MBAPPÉ - Des bleus avec les Bleus
MBAPPÉ - Des bleus avec les Bleus
L’année 2024 n’aura pas été la plus réjouissante en sélection pour l’attaquant français.
Comme si une certaine distance s’était créée entre eux.
10 Dec 2024 - L'Équipe
DAMIEN DEGORRE
From page 32 Kylian Mbappé a beau placer l’équipe de France « au plus haut » et assurer, dans l’entretien accordé à Clique, dimanche, que « son amour pour les Bleus n’a pas bougé » , il apparaît, quand même, que l’année 2024 n’a pas laissé tout à fait intact ses rapports avec la sélection et la Fédération française (FFF). Il y a beaucoup de « mais » qui ont suivi ses déclarations d’amour pour son équipe nationale, assez de pondération pour souligner que tout était loin d’être parfait dans sa relation aux Bleus, et quelques précisions qui ont rappelé que ses sourires sont parfois contrariés au moment d’évoquer ce sujet.Kylian Mbappé lors de la defaite de l’équipe de France contre l’Italie en Ligue des nations (1-3, le 6 septembre).
Comme pour mieux appuyer sa démonstration que l’équipe de France, à ses yeux, était au-dessus de toute considération, Mbappé a insisté: « Ça ne me rapporte rien l’équipe de France financièrement, même à perte, parce que maintenant que je suis à Madrid, je dois payer l’avion pour aller en France. » Factuellement, l’attaquant du Real a raison. Les règlements de la FFF prévoient que l’instance prenne en charge les déplacements des joueurs sélectionnés, quelle que soit la sélection, de leur domicile au lieu du rassemblement (le plus souvent à Clairefontaine). Mais ces voyages doivent s’effectuer en train ou en avion de ligne (en classe affaires pour les A). À leur arrivée en France, en gare ou à l’aéroport, des taxis choisis par la fédé – il s’agit de chauffeurs connus par l’instance afin de renforcer les mesures de sécurité – attendent les joueurs et les conduisent là où leur sélectionneur les attend.
Un capitaine victime de sa propre personnalité
Seulement, il existe des cas particuliers. Et Kylian Mbappé en est un. Il est délicat pour le capitaine des Bleus (86 sélections, 48 buts) de prendre un avion de ligne sans être démesurément importuné. Il choisit donc de se déplacer en avion privé, ce qui a un coût plus élevé. Il est prévu par les règlements de la FFF qu’une somme forfaitaire soit remboursée à l’intéressédontlemontantestdéterminé en fonction de l’endroit d’où il vient (qui n’excède pas le prix du billet en classe affaires). A priori, depuis qu’il est à Madrid, Mbappé n’en a pas demandé le remboursement. Et comme il reverse ses primes obtenues chez les Bleus à des associations ou à des oeuvres caritatives, effectivement, il en est de sa poche désormais, lorsqu’il rejoint Clairefontaine. Mais il omet de préciser que l’équipe de France a davantage contribué à soigner son image que ses clubs respectifs. Même si elles sont difficilement valorisables, ses performances dans les Coupes du monde l’ont sans doute davantage élevé au rang qui est aujourd’hui le sien que celles avec le PSG, par exemple.
Au fond, Mbappé en a conscience. Et, pour cette raison, il a vécu la succession d’Hugo Lloris comme « un immense honneur » , même s’il n’a jamais rien revendiqué auprès de Didier Deschamps. Cependant, dire qu’il n’a « pas le même brassard qu’Hugo » , qu’à lui, « on (lui) demande beau coup de choses » , « un autre métier par rapport à Hugo » , n’est que partiellement vrai. Au Qatar en 2022, comme à l’Euro 2021, Lloris a assisté à toutes les conférences de presse de veille de match auquel il participait, ce qui n’a pas été le cas de Mbappé en Allemagne, lors du dernier Euro. En revanche, à la différence de l’ancien gardien des Bleus, son successeur est beaucoup plus disert dans ses points presse, ce qui lui vaut l’étiquette de très bon client par les médias. Alors, forcément, les questions fusent et ne concernent pas que la dimension sportive. Dans ce cas, il est un peu victime de sa propre personnalité. Mais c’est bien là la seule chose de « plus » qui lui est demandée.
Un joueur indispensable au marketing des Bleus
Il n’empêche, Deschamps a forcément écouté l’entretien de son capitaine, dimanche, sur Canal+, et le sélectionneur a peut-être partagé le sentiment général que le brassard pouvait être vécu comme un poids par le Madrilène. Lors du prochain rassemblement, en mars, les deux homm e s a u r o n t l ’ o c c a s i o n d’échanger sur cette question. Le premier devrait laisser le soin au second de choisir ce qui paraît le mieux à son épanouissement. Pour l’heure, pas grand monde, dans l’entourage du joueur, ne l’incite à renoncer au capitanat. Mais lui seul sait ce qu’il ressent et combien cela influence ses performances. Se recentrer exclusivement sur le terrain deviendrait-il sa priorité après avoir parfois débordé du cadre, réagi à des sujets politiques et mené des combats pour les droits d’image des Bleus?
Sur ce dernier point, il s’agira de voir aussi comment certains partenaires de la FFF ont apprécié sa sortie dominicale sur « les paris sportifs et la malbouffe » .
Il avance : « Ça détruit des gens que je connais. (…) C’était une démarche collective, je suis allé au feu pour les gars. On n’était pas d’accord sur les droits d’image et la promotion des paris sportifs et de la malbouffe. Au final, on a changé la charte, ça se passe bien, même la Fédération est contente. »
La FFF négocie actuellement son contrat avec Betclic, un site de paris en ligne. Et KFC, une entreprise de restauration rapide, est un autre partenaire des Bleus. Il n’est pas sûr que la direction de la fédé serait « très contente » de perdre l’un de ses deux sponsors à court terme. En même temps, si elle a pu renégocier avec Nike un contrat d’un montant historique (environ 100 M€ par an pendant dix ans), c’est un peu, beaucoup, à la présence de Mbappé, que l’équipementier américain veut à tout prix conserver, qu’elle le doit aussi.
Commenti
Posta un commento