Racing Club de Strasbourg, des dépenses records pour une ambition exponentielle
16 Aug 2025 - le Figaro
Sébastien Ferreira
La fortune sourit aux audacieux, il n’y a qu’à voir le changement d’ambiance à Strasbourg, en l’espace d’un an. L’été dernier, le Racing venait de boucler une pénible saison après avoir lutté pour son maintien en Ligue 1 (15e place à l’arrivée). En plein milieu de la préparation estivale, Patrick Vieira avait été remercié de son poste d’entraîneur, remplacé par Liam Rosenior, jeune Britannique au maigre CV. Jeune (41 ans aujourd’hui) comme l’ensemble de son effectif (21,5 ans de moyenne d’âge, le chiffre le plus bas dans les cinq grands championnats européens). Trop pour performer face aux roublards du championnat de France, pensaient bon nombre d’observateurs. Et pourtant, un an plus tard, tout le football français est tombé sous le charme d’une équipe dynamique, au jeu léché et au projet qui décolle enfin.
Le Racing, 7e la saison passée, s’apprête à entamer sa troisième saison de l’ère Blueco, consortium piloté par le milliardaire américain Todd Boehly. Ce groupe d’investisseurs avait racheté le club à Mark Keller, président depuis 2012, et resté en place malgré le changement de gouvernance en juin 2023 pour préserver l’ancrage local. Le dirigeant historique avait accepté de vendre pour faire passer un cap au Racing, revenu dans l’élite en 2018 et maintenu chaque année depuis.
Mais il n’a pas cédé son bébé à n’importe qui. Un an plus tôt, en 2022, Blueco avait déjà mis la main sur Chelsea, mastodonte du football anglais, vainqueur de la Ligue des champions l’année précédente. Depuis, l’équipe londonienne a dépensé presque 2 milliards d’euros dans des transferts. Strasbourg marche dans ses pas : déjà 102 millions lâchés depuis juin.
C’est évidemment le record historique du club sur une période de mercato. Et c’est plus que tout autre club de Ligue 1 cet été, plus que d’autres grosses écuries étrangères (Naples, Inter Milan, FC Barcelone, Bayern Munich, Borussia Dortmund…), plus que n’importe quel club français depuis 2020 hors PSG (trois fois) et Lyon l’été dernier. Le tout sans jamais casser la tirelire d’un coup : Joaquin Panichelli, avant-centre argentin de 22 ans, a été le transfert le plus onéreux, estimé à 16,5 millions d’euros.
À deux semaines de la clôture du marché, treize joueurs sont déjà venus grossir les rangs alsaciens. Dans le lot, trois sont prêtés par Chelsea et deux sont achetés aux Blues. « On n’aurait sûrement pas eu accès » à de tels talents sans Blueco, reconnaissait Keller en novembre dernier dans les colonnes de La Tribune.
« Nous n’avons pas choisi la multipropriété, elle s’est imposée à nous car aucune autre offre hors multipropriété n’était solide. Le plus important, c’était la capacité d’investissement dans l’équipe, les infrastructures et le maintien des valeurs », soulignait le président strasbourgeois, qui disait «comprendre les réticences » de certains supporteurs.
Taux de remplissage record
Malgré la grogne, l’affluence demeure au rendez-vous. Le stade de la Meinau a affiché un taux de remplissage à 96 % la saison précédente, et ses travaux d’agrandissements, qui doivent s’achever dans un an et pour lesquels Blueco a injecté 23,60 M€, porteront sa capacité à 32 000 places, contre 26 000 actuellement. Les recettes des jours de match, environ 25 M€ sur la saison, grimperont à 45 M€, espère-t-on en interne.
Les ingrédients sont réunis pour concocter un menu ambitieux, auquel pourrait se greffer la Ligue Conférence (C4) si Strasbourg sort des barrages face au club danois de Bröndby (match aller le 21 août à domicile, manche retour le 28). «Je veux croire que l’on peut rivaliser avec les meilleurs », s’est enivré Rosenior, prolongé en avril dernier jusqu’en 2028, dans Les Dernières Nouvelles d’alsace récemment.
Le championnat? «On s’est classé 7e. Mon objectif est de finir plus haut. » Lyon, 6e, n’avait devancé le Racing qu’à la différence de buts (+ 19, contre +12). Nice et Lille, respectivement 4e et 5e, n’avaient fini qu’avec 3 points de plus en s’imposant lors de la dernière journée, là où Strasbourg avait craqué à domicile contre Le Havre (2-3). L’aspiration de Rosenior est crédible, surtout après ces clinquantes emplettes estivales.
Le gardien Djordje Petrovic, fondamental l’année passée et prêté par Chelsea, a été remplacé par Mike Penders, 19 ans, prêté par… Chelsea. Les milieux Mathis Amougou (Chelsea, 14,50 M€) et Valentin Barco (Brighton, 10 M€), auront pour tâche de faire oublier le capitaine Habib Diarra, parti à Sunderland contre un chèque de 31,50 M€. Quelques changements mais pas de bouleversement. La nouvelle saison de ce Strasbourg à la mode anglo-saxonne débute à Metz ce dimanche (17 h 15) avant un premier vrai test à Monaco, le 31 août.

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