Écran noir sur « Sugar »


Michael Ray Richardson, ballon en main ici face à Didier Gadou lors de la finale de Pro A 1995, a été le héros du titre de champion de France d'Antibes.

Michael Ray Richardson, quatre fois All-Star en NBA avant d’être banni, puis héros à 40 ans du titre de champion de France d’Antibes en 1995, est décédé à 70 ans.

12 Nov 2025 - L'Équipe
ARNAUD LECOMTE

Son bégaiement et son bagou permanent étaient aussi déroutants que ses dribbles et ses mains sans cesse en mouvement sur les terrains. Michael Ray Richardson, monument du basket US et français, s’est éteint hier à 70 ans aux États-Unis, des suites d’un cancer de la prostate qui le rongeait depuis des mois.Micheal Ray Richardson, ballon en main ici face à Didier Gadou lors de la finale de Pro A 1995, a été le héros du titre de champion de France d'Antibes.

« Sugar » – un surnom qui suggère la grandeur d'autres Ray, les boxeurs Robinson et Leonard, et qui disait autant de sa gentillesse que de son goût pour les paradis artificiels – fait partie de ces joueurs états-uniens, et ils ne sont pas si nombreux, dont la marque s’est imprimée des deux côtés de l’Atlantique.

Ce grand arrière (1,96 m), iconoclaste et hyper complet, fut au début des années 1980, sous le maillot des New York Knicks (1978-1982), des Golden State Warriors (1982-1983) et des New Jersey Nets (1983-1986), une des figures de la NBA avant d’en être banni en février 1986, pour violation de la politique anti-stupéfiants de la Ligue. Il fut autorisé à rejouer en 1988, mais choisit de poursuivre sa carrière en Europe. Il laissa en NBA, alors aux mains de Michael Jordan, Magic Johnson ou Larry Bird, un palmarès individuel inachevé, à 30 ans, marqué par quatre sélections All-Star, un titre de meilleur passeur (1980), trois de meilleur intercepteur, une vingtaine de triple double, même un quasi-quadruple double. Il fit passer de sales soirées aux plus grands noms de l’époque.

Il se refit une réputation en Italie, où il remporta la Coupe des Coupes en 1990 avec la Virtus Bologne avant un coup de maître de Jacques Monclar qui le fit venir à Antibes en 1994, alors qu’il frôlait les 40 ans, sur les conseils du directeur sportif du club, Lee Johnson, ami proche de « Sugar » depuis la fac de Montana.

Un tir décisif pour le titre de champion de France

Sous le maillot azuréen, aux côtés de David Rivers, Stéphane Ostrowski et Laurent Foirest, Richardson marqua la Pro A de son empreinte en signant le tir décisif, qui offrit son troisième titre au club antibois, sur le parquet de Pau, lors du match 4 de la finale du Championnat 1995.

Antibes menait deux victoires à une et avait un point de retard (80-79) à seize secondes de la fin. Dans son ouvrage Bonjour, bonsoir (éditions Amphora), Jacques Monclar raconte la scène. « Il ne met pas un shoot du match et au temps mort, je le vois débouler dans un état d’énervement…Il postillonne dans tous les sens, il hurle et comme toujours dans ces moments, son tic de langage ressort – C…C…coach…H…H…Hey ! – Mike, calme. Tranquille. Si on a besoin d’un dernier tir, il sera pour toi. » Le Texan réclame le dernier ballon. « D’un coup, je le vois redescendre, on ne l’entend plus. Je dessine un système. À l’entraînement, Micheal commentait en jouant, comme si c’étaient les dernières secondes, le dernier tir avant le buzzer. »

À quatre secondes du gong, balle en mains, il attaque Frédéric Fauthoux, son défenseur qui lui rend quinze bons centimètres, avant de signer l’estocade en shootant au-dessus du Palois, à cinq mètres du panier. Jusque-là, il avait shooté à 2 sur 17… Il termina le match à 3 sur 18.

Une dernière saison pro à 46 ans

Pile électrique, dévoré par la passion de son sport, il livra, quadra, trois saisons à Antibes jusqu’en 1997, passa par Cholet (1997-1998) où il remporta la Coupe de France, puis revint pour une dernière saison pro à 46 ans à Antibes en 2001 avant d’entamer une carrière de coach dans les ligues mineures aux USA. « Je suis terriblement triste. Je n’avais pas pu le voir en juin à Oklahoma City, où il vivait » , nous confiait hier Jacques Monclar, qui avait conservé des liens forts avec le phénomène. « C’était un personnage unique, un homme rare avec un parcours incroyable, drafté en 1978 avant même Larry Bird (4e contre 6e) et reconnu de tous les plus grands. »

Le fils de « Sugar », Amir Richardson, né à Nice en 2002, a choisi le foot. Passé par Le Havre et Reims, désormais sous le maillot de la Fiorentina, il défend les couleurs du Maroc, le pays de sa mère, après être passé par l’équipe de France U20. Il a remporté la Coupe d'Afrique des nations Espoirs (2023) et une médaille de bronze olympique à Paris 2024, dans les pas d'un père qui lui a transmis son amour du jeu et de la cadence.

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