Seixas épate son monde
Paul Seixas, au centre derrière Remco Evenepoel, après l’attaque de
Tadej Pogačar hier dans le Passo di Ganda sur le Tour de Lombardie.
"C’est vrai que ça m’a plu aujourd’hui (hier),
c’est vraiment le genre de course que j’aime"
- PAUL SEIXAS
12 Oct 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS
1917 - Septième du Tour de Lombardie, Paul Seixas devient le plus jeune coureur à terminer dans le top 10 d’un Monument depuis l’Italien Luigi Cuppi en 1917, 4e de Milan-San Remo à 18 ans, 1 mois et 2 jours. Fuoriclasse
PHILIPPE LE GARS
BERGAME (ITA) – On en aurait presque oublié ses 19 ans quand il s’est posé pour répondre à la presse, hier, juste après la ligne d’arrivée alors que le podium protocolaire se préparait à une dizaine de mètres de là. Son aisance devant les micros et sa fraîcheur, malgré la violence des efforts de la journée, rejaillissaient, apportant un nouvel air de jeunesse sur le cyclisme, derrière les 27 ans de Tadej Pogačar et les 25 de Remco Evenepoel.
Paul Seixas, leader de Decathlon AG2R-La Mondiale sur la course, venait encore de marquer des points, après sa treizième place au Championnat du monde à Kigali (Rwanda), il y a deux semaines, et sa troisième sur le podium des Championnats d’Europe en France, dimanche dernier.
Il a fini septième hier à Bergame, à l’issue du premier Monument de sa carrière (la meilleure place d’un Français dans un Monument cette saison, devant Axel Laurance, 8e à Liège-Bastogne-Liège). Cela signifie déjà beaucoup et lui-même, qui avait annoncé dans la semaine viser un top 10 en Italie, l’avouait sans retenue: « Maintenant, je pense avoir passé un petit cap physiquement, mais aussi mentalement. Je me dis que je vaux ma place. »
Il n’a pas cédé malgré les efforts répétés
En mars, il avait disputé, pour la première fois, une course de plus de deux cents kilomètres. C’était au GP de Cholet (48e). Il l’avait répété ensuite trois fois en juin: sur la 2e et la 3e étape du Dauphiné (8e au général final) et au Championnat de France aux Herbiers (9e), avant de tenir, ces deux dernières semaines, sur près de 270 kilomètres à Kigali, sur 202 km en Ardèche, et sur plus de 240, hier, sur les routes lombardes.
Des charges d’efforts à répétition qui ont pesé mais qui ne l’ont pas fait céder. Quand il a lâché le groupe d’Evenepoel, Del Toro et Storer notamment dans le Passo di Ganda, il a su garder la tête froide pour ne pas exploser en plein vol. « Les jambes étaient peut-être un peu moins bien que la semaine dernière, reconnaissait-il, c’est peut-être dû à la distance mais il y avait alors un gros rythme et je me suis fait un peu piéger. Après, ça s’est fait à la pédale et les coureurs qui étaient là étaient plus costauds que moi. Mais je me suis battu jusqu’au bout pour faire cette belle place, c’est ce que je visais aujourd’hui (hier). » On sentait déjà pointer chez lui une grosse exigence alors que sa performance faisait l’admiration de tous. « C’est vrai que j’étais quand même très bien, concédait-il, j’ai fait avec les armes du jour. Mais je suis un peu déçu d’avoir pété tout seul parce que j’étais un peu K.-O. dans la descente et me retrouver tout seul ne m’a pas trop aidé. Après, je me suis fait rattraper par un bon petit groupe et j’ai réussi à me refaire un peu la cerise pour le final. À la fin, je me suis arraché, et septième, c’est déjà très bien, surtout sur un Monument. »
Pas du tout impressionné, il se permettait même d’analyser la course de certaines pointures dans le final, comme Primož Roglič, qui « a trop voulu faire le tempo quand il a fait une cassure ». Sa façon de détailler le moindre des épisodes de sa journée révélait déjà une lucidité incroyable. Quand bien d’autres, et surtout à son âge, auraient cherché à se cacher, Seixas faisait remarquer que cette classique lui plaisait vraiment et que sa performance du jour lui donnait déjà des idées pour les années à venir. « C’est vrai que ça m’a plu aujourd’hui (hier), c’est vraiment le genre de course que j’aime. Je suis prêt à revenir dans les prochaines années.» On imagine déjà sans peine avec quelles intentions.
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1917 - Septième du Tour de Lombardie, Paul Seixas devient le plus jeune coureur à terminer dans le top 10 d’un Monument depuis l’Italien Luigi Cuppi en 1917, 4e de Milan-San Remo à 18 ans, 1 mois et 2 jours. Fuoriclasse
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Evenepoel réaliste et fier
Pour sa dernière course avec Soudal-QuickStep, le Belge a une nouvelle fois terminé deuxième.
"Je suis à presque 100 % de mes moyens mais
il m’aura manqué des kilomètres par rapport aux autres"
- REMCO EVENEPOEL
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL - PHILIPPE LE GARS
12 Oct 2025 - L'Équipe
BERGAME (ITA) - Remco Evenepoel a couru sa dernière course, hier, avec l’équipe Soudal-QuickStep, où il a passé les sept premières années de sa carrière. En rejoignant les Allemands de Red Bull-BORA-hansgrohe, à partir de la saison prochaine, le double champion olympique a bouclé une partie importante de sa vie de champion sur ces routes lombardes.Paul Seixas, au centre derrière Remco Evenepoel, après l’attaque de Tadej Pogačar hier dans le Passo di Ganda sur le Tour de Lombardie.
Deuxième, une nouvelle fois derrière Tadej Pogačar, comme l’an passé mais aussi comme ces deux derniers dimanches, au Mondial rwandais et aux Championnats d’Europe en Ardèche.
« Je suis très heureux et fier d’avoir été le leader de l’équipe, d’avoir remporté beaucoup de victoires, affirmait-il cependant à l’arrivée. Comme je l’avais dit au départ ce matin (hier), je voulais donner encore une fois le maximum de moi-même sur cette dernière course, et je pense que je l’ai fait. Je garderai en moi ces sept dernières années pour le reste de ma vie.» Le Belge n’est pas du genre à ressasser les histoires, et son classement semblait déjà appartenir au passé. « Quand Tadej (Pogačar) a attaqué, le rythme était déjà très élevé depuis un certain moment, et c’était presque impossible de réagir. Donc j’ai dû garder mon rythme, et je suis heureux que l’écart se soit stabilisé assez longtemps. » Il reconnaissait aussi que son début de saison, tronqué par son accident à l’entraînement en décembre, l’avait quand même handicapé par la suite (il n’avait pu reprendre qu’à la Flèche Brabançonne en avril).
« Je suis à presque 100 % de mes moyens aujourd’hui mais il m’aura manqué des kilomètres par rapport aux autres. J’en suis seulement autour de 23-24000 quand les autres sont au-dessus des 30000. Ça change beaucoup de choses en compétition. » C’est aussi cette page-là qu’il souhaitait tourner. «Maintenant, c’est l’heure de commencer quelque chose de nouveau » , souriait-il avant de s’éloigner.
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