Rivaux pour toujours


Amicale et respectueuse, la relation entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard se nourrit de piques nouvelles cet été, entre deux personnalités différentes et aux styles opposés.

PAU – Les Pyrénées sont sous leurs fenêtres, lieu de nouvelles batailles entre le Maillot Jaune Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard, aujourd’hui et demain. Si l’étape dite « de transition » s’est animée plus que prévu hier ( voir par ailleurs), la haute montagne promet un affrontement entre les deux rivaux, une jambe au-dessus de la concurrence.Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard lors de la 2e étape, après l’attaque du Slovène dans la côte de San Luca.

C’est ce qu’ils s’étaient juré il y a un peu moins d’un an, au sortir du Tour 2023 remporté par le Danois. « Merci pour la bagarre, on remet ça l’an prochain ? » lui avait lancé le Slovène. Les deux hommes se quittaient heureux, l’un victorieux, l’autre dauphin malgré une préparation tronquée par sa chute à Liège en avril. « Entre nous, je crois qu’on peut parler d’amitié, détaillait Vingegaard. À l’arrivée, on discute un peu. C’est un super bon mec, je l’apprécie vraiment. C’est bien pour le cyclisme d’avoir des rivalités comme ça. » Celle-ci a redémarré cet été et la relation semble moins fluide, avec quelques attaques hors vélo, alors qu’une minute 14 les séparent seulement au classement.

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La bascule de Troyes Pogacar: « Je m’en souviendrai »

Sous les ors du Palazzo Vecchio de Florence, lors de la conférence de présentation du Tour, Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar s’étaient succédé sans qu’aucune rancoeur ne pointe. Le Slovène s’était déclaré ravi de voir son bourreau des deux dernières éditions de retour dans le peloton après sa terrible chute lors du Tour du Pays Basque : « Notre relation est quelque chose d’extraordinaire, on se rencontre toujours une fois par an, en juillet. C’est fou d’écrire ensemble l’histoire comme rivaux. J’apprécie cette rivalité car je le respecte vraiment. »

Interrogé à son tour, le leader de Visma - Lease a bike, sans acrimonie, avait expliqué ne pas avoir eu de nouvelle de son adversaire depuis l’accident : « Non, il m’a pas écrit, on n’a pas échangé depuis la chute. » En revanche, Fernandez Matxin, le directeur sportif, s’était rendu à son chevet « pour lui souhaiter un bon rétablissement, lui offrir des chocolats, des fleurs à son épouse. Il y a la rivalité sportive et ce qu’il y a à côté. Ils ne sont pas ennemis ».

Mais depuis Florence, plutôt à l’initiative du coureur d’UAE, quelques tensions sont apparues, en réponse à des faits de course, principalement. Quand, dans la montée de San Luca, Vingegaard a pu suivre « Pogi », la formation émiriennes’estpersuadéequ’elle avait été bluffée par la communication du Danois autour de sa forme. Pavel Sivakov, amusé, a même parlé de victimisation.

Pas de surenchère de Vingegaard

Mais c’est à partir de l’étape à Troyes, dimanche, que Pogacar s’est braqué quand son principal rival, échappé avec lui, n’a pas voulu le relayer sur les chemins blancs : « Je m’en souviendrai. »

Une sentence comme une menace et assumée le lendemain, lors de la journée de repos : « Je n’ai pas peur de Jonas. » De son côté, le vainqueur des deux derniers Tours n’a pas surenchéri, juste répondu poliment : « Je ne joue pas à la victime, j’en suis une.»

Lors de l’étape du Lioran, une bascule psychologique s’est opérée et, sans être aussi chaleureux qu’avec son copain Remco Evenepoel, Pogacar, beau joueur, a salué sa victoire, selon Mauro Gianetti, manager d’UAE : « Tadej lui a dit “tu étais costaud, bravo.” Au fond d’eux, ils se respectent. »

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Une opposition de styles
Vingegaard : « J’ai couru intelligemment »

L’ étape des chemins blancs a marqué un vrai point de tension, mais elle correspond surtout à l’opposition entre deux stratégies différentes. Alors que Vingegaard avait collaboré dans la descente de San Luca, il n’avait pas prévu d’en faire autant sur l’étape troyenne. Comme cela avait été le cas l’an passé au premier jour du Tour, à Bilbao, quand les deux hommes s’étaient échappés dans la côte de Pike. Les différences de style entre le Maillot Jaune et Jonas Vingegaard se sont encore remarquées lors de 9e étape autour de Troyes, où le Danois avait refusé de collaborer avec Tadej Pogacar et Remco Evenepoel.

