Cavendish: «Cette course-là, je l’adore»

Le Britannique a cherché les mots les plus précis en conférence de presse pour décrire l’émotion qui le tenaillait après sa victoire, construite pas à pas depuis sa chute il y a un an, à Limoges.

4 Jul 2024 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL - PIERRE CALLEWAERT

SAINT-VULBAS (AIN) – Mark Cavendish descend du car bleu kazak vif, sans bruit. Il sourit et on jure qu’il pourrait marcher au ralenti sur l’ eau qui enlace les fairways du domaine où il loge, à Mont hi eux. Joie feutrée autour de lui. La vodka pourrait couler, mais plus tard. Pour le moment, il s’ agit d’ ajouter à table des couverts pour les quatre enfants et leur mère. Complice, ami, gourou, Mark Renshaw s’en charge. Alexandre Vinokourov, son manager, a le triomphe olympien. L’ oe il bleukazak aussi, il raconte la chute de Limoges, seul moment de doute, du retour, de Turin raté, de la trente-cinquième, du soulagement, rigole d’une trentesixième aujourd’hui. Soixante-dix personnes se sont mises au service de ce méticuleux qui a changé sept fois de guidon ces derniers temps. Sir Mark Cavendish, fraîchement anobli, sourit trop pour parler, on verra une autre fois. Massage, famille, parti. Mais depuis la ligne, puis face à la presse, il avait eu le temps de quelques mots, trop faibles pour dire une émotion quand elle vaut plus que des larmes.

- Question simple. Qu’est-ce que ça vous fait?

Je ne sais pas vraiment… Là maintenant, j’ aurais juste envie devoir mes enfants… d’ être près de mes équipiers. Parceque c’ est aussi la victoire de tous les gens qui m’ ont apporté leur soutien. Je ne me sens pas tellement, juste après avoir gagné, de célébrer en faisant des choses folles. Juste être avec mon entourage, les gens que j’ ai la chance d’ avoir autour de moi. L’ équipe Astana Kazakhstan, c’est un groupe d’amis. Et j’ai aussi la chance d’ avoir une famille incroyable.

- Vous aviez l’ air au mieux de votre forme aussi.

Pas vraiment… C’ est le Tour de France. On n’ est jamais frais dans cette course, mais quand on sait ce qu’ on doit faire, et mon expérience m’ a permis aujourd’ hui de rester calme, c’est là qu’ on y arrive. La confiance que j’ ai dans mes coéquipiers m’ a aussi beaucoup porté, vous avez vu ce qu’ ils ont fait pour moi.

“À quoi ça sert de faire 
quoi que ce soit dans la vie 
si on ne peut pas partager 
avec ses proches et surtout 
avec ses enfants ?"

- Le sprinta été chaotique. Vous êtes passé de droite, d’ abord dans la roue de Philipsen, à gauche. Comment l’avez-vous vécu?

J’ ai juste suivi le mouvement. Mes équipier savaient fait le travail de préparation. J’ ai suivi les équipiers de Pascal Ackermann. Jes avais qu’ il serait dans le coup mais c’ est toujours difficile de prédire dans quelle direction il allait partir. Je devais le suivre et c’ est ce que j’ ai fait. Que signifie pour vous de partager ce moment avec votre famille? J’ ai peut-être été à la maison seulement trois semaines cette saison. Je pense que chaque père est capable de témoigner à quel point c’ est spécial de partager un tel moment. Comme aujourd’ hui, avec ses enfants: à quoi ça sert de faire quoique ce soit dans la vies ion ne peut pas partager avec ses proches et surtout avec ses enfants?

- Ç’a été une longue préparation pour arriver à cette victoire puisque votre dernière victoire sur le Tour remonte à trois ans…

(Il interrompt, pointilleux .) Non, pas trois ans. La dernière victoire, certes, remonte à trois ans, mais qu’ est-ce que vous vouliez que je fasse en 2022? Je n’ ai pas fait le Tour; et en 2023 je suis tombé. Ça ne veut pas dire que je n’ ai pas été compétitif pendant tout ce temps-là.

- Le Tour de France n’ est pas fini. Il reste deux semaines et demie…

D’abord, je veux apprécier totalement cette victoire, puis je vais essayer d’ en gagner encore une. Gagner les courses, c’ est mon métier. Et cette course-là, je l’ adore, quand je la cours, quand je la regarde… Ça faisait longtemps qu’ Astana n’ avait pas gagné sur le Tour, donc, oui, on va essayer de survivre, de s’ accrocher pour arriver à ce spectaculaire contre-la-montre entre Monaco et Nice. Ces derniers jours, tout le monde a été très gentil avec moi. Les marques de sympathie des autres coureurs du peloton procurent beaucoup d’émotions.»

***

Le décryptage - Un jeu agressif mais payant dans le final

4 Jul 2024 - L'Équipe
PAR LUC HERINCX

700 m - Philipsen devient sa priorité


À 700 mètres de la ligne, Mark Cavendish a perdu son train Astana, qui a fourni un travail remarquable jusqu’à la flamme rouge. Le Britannique ne panique pas et ne cherche pas son poisson-pilote à gauche de la route. « Avec la courbe à venir, l’idée pour tout le monde, j’imagine, était de choisir un côté, explique Sébastien Joly, directeur sportif référent du sprint chez Decathlon-AG2R La Mondiale. Mais en réalité, tout s’est fait au milieu, et Cavendish l’a bien compris. » Dans l’axe de la route, il a vu que Jasper Philipsen était parfaitement emmené par Mathieu Van der Poel. D’expérience, il va en faire sa priorité, il doit juste se créer l’espace sur sa droite pour prendre la roue du Belge.

500 m - Une bagarre limite avec Bauhaus et Gaviria


Sauf qu’il n’est pas le seul à avoir eu l’idée. Phil Bauhaus (Bahrain-Victorious) et Fernando Gaviria (Movistar) veulent tenter la même approche. En « jouant sacrément des coudes » (Joly), comme il sait si bien le faire, le Britannique ne va leur laisser aucune chance. Gaviria en tombe presque, Bahaus tente de frotter une seconde fois. Mais la différence de gabarit – ils font le même poids mais Cavendish est beaucoup plus trapu, il mesure dix centimètres de moins – dissuade définitivement l’Allemand.

250 m - Il prend la courbe en pistard


Reste encore à battre Philipsen. Le Belge, freiné par Arnaud Démare en rouge, et sûrement émoussé par ses efforts pour remonter dans les dix derniers kilomètres, voit le Britannique se porter à sa hauteur. La courbe vers la droite à 250 m de la ligne va lui être fatale. On ne sait pas clairement ce qu’il s’est passé dans ce virage, mais après que Cavendish a sûrement tassé un peu Philipsen, il « trouve un trou de souris et ressort par la gauche, remarque Joly. Il a fait une Cav’ en fait, il n’y a quasiment que lui qui peut faire ça. Et là il déclenche. » Le triple champion du monde de l’américaine a profité de son expérience de pistard pour choisir et se créer, en une fraction de seconde, les meilleures brèches. Comme sur un vélodrome, son décalage violent vers la gauche en sortant de la courbe lui permet de générer encore plus de vitesse. Plus personne ne peut le dépasser.

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