D’UN RIEN
Il a fallu attendre la photo-finish pour être fixé : Tim Merlier (casque blanc et noir) a devancé Jonathan Milan (casque rouge et noir) d’un boyau, hier à Dunkerque.
LE RÊVE BRISÉ DE PHILIPSEN
Le Belge, vainqueur de la première étape samedi et grand favori pour ramener le maillot vert à Paris, a abandonné hier après sa lourde chute. Son compatriote Tim Merlier s’est imposé au sprint à Dunkerque.
8 Jul 2025 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL ALEXANDRE ROOS
DUNKERQUE (NORD) – D’un rien peuvent naître beaucoup de choses, de la quiétude peut surgir le chaos, c’est une des ficelles préférées de ce coquin de Tour de France, dont on prend ce qu’il nous donne, en l’occurrence hier les moments de répit salutaires qui permettent de digérer la dernière fricadelle-frites avant de quitter le Nord ce matin, comme les coups de foudre qui frappent sans sommation pour nous sortir de la torpeur. Le peloton avait décidé de musarder en route vers Dunkerque, sur une étape dont le dénivelé total, le plus faible de ce Tour de France, équivalait à la somme des dos d’âne franchis, plus le mont Cassel, et où le vent de face a découragé toutesles aventures sans lendemain, même celles des équipes plus fragiles qui auraient pu se payer un peu de visibilité à moindres frais.
Mais il faut croire que plus personne n’a un coup de pédale à gaspiller dans le Tour de France, ni les troufions, ni les officiers, tout se joue au millimètre, sur des détails, du moindre point pour un classement annexe à la lutte pour le maillot jaune et il n’y avait qu’à voir les UAE profiter du calme pour envoyer Tim Wellens planter le drapeau en haut du mont Cassel. Le champion de Belgique avait pour mission d’y récupérer un misérable point pour revêtir la tunique blanche à pois rouges à la place de Tadej Pogacar, et l’on remercie d’ailleurs Wellens, car cela nous évitera pour une deuxième journée l’outrage visuel de la combinaison champignon du Slovène, surtout quand on sait qu’il va pouvoir ressortir le maillot arc-en-ciel de l’armoire.
Philipsen fauché par un jeu de ricochet
Tout ce tralala, en tout cas, pour économiser au triple vainqueur du Tour de France la cérémonie protocolaire d’un classement qui ne l’ intéresse pas, gagner un peu de temps de récupération, le signe de l’état d’esprit méticuleux de la formation émirienne mais aussi la preuve que son leader a commis une erreur en prenant les points dans l’étape de Boulogne-sur-Mer dimanche. C’est également pour une histoire de petits points, avec grande conséquence, que Jasper Philipsen a quitté la route du Tour.
Le Belge s’était élancé dans le sprint intermédiaire d’Isbergues, à 60km de l’arrivée, pour consolider son maillot vert, mais il fut fauché par un jeu de ricochet entre Bryan Coquard et Laurenz Rex (pages 6 et 7). Une clavicule et au moins une côte brisées, un coup d’arrêt net et la fin du début du Tour de France sur un lit de roses de l’équipe Alpecin, qui avait glané deux victoires et deux Maillots Jaunes entre Philipsen et Mathieu Van der Poel lors du premier week-end. Bryan Coquard s’était lui-même bien amoché dans l’accrochage, une jambe brûlée et le moral en miettes d’avoir envoyé involontairement un cador à la maison.
Le sprinteur de Cofidis n’était pas au bout de ses peines, un soleil l’attendait à 500m de la ligne, dans un gadin où furent également pris Paul Penhoët, Davide Ballerini ou Émilien Jeannière, qui passa la ligne la bouche abîmée, au terme d’un final très chahuté où une première chute, à 3km de la ligne, avait envoyé à terre Jordi Meeus, Geraint Thomas ou encore Remco Evenepoel. Le Belge est reparti sans problème, mais cela a dû lui causer un petit traumatisme de se sentir une nouvelle fois basculer, et Primoz Roglic, un autre tombeur multirécidiviste, est venu lui donner une petite tape de compassion.
Merlier, actuellement le meilleur sprinteur du monde
Ces diverses gamelles sont malheureusement souvent le lot pour un premier sprint massif dans le Tour, un autre classique du genre, un phénomène cette fois amplifié par cette étape tranquille qui n’avait puisé dans les réserves de personne et par ce vent de face qui désorganisait l’essaim.
