allé chercher la victoire (13”10) sur les dernières foulées. «C’est dur de rester sur le rythme des Jeux, une fois que vous avez atteint votre but» , reconnaissait l’Américain, qui concédait ainsi sa première défaite de la saison.

Mis à part Holloway, on n’a guère eu à se plaindre de la soirée. À commencer par le Botswanais Letsile Tebogo. Le champion olympique du 200 m se disait avant-hier épuisé, ne s’étant quasiment pas entraîné depuis son triompheduStadedeFrance,etle voilà qui, sur sa distance fétiche, a pris le meilleur sur l’Américain Erriyon Knighton en 19”64 (+0,9 m/s) contre 19”78. On pensait Jakob Ingebrigtsen en petite forme à force de pouponner et le Norvégien a établi un nouveau record du meeting sur 1500 m en 3’27”83, montrant à l’ambitieux champion olympique américain Cole Hocker (2e en 3’29”85) qu’il restait le patron de la discipline. Son dernier tour fut tactiquement plus abouti que celui du Stade de France, ne forçant pas tout de suite le trait pour creuser l’écart dans le dernier virage.

Mais s’il y en a deux qui étaient hier à leur niveau des Jeux, voire un cran au-dessus, c’étaient le champion olympique du 800 m, Emmanuel Wanyonyi, et son dauphin de Paris, le Canadien Marco Arop. Hier, le Kényan de 20 ans s’est imposé en 1’41”11 (8 centièmes de mieux que lors de la finale au Stade de France), devenant le deuxième performeur de tous les temps (à égalité avec Wilson Kipketer), à 20 centièmes du chrono de son compatriote David Rudisha. Une course de dingues. «On savait que ça partait sur les bases du record du monde, donc à partir de ce moment-là, on savait que ça allait être rapide et qu’il y aurait de la casse » , devait confier Gabriel Tual, qui pouvait légitimement se montrer satisfait d’avoir terminé 3e en 1’42”30.

C’est allé vite et cela aurait pu l’êtreplusencore,etpeut-êtrepas nécessairement pour Wanyonyi, mais pour Arop. Le champion du monde 2023 avait en effet pris résolument la foulée du lièvre Ludovic Le Meur, mais quand ce dernier s’écarta à la mi-course (atteinte en 49”32), il gêna le Canadien de 25 ans qui, pour le doubler, dut s’écarter au niveau du troisième couloir, fournissant un effort qui lui coûta cher à l’arrivée (2e en 1’41”72 quand même), et sans doute un peu de lucidité quand Wanyonyi le passa à la corde à environ 250 mètres du but.

Aidé par une vague lumineuse qui n’existait pas à l’époque de Rudisha (son record date de 2012) et encore moins à celle de Kipketer (1997), le Kényan lutta jusqu’au bout pour se montrer finalement plus que satisfait à l’arrivée. « Je suis heureux avec ce chrono fantastique, déclarait celui qui fut l’an passé sacré espoir de l’année par la Fédération internationale d’athlétisme. J’étaisenforme.Mon corps a bien répondu. Avant la course, je lui avais dit: “Tu peux faire quelque chose pour moi? J’ai be soin de courir vite.” » Le physique a obéi aux ordres et, à Kapsabet, ses dix frères et soeurs pouvaient faire la fête.

Menacé hier, le record du monde pourrait ne plus avoir très longtemps à vivre. «Je sais que je peux courir vite» , lâchait le Kényan avec les sous-entendus qu’on peut imaginer. «Je pense qu’il lui reste peut-être trois jours, déclarait Tual à propos du chrono de Rudisha. Quand je vois la lumière ( celle de la vague lumineuse basée sur le record du monde) juste devant, c’était vraiment pas loin. D’ici au meeting de Silésie (Chorzow en Pologne, dimanche) ou Bruxelles (13-14 septembre), il sera tombé.»

Avec des gaillards comme Wanyonyi et Arop, on peut le penser, à condition qu’ils parviennent à conserver leur forme du moment.

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