ALBANIE - Le monde du cyclisme fataliste


Condamnées à la débrouille depuis des décennies, les institutions du cyclisme albanais ne croient pas à un « effet Giro ».

"En Albanie, le cyclisme n’a pas cette dimension passionnelle"
   - FRANCESCO FRASSI, DIRECTEUR SPORTIF D’ISRAEL-PREMIER TECH

"Même le Kosovo est mieux organisé"
   - MEJDIN MALHANI, COACH DE LA SÉLECTION ALBANAISE

10 May 2025 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL VALENTIN PAULUZZI

TIRANA (ALB) – «Je suis les eulàtenir une telle boutique en Albanie. »

Mejdin Malhani, surnommé «Nini», pourrait le clamer avec fierté, mais ce n’est pas le cas: «Il enfaudrait au moins une dans chaque grande ville albanaise», pestet-il. Ce jeune quadragénaire est le propriétaire de The Cyclist’s Home,

dans le coeur de Tirana, mais il est aussi l’entraîneur du club cycliste de la ville et de la sélection albanaise. Un homme aux multiples casquettes: «Je suis revendeur de la marque Wilier-Triestina, il y a 38 % de taxes en tout. Ici, on a les vélos les pluschers du monde alors que le salaire mensuel moyen est de moins de 500 euros…»

Dans son échoppe, Nini a fait installer une dizaine de rouleaux d’entraînement afin que ses coureurs puissent s’exercer, notamment durant l’hiver, lorsque la nuit tombe à 16 heures. «J’ai trois jeunes sur tout Tirana, parce qu’ils habitent dans le quartier et sont passésdevantmaboutique.J’arrive à les garder jusqu’à 17 ans, après c’est compliqué, car leurs parents se disent: que feront-ils à 20? La Fédérationfonctionneavecunsystème de traitement, 350 euros par mois pour les meilleurs coureurs, 650pourlechampiond’Albanie.» Le voilà qui débarque à l’improviste, pour faire une pause de sa tournée du jour. Le maillot blanc avec une rayure horizontale rouge et l’aigle à deux têtes, trempé de sueur.

Cette année est une exception: Olsian Velia, 31 ans, gagne habituellement sa vie grâce à d’autres rouleaux, ceux de son lave-voitures. «LedépartduGiroestunepublicité pour notre pays et non pour notre cyclisme», décrète-t-il. Nini abonde : « Je crains que ce soit comme un concert que l’on voit et quisetermine.»

Cettedécisiondelapartdesorganisateurs fait toutefois sens pour des raisons politiques et culturelles. L’Albanie a été plusieurs fois sous domination italienne dans son histoire et des milliers d’Albanais ont immigré dans la Botte depuis les années 1990. L’un d’eux, Iltjan Nika, a même décroché le bronze aux Mondiaux juniors sur route de 2013 à Florence, devancé par Mathieu Van der Poel et Mads Pedersen.

L’Italien Francesco Frassi, désormais directeur sportif d’IsraelPremier Tech sur ce Giro, était le sélectionneur albanais en 2013 : « Nika était dans mon équipe de jeunesàMontePisano,enToscane. J’ai contacté la Fédération albanaise qui m’a donné carte blanche. Je suis allé aux Championnats nationaux, j’étais bouleversé. C’était sur une 4 voies, 10 km aller puis retour en ligne droite pour atteindre 180 km. Ils étaient 50, certains couraient avec des chaussures normales. En Érythrée, malgré la pauvreté, on voit beaucoup de jeunes sur des vélos rafistolés avec de vieux casques; en Albanie, il n’y a pascette dimension passionnelle.»

Frassi a essayé de faire bouger les choses pendant plusieurs années: «Cette médaille historique pourlesportalbanaisn’adébouché sur rien. Quand j’ai bossé avec l’équipe continentale Amore & Vita, onaétédeuxanssouslicencealbanaise, mais rien n’a été construit. Il suffisait pourtant d’acheter 100 vélos, organiser 20 courses de jeunes paran,etavoirl’Italiecommefilconducteur. Je dois beaucoup à l’Albanie, car ils m’ont ouvert un monde alors que j’étais chômeur, mais je pensequeleGironechangerarien.»

Le Tour d’Albanie disputera pourtant sa 80e édition fin mai, il s’agit d’une des plus anciennes courses à étapes: «Jusqu’au début des années 1990,situétaisuncycliste,tu étais comme un député en Albanie. Durant l’époque communiste, le gouvernement investissait. Tout est une question d’argent.» Celaaété le thème central d’une rencontre qui s’est transformée en réunion improvisée dans les bureaux du Comité olympique albanais.

Autour de la table : Nini, Nikolas Persiani, jeune cycliste italoalbanaisde15ansvenuavecson père Davide pour effectuer les dé marches afin de courir sous les couleurs de l’Albanie, Alfred Tahiraj, secrétaire général de la Fédération albanaise depuis près de deux décennies, et son homologue du comité olympique, Gerti Shima, ancien basketteur, qui défend son bilan: «Via le gouvernement, on investit 5 millions d’euros par an pour les port à l’école de puis 2022, en misant sur le volley et le basket. Dans la phase 2, il y aura l’haltérophilie, le ping-pong et le cyclisme.» Alfred, qui n’en peut plus de réclamer des fonds, est surpris et rappelle qu’il faut aussi «changer la loi sur les sponsorisations». En effet, les entreprises nationales ne bénéficient pas de déductions d’impôts suffisamment avant ageuses. «Même le Kosovo est mieux organisé sur ce point», assène Nini.

Alors, Shima tente de rassurer tout le monde: «On veut changer l’algorithme du sport en Albanie, mais il ne manque pas d’amour pour le vélo chez nous, même un enfant aime ça. » Et Persiani de lancer, à moitié sérieux, en sor- tant des locaux: «Alors, achetons des tricycles, après tout, ce serait undébut.»

Commenti

Post popolari in questo blog

Dalla periferia del continente al Grand Continent

I 100 cattivi del calcio

Chi sono Augusto e Giorgio Perfetti, i fratelli nella Top 10 dei più ricchi d’Italia?