Un joli bazar, sans train pour vertébrer le paquet, en dehors de celui des Lidl-Trek, mais Tim Merlier n’avait besoin de personne pour s’y frayer un chemin. Le Belge a remporté la première bataille royale face à Jonathan Milan, et d’une manière qui a dû marquer l’Italien. Seul donc, Merlier est parvenu à remonter dans la roue de son rival, de s’y réfugier quelques secondes, et la carcasse de golgoth de Milan est un abri de choix, pour ensuite réussir à le déboîter et à le sauter sur la ligne, d’un cheveu, encore un détail. Dans cette démonstration, le bolide de Soudal-Quick Step a pu bénéficier de sa puissance en bout de sprint plus élevée et aussi de sa position plus aérodynamique, qui l’a forcément favorisé dans le vent contraire. Onze victoires depuis le début de la saison, le premier round du Tour de France: Tim Merlier est bien le meilleur sprinteur du monde actuellement, même s’il faudra attendre samedi, à Laval, pour une confirmation. Jonathan Milan se console pour l’instant avec le maillot vert, mais l’abandon de Philipsen a rebattu les cartes dans la catégorie, de nouveaux appétits vont s’ouvrir, d’autant que l’Italien ne semble pas forcément le mieux taillé pour le garder très loin. Dès aujourd’hui, il va souffrir dans les premiers reliefs de la Normandie, vers Rouen. Cinq côtes dans les 50 derniers kilomètres, plus de 2000m de dénivelé, un nouveau jardin pour Mathieu Van der Poel, qui aura l’occasion de remettre son équipe dans le bon chemin. Et surtout, gagner une étape avec le Maillot Jaune, qu’il devrait perdre demain dans le chrono, est une occasion qui ne se refuse pas.
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DAL NULLA
Abbiamo dovuto aspettare il fotofinish per esserne certi: Tim Merlier (casco bianco e nero) ha battuto Jonathan Milan (casco rosso e nero) per un soffio ieri a Dunkerque.
IL SOGNO DI PHILIPSEN SI È INFRANTO
Il belga, vincitore sabato della prima tappa e favorito d'obbligo per riportare la maglia verde a Parigi, si è ritirato ieri dopo una grave caduta. Il suo connazionale Tim Merlier ha vinto lo sprint a Dunkerque.
8 lug 2025 - L'Équipe
DALL'INVIATO SPECIALE ALEXANDRE ROOS
DUNKERQUE (NORD) - Dal nulla possono nascere molte cose, dalla tranquillità può nascere il caos, ed è uno dei trucchi preferiti di questo dispettoso Tour de France, dove si prende quello che si può, in questo caso i salutari momenti di tregua di ieri che hanno permesso di digerire le ultime fricadelle-frites prima di lasciare il Nord questa mattina, come i fulmini che colpiscono senza preavviso per scuoterti dal torpore. Il gruppo aveva deciso di indugiare sulla strada per Dunkerque, in una tappa il cui dislivello totale (800 mt, ndr), il più basso di questo Tour de France, equivaleva alla somma dei dossi attraversati, più il monte Cassel, e dove il vento contrario scoraggiava tutte le avventure senza un domani, anche quelle delle squadre più fragili che avrebbero potuto permettersi un po' di visibilità a minor costo.
Ma sembra che al Tour de France nessuno abbia un colpo di pedale da sprecare, né le truppe, né gli ufficiali, tutto si decide al millimetro, sui dettagli, dal minimo punto per una classifica secondaria alla lotta per la maglia gialla e basta vedere la UAE Emirates-XRG approfittare della calma per mandare Tim Wellens a piantare la bandiera in cima al Monte Cassel. La missione del campione belga era quella di raccogliere un misero punticino per conquistare la maglia bianca à pois rossi al posto del suo capitano Tadej Pogacar, e ringraziamo Wellens per questo, perché ci risparmierà per un secondo giorno l'oltraggio visivo della tuta a fungo dello sloveno, soprattutto quando sapremo che potrà tirare fuori dall'armadio la maglia iridata.
Philipsen falciato da una carambola
In ogni caso, tutto il trambusto è stato fatto per risparmiare al tre volte vincitore del Tour de France la cerimonia di una classifica che non gli interessa, per guadagnare un po' di tempo di recupero, segno dello stato d'animo meticoloso della squadra emiratina ma anche prova del fatto che il suo leader ha sbagliato a prendere i punti nella tappa di Boulogne-sur-Mer di domenica. Anche Jasper Philipsen ha lasciato il Tour a causa di punticini, con grosse conseguenze.