Critiqué pour sa stratégie dimanche, le leader des Visma avait rétorqué sèchement le lendemain, lors de la journée de repos, répondant point par point. « Non, Pogacar n’est pas mon seul rival. » Puis : « On voulait juste ne pas perdre de temps et on a réussi à suivre notre tactique. Peut-être que les gens ne la comprennent pas, mais c’est leur problème. » Répondant même à l’histoire des « cou*** », un terme utilisé par « Pogi » (mettant en avant celles de son équipe UAE dans le Galibier) et Evenepoel (disant que Vingegaard en manquait) avant lui : « Je ne dirais pas que je manque de cou***, je dirais que j’ai couru intelligemment. »

« Tadej est un attaquant et il aime les coureurs comme lui, cela ne veut pas dire qu’il n’aime pas la façon de courir (de Jonas Vingegaard), ni que cela rejaillit sur leur relation personnelle » , veut croire Mauro Gianetti, le manager de l’équipe UAE. Il sait en revanche que le capital sympathie est pour lui et son cyclisme pop-corn. Au contraire, le Danois et son équipe ont un plan. Ainsi, Vingegaard s’expose et improvise rarement, sauf s’il se sent meilleur que son rival et sur son terrain, la haute montagne. Ce week-end pourrait donc marquer un tournant, puisque le staff néerlandais semble encore avoir tout misé sur cette dernière partie du tracé.

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Le bluff continue Pogacar: «Peut-être pas à nous d’attaquer»

Plus que du ressentiment, les deux leaders joueraient une partie de poker menteur, l’un, Pogacar, masquant peut-être une forme sur la crête après sa victoire sur le Giro en mai, l’autre, Vingegaard, se cachant derrière sa préparation tronquée pour mieux surprendre. « Cela fait partie du jeu, ils sont rivaux, ils bataillent, sourit Mauro Gianetti, mais quand ils sont au protocole, qu’ils se changent, il y a des mots sympas. » La formation émirienne a compris que le Danois n’était pas venu sur le Tour pour acheter du terrain et commence à revoir sa communication. À la veille du week-end pyrénéen, Gianetti laissait entendre vouloir laisser la main à Visma - Lease a bike, une équipe qu’il disait taillée, en début de Tour, pour des étapes comme les chemins blancs, moins pour la haute montagne : « On a le maillot, il faut le défendre, ce n’est peut-être pas à nous d’attaquer. Mais s’il y a une possibilité, il ne faudra pas la louper. »

Moins sujets à des variations émotionnelles, les «Frelons» néerlandais, via leur directeur sportif Grischa Niermann, soulignent, comme l’an dernier, la force de Pogacar et des UAE, tout en poursuivant leur opération d’endormissement: «J’ai vu Pogacar très très fort», disait Niermann après la victoire au Lioran. Dans le même temsp, le Slovène avait répondu : « Vingegaard est dans la meilleure condition de sa carrière.» Le Danois avait préféré en rire, se présentant comme le « “coureur mystère.” C’est la première fois que j’arrive en n’étant pas totalement prêt au Tour et personne ne sait comment je réagirai». La partie continue.

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Les Visma ont-ils dépensé trop de forces?

Les équipiers de Jonas Vingegaard ont assumé la poursuite derrière le groupe Adam Yates puis provoqué des bordures et joué l’étape avec Wout Van Aert. Une grosse débauche d’énergie à la veille de deux étapes montagneuses.

"Si on n’avait pas essayé (de durcir la course), 
quelqu’un d’autre l’aurait fait" 
   - GRISCHA NIERMANN, DIRECTEUR SPORTIF DE VISMA-LEASE A BIKE

PAU – Wout Van Aert a encore échoué à la deuxième place d’un sprint hier à Pau, et cela pourrait résumer la journée des on équipe, à l’ouvrage la majeure partie de l’étape pour un bénéfice nul, y compris au classement général. La participation active d’Adam Yates à la grosse échappée du jour, partie avant le dixième kilomètre, a conduit Visma-Lease a bike à engager la poursuite rapidement, en relais des Jayco-Alula.

L’armada néerlandaise a même profité de deux changements de direction pour provoquer des bordures. La première, à 135 kilomètres de l’ arrivