Le théorème de la victoire selon De Lie


Victorieux à six reprises depuis fin août et parmi les favoris de Paris-Tours, le Belge de Lotto décrit sous toutes ses formes son rapport au succès.

12 Oct 2025 - L'Équipe
THOMAS PEROTTO

CHARTRES – Paris-Chauny, le Super 8 Classic et le Grand Prix de Wallonie en septembre, le Grand Prix de Plouay le 31 août une semaine après la dernière étape et le général du Renewi Tour : Arnaud De Lie reste sur 3 succès en 4 épreuves, et même 6 en huit jours de course. Victorieux à 33 reprises depuis le début de sa carrière, le Belge de Lotto (23 ans), qui figure parmi les favoris de Paris-Tours aujourd’hui, raconte son lien avec la « gagne ».

Ce que signifie le mot victoire

« Tout dépend de ce qu’on met derrière “victoire”. Ce n’est pas seulement lever les bras sur une course. Chaque victoire a son histoire. Elle amène de la satisfaction sur le côté no pain no gain, car on roule pour ça, on s’entraîne pour ça. Mais il faut déjà avoir un petit objectif à atteindre avant la réelle victoire sur une course. Ces petites victoires t’amènent à la grande ensuite. J’ai gagné 33 fois depuis mes débuts, et je me souviens quasiment de toutes. Certaines ont des similitudes, mais d’autres sont construites différemment, les équipiers jouent des rôles différents, le scénario a été différent. Pas une n’est pareille. »

Ce que voulait dire la première

« Mon premier succès, c’est en Espagne en janvier 2022 (le Trofeo Playa de Palma). C’est l’une de celles où j’ai le plus de souvenirs. Forcément, elle était inattendue. Je m’y étais préparé, mais entre vouloir jouer la victoire dans sa tête et gagner vraiment, c’est autre chose. Toute l’équipe m’avait accompagné pour sprinter. Je me souviens des félicitations de tous les membres de l’équipe après la course, ils n’en revenaient pas et moi non plus. On a mangé ensemble le soir, ces petits moments comptent beaucoup et marquent aussi. Ils ont forcément une place importante dans la mémoire d’un jeune coureur ( il avait 19 ans et 10 mois). »

Ce que veulent dire celles face aux cadors

« D’une manière générale, je ne fais pas de différence entre une victoire face à ce coureur-là ou ce coureur-là, l’adversité du jour ou pas. Mais forcément, au fond de toi, tu es plus satisfait quand tu as des gros noms derrière. Quand je gagne au Renewi Tour (le 24 août, devant Mathieu van der Poel), oui, c’est un moment phare de ma saison, et même de ma carrière. Ça donne l’occasion de rêver encore plus haut, car ça veut dire que tu bats le meilleur coureur dans un type de course qui lui correspond.

Mais il n’y a pas de petite course, mon ancien coéquipier Tim Wellens ( aujourd’hui chez UAE) me le disait toujours. C’est peutêtre même encore plus dur quand tu es celui qui est le plus regardé, que l’objectif des autres est de te faire perdre. Quand tu es favori, tu as plus de chances de perdre que de gagner ( sourire). »

Ce qu’elles peuvent signifier émotionnellement

« Il y a l’aspect sportif, mais il y a aussi l’aspect émotionnel d’une victoire. Quand je gagne à Bessèges en début d’année (3e étape, 7 février), je n’ai pas la même énergie qu’aujourd’hui… J’avais vraiment perdu le plaisir d’aller rouler (1). Aujourd’hui, c’était tout l’inverse. Chaque victoire, à Paris-Chauny, le Renewi Tour ou Plouay, c’est la même énergie, je mets tout le temps la même chose. Parfois, quand je gagne, je ne sais pas ce que je vais faire, c’est instinctif. C’est la rage de vaincre qui sort, les émotions, ce qui me passe par la tête à ce moment-là. »

Ce qu’il apprend en les revoyant

« Je ne regarde pas mes victoires juste pour me voir et me dire : ah, t’as vu, t’es fort! Si je les regarde, c’est pour débriefer et en tirer quelque chose. Je regarde ce qui m’a permis de gagner. Le timing, mon sprint, le comportement des autres coureurs ou celui de mes équipiers… Je regarde tout ce que je peux. Pour un coureur comme moi, le timing, le placement sont très importants. J’apprends en revoyant ces arrivées. »

Ce que veut dire son dernier mois et demi

« Je n’ai vraiment pas le sentiment que rien ne peut m’arriver ou que je me sens fort en ce moment. J’essaie de ne pas rester figé sur le succès, car souvent cela te fait descendre d’un coup. J’essaie de me remettre en question, de ne pas rester sur un nuage. Après un nuage, il y a souvent de la pluie. Il faut redescendre très vite au cas où la chute arrive, pour qu’elle soit moins brusque. J’ai bien géré ça d’ailleurs. Quand on arrive à Paris-Tours en fin de saison, on est usé mentalement mais, là, je me sens bien. J’ai toujours envie de mettre un dossard et d’être compétitif. Je garde cette rigueur, même en octobre.

Un coureur peut-il se lasser de gagner ou cela n’arrive-t-il jamais? Je pense que ça peut arriver. On a vu dans le passé des coureurs arrêter leur carrière assez tôt, parfois parce qu’ils avaient tout gagné. On a vu l’exemple de Tadej Pogačar cette année (2). Certaines fois, il y a un sentiment fort lorsqu’il gagne sur une grosse course et je comprends que ce soit moins le cas sur d’autres. Il peut y avoir moins d’enthousiasme. »


(1) Dans un entretien à L’Équipe en juillet, il expliquait: « C’est sûr que mentalement, je n’étais pas top, mais était-ce un burn-out ou une dépression, je ne sais pas. À part être à la ferme, je ne prenais plus aucun plaisir à la vie, cela pèse beaucoup. Tu te sens un peu incompris, tu ne sais pas dire ce que tu ressens.»

(2) Durant le Tour, le Slovène a évoqué une certaine lassitude physique et mentale, estimant qu’il était difficile « d’être concentré et motivé du premier au dernier jour ».

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