Il belga è partito nello sprint intermedio di Isbergues, a 60 km dall'arrivo, per consolidare la sua maglia verde, ma è stato falciato da un rimbalzo tra Bryan Coquard e Laurenz Rex (pagine 6 e 7). Una clavicola e almeno una costola rotte, una frattura netta e la fine dell'inizio del Tour de France su un letto di rose per la Alpecin-Deceuninck, che aveva ottenuto due vittorie e due maglie gialle tra Philipsen e Mathieu van der Poel (in due giorni, ndr) nel primo fine settimana. Bryan Coquard è rimasto gravemente ferito nella collisione, con una gamba ustionata e il morale a pezzi per aver involontariamente mandato a casa un grande nome.
Il velocista della Cofidis non ha però avuto il suo bel da fare: a 500 m dal traguardo è stato colto dal sole, in un incidente che ha coinvolto anche Paul Penhoët, Davide Ballerini ed Émilien Jeannière, che ha tagliato il traguardo con la bocca ammaccata al termine di un finale molto movimentato, in cui una prima caduta a 3 km dal traguardo ha mandato a terra Jordi Meeus, Geraint Thomas e Remco Evenepoel. Il belga se l'è cavata senza problemi, ma deve essere stato un po' traumatico per lui sentirsi ribaltare di nuovo, e Primoz Roglic, un altro caduto plurirecidivo, è venuto a dargli una simpatica pacca sulla spalla.
Merlier, attualmente il miglior velocista del mondo
Purtroppo, questo è spesso il caso di un primo sprint di gruppo al Tour, un altro classica del genere, un fenomeno questa volta amplificato da questa tappa tranquilla che non ha attinto alle riserve di nessuno e da questo vento contrario che ha disorganizzato lo sciame.
Il gruppo era piuttosto disordinato, senza un treno a spezzare il gruppo a parte quello della Lidl-Trek, ma Tim Merlier non ha avuto bisogno di nessuno per farsi strada. Il belga ha vinto la prima battaglia reale contro Jonathan Milan, e in un modo che deve aver lasciato il segno sull'italiano. Da solo, Merlier è riuscito a risalire alla ruota del suo rivale, a rifugiarvisi per qualche secondo, e la carcassa del gigante Milan è un rifugio d'elezione, per poi riuscire a sganciarsi e a saltarlo sul filo di lana, per un soffio, altro dettaglio. In questa dimostrazione, il corridore della Soudal-QuickStep ha potuto beneficiare della sua maggiore potenza nella parte finale dello sprint e anche della sua posizione più aerodinamica, che lo ha inevitabilmente favorito con il vento contrario. Undici vittorie dall'inizio della stagione, la prima a questo Tour de France (dopo Pontivy nel 2021, anche allora alla terza tappa, ndr): Tim Merlier è davvero il miglior velocista al mondo in questo momento, anche se per una conferma dovremo aspettare sabato a Laval. Per ora, Jonathan Milan si consola con la maglia verde (primo italiano a indossarla 15 anni dopo Alessandro Petacchi, con Franco Bitossi l'altro italiano capace di vincerla, ndr), ma il ritiro di Philipsen ha rimescolato le carte nella categoria e si apriranno nuovi appetiti, soprattutto perché l'italiano non sembra necessariamente il più adatto a mantenerla a lungo. Da oggi in poi, soffrirà sulle prime colline della Normandia, verso Rouen. Cinque salite negli ultimi 50 chilometri, oltre 2000 metri di dislivello, un nuovo giardino per Mathieu van der Poel, che avrà l'opportunità di riportare la sua squadra sulla strada giusta. Soprattutto, vincere una tappa con la Maglia Gialla, che perderà nella cronometro di domani, è un'opportunità che non si può rifiutare.
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Le symbole Coquard
Le sprinteur de Cofidis a été pris dans deux des trois chutes qui ont agité la longue étape de plaine jusqu’à Dunkerque, hier.
"Je ne voulais pas prendre de risque"
- BRYAN COQUARD
"C’est miraculeux pour lui de rester sur le vélo. (...)
Je vais lui dire de ne surtout pas culpabiliser"
- CÉDRIC VASSEUR, MANAGER DE COFIDIS,
AU SUJET DE LA CHUTE QU’A PROVOQUÉE COQUARD
THOMAS PEROTTO (avec P. Me.)
DUNKERQUE (NORD) – Il nous arrive de discrètement fermer les yeux lorsqu’un homme va à terre, d’être touché par la douleur et la peur qu’il doit ressentir. Mais un homme debout est parfois encore plus touchant. Bryan Coquard (33 ans) est arrivé devant une nuée de micros hier en début de soirée, les yeux secs, puis un peu moins, pour finir carrément humides à mesure qu’il tentait de retracer sa journée et ses malheurs. Le sprinteur de Cofidis est celui qui a entraîné la chute de Jasper Philipsen avant de faire un soleil dans le final à Dunkerque. Douleur mentale dans le premier cas, physique dans le second.
« Je m’attendais à ce que vous soyez tous là, souffle Coquard lorsqu’il prend la parole après avoir, en plus, dû patienter de très longues minutes au contrôle antidopage. C’est une sale journée oui, vous imaginez que… » Une pause pour faire le ménage dans ses émotions. « Faire abandonner le maillot vert, ça ne fait pas plaisir. Même si ce n’était pas un acte volontaire, je tiens à m’excuser auprès de Philipsen et d’Alpecin. Je ne suis pas un mauvais bougre, un mauvais garçon, ce n’est pas agréable. » Touché et touchant. « Je ne voulais pas vraiment faire le sprint final… » , ajoute-t-il un peu plus tard en ravalant un deuxième sanglot. « Je me suis remobilisé, puis… » Sa voix tremble. « Nouvelle chute, et voilà… J’ai mal un peu partout, j’ai des abrasions, on verra… » Brûlures à la jambe gauche et à la fesse gauche, multiples plaies superficielles, douleurs musculaires du côté de l’omoplate, le bilan médical dans la soirée n’était pas réjouissant.
Cette deuxième chute, spectaculaire, l’a envoyé jambes par-dessus tête à plus de 60 km/h, après avoir tenté d’éviter une vague provoquée par le duo Davide Ballerini (XDS-Astana) et Danny Van Poppel (Red Bull-Bora-Hansgrohe) forçant Paul Penhoët(GroupamaFDJ) à se déporter vers la gauche. La même chute qui a envoyé Émilien Jeannière (TotalEnergies) dans les barrières. Sur un rétrécissement à trois kilomètres de l’arrivée, Remco Evenepoel (Soudal-Quick Step) est aussi tombé, mais sans gravité. Tout l’inverse de Jordi Meeus (Red Bull-BoraHansgrohe), qui a mis longtemps à se relever, avait le bras en écharpe après l’étape et n’était pas encore certain de prendre le départ aujourd’hui. Il pourrait souffrir d’une commotion.
Rentré à l’hôtel peu avant 20 heures, Jeannière souffre, selon son équipe, d’un traumatisme facial sans gravité, de contusions multiples au niveau des épaules et de plaies déjà suturées. Il était monté dans une ambulance, le casque explosé. « Je suis touché au dos, fesses, doigts, pieds. J’ai vraiment fini sur le dos, listait de son côté Penhoët, qui a passé la ligne en marchant à côté de son vélo, dépité. Je n’ai pas envie de dire quoi que ce soit là-dessus, c’est toujours la faute à pas de chance dans les sprints, donc on ne peut blâmer personne. Moi le premier, je ne freine pas, donc voilà. Moi, je voulais aller là, car un mec s’écartait et je voyais que ça lançait devant… »
Être là ou là, choisir une ligne plutôt qu’une autre et composer avec les aléas, c’est aussi la phase vécue par Coquard juste avant le sprint intermédiaire à 60 bornes de l’arrivée. Le coureur de Cofidis a revu les images des deux sprints qui ont fait de sa journée un enfer. « Je ne sais vraiment pas ce qu’il s’est passé en fait. J’ai l’impression que (Jonathan) Milan lance son sprint, peut-être que ma roue avant touche son dérailleur ou peut-être que c’est (Laurenz) Rex qui me déséquilibre, j’en sais vraiment rien, décortiquait-il, la voix remplie d’émotion. Ce n’était pas mon intention de créer une chute, je ne voulais pas prendre de risque. J’étais juste dans la roue de Milan quand il a lancé, je n’ai même pas l’impression d’avoir touché quelque chose. Ensuite, j’ai été clairement déséquilibré, j’ai perdu la pédale de la chaussure, j’en ai presque perdu la chaussure. »
Une séquence, comme les deux autres, où personne n’était vraiment fautif, où aucun comportement violent ou antisportif n’a été pointé. Simplement des faits de course un peu malheureux, provoqués par la vitesse élevée et un vent de face qui n’a pas aidé. « Il s’en tire miraculeusement sur cette chute, mais il a eu moins de chance dans les derniers hectomètres à Dunkerque, soupirait Cédric Vasseur, manager de Cofidis, sur le plateau de Vélo Club. C’est miraculeux pour lui de rester sur le vélo, il saute de sa selle, il déchausse complètement. Je vais lui dire de ne surtout pas culpabiliser. »
Le communiqué des commissaires tombé dans la soirée, le sanctionnant d’un carton jaune pour son mouvement au sprint intermédiaire, n’était pas la pire chose de la journée, mais un petit coup de plus sur l a c a ra fe. Comme les reproches formulés par Jonas Rickaert (Alpecin-Deceuninck), véhément sur la route alors que Coquard se plaignait d’une de ses jambes, puis franchement désagréable après l’arrivée au micro de la chaîne Sporza. Coquard, digne, était lui sincèrement touché par ce qu’il avait causé et subi. Un homme debout après avoir mis à terre puis été à terre.
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PAS DE GROSSE SÉQUELLE POUR EVENEPOEL
Embarqué dans une vague qui l'a mené au sol à 3 kilomètres de l’arrivée hier, Remco Evenepoel s’en est sorti avec le coude gauche râpé et l'arrière de la cuisse gauche touché. « Il va bien mais on verra ce soir, a confié hier son directeur sportif, Tom Steels. Ce n'est jamais bon de tomber mais j'espère que, demain (aujourd’hui), cela ira. »
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Philipsen, du rêve au cauchemar
Lourdement tombé hier, le Belge a dû abandonner et a tourné le dos à un beau week-end, marqué par sa victoire samedi.
"Je ne pense pas que quelqu’un doive être blâmé"
- PHILIP ROODHOOFT, MANAGER D’ALPECIN-DECEUNINCK
ANTHONY CLÉMENT
DUNKERQUE – Parfois accusé de mettre en danger les autres quand il ne pense qu’à rejoindre la ligne d’arrivée le plus vite possible, Jasper Philipsen s’est retrouvé hier dans la peau de la victime, lors du sprint intermédiaire. Un contact entre Bryan Coquard et Laurenz Rex, un écart du Français vers le maillot vert, et sa chute était inévitable. « On regardait la course dans le bus quand nous avons vu Jasper tomber, on a tout de suite compris que c’était grave, déplorait Philip Roodhooft, le manager d’AlpecinDeceuninck. En une seconde, on passe de l’euphorie à la déception. Jasper est dévasté émotionnellement, et il souffre. »
Après avoir célébré deux victoires lors des deux premiers jours, celle de Philipsen samedi et de Mathieu Van der Poel dimanche, les Belges ont été rattrapés par l’inquiétude: leur sprinteur va être rapatrié au plus vite pour être opéré d’une fracture déplacée de la clavicule droite, et il compte au moins une côte cassée. Son équipe a un plan B qui ressemblerait à un plan A pour beaucoup d’autres, avec Kaden Groves qui a tout ce qu’il faut pour remporter des sprints massifs à ce niveau. L’Australien sera amené par Van der Poel, qui n’a pas pu le hisser plus haut que la septième place hier, quand tous les esprits étaient encore tournés vers Philipsen, déjà tombé lourdement en mars.
À chaud, son équipier Jonas Rickaert a vivement tancé Coquard sur la route. Après course, il a confié plus froidement son agacement à Sporza: « Je l’avais vu percuter Jasper, j’étais en colère contre lui, je voulais avoir sa version. Il m’a dit qu’il ne pouvait rien y faire, mais ce n’est pas la première fois qu’il prend trop de risques dans un sprint intermédiaire, alors qu’il ne peut pas les gagner. Qu’il sprinte à l’arrivée, c’est bien. Mais risquer sa vie pour 10 points, c’est de la folie. »
C’est le quotidien des sprinteurs, et ça ne date pas d’hier, ce qui poussait Adrie Van der Poel à relativiser. « Il n’y a pas de colère, c’est tout simplement un accident du travail, il ne peut rien faire, constatait le père du Maillot Jaune. Le problème, c’est Jasper, comment il va s’en sortir. Le reste, c’est la course, parfois c’est le bonheur et parfois il y a de la malchance. Je pense que personne n’a fait d’erreur. Après deux jours formidables, on est tristes. »
Roodhooft non plus ne voulait pas stigmatiser le Français. «Personne n’a bien ou mal fait, ce n’est pas la question. Ce qui est arrivé est malheureux, je ne pense pas que quelqu’un doive être blâmé. » Quelques secondes avant, Mathieu Van der Poel rentrait dans le bus sous l’acclamation d’une foule dense, venue admirer son maillot jaune. La journée d’Alpecin a été rude, mais tout n’est pas perdu.
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Seul comme un grand
Comme à son habitude, Tim Merlier a dû se débrouiller seul pour sortir du lot et remporter la deuxième étape de sa carrière sur le Tour.
"Je savais que j’étais à la limite, mais c’était jouable"
- TIM MERLIER, À PR'OPO'S DE SON
SPRINT FACE À JONATHAN MILAN
PHILIPPE LE GARS
DUNKERQUE (NORD) – Tim Merlier n’est pas un expansif de nature. Mais le scénario de l’arrivée chaotique, hier à Dunkerque, ne lui a pas laissé l’occasion de montrer sa joie plus qu’un simple bras levé, furtivement, alors que la photo-finish n’avait pas encore rendu son verdict. Mais en vrai sprinteur, il savait qu’il avait battu Jonathan Milan, il l’avait senti, et sans doute même avait-il aperçu que le bout du bout de son pneu avait touché la ligne avant celle de l’Italien de Lidl-Trek. « Au début, j’étais sûr de ma victoire, avoua-t-il plus tard. Mais ensuite, je n’en étais plus trop convaincu. J’ai donc dû attendre un peu. »Quatre ans après sa première victoire sur le Tour de France, à Pontivy, Tim Merlier a de nouveau levé les bras hier.
Rien par rapport à cette longue période de trois ans sans participer au Tour de France pour connaître à nouveau l’honneur du podium, qu’il avait déjà goûté en 2021, à Pontivy, quand il avait devancé Jasper Philipsen, alors son coéquipier chez Alpecin. Les trajectoires des deux rivaux belges se sont souvent croisées et pas vraiment dans une franche camaraderie. Tim Merlier, lassé de se soumettre à la suprématie de Philipsen, avait rejoint Patrick Lefévère chez Quick-Step en 2023.
Le dernier épisode de cette grosse rivalité remonte à seulement trois jours, quand le champion d’Europe avait dû abandonner tout espoir de remporter la première étape à Lille, synonyme de maillot jaune. Victime de la fameuse bordure dans le final, il avait dû laisser son grand rival récupérer toute la lumière. L’abandon du porteur du maillot vert ( voir par ailleurs), à 60 kilomètres de l’arrivée, aurait pu lui laisser les portes grandes ouvertes. Mais là encore, Tim Merlier a dû se battre contre les vents contraires et l’anarchie qui s’est emparée du peloton dans les derniers kilomètres, avant l’arrivée dans les rues de Dunkerque.
Contrairement à ses adversaires, le sprinteur de 32 ans est habitué à avoir un seul poisson-pilote, son ami d’enfance Bert Van Lerberghe. Hier, il n’a même pas pu en profiter. « Je l’ai perdu avant le dernier virage, et ce fut difficile de garder ensuite maposition. L’équipe a fait un gros travail jusqu’aux cinq derniers kilomètres, mais après c’était compliqué, car j’ai dû me battre pour revenir de l’arrière. J’étais dans le vent tout le temps et, à 500 mètres de l’arrivée, j’ai retrouvé un sillage, mais contre Jonathan Milan, c’est toujours difficile, d’autant plus qu’il était mieux placé avant le sprint et avait donc pu économiser ses forces. Quand je me suis retrouvé à nouveau en tête, je savais que j’étais à la limite, mais c’était jouable. »
Même si cette victoire ne pouvait effacer sa déception du premier jour, Merlier a réussi à se remettre d’aplomb à la première occasion. « C’est la première fois que je peux vraiment sprinter sur ce Tour, et ça marche tout de suite. Le maillot jaune était bien sûr un objectif, mais je suis venu ici pour gagner une étape. » C’est désormais chose faite.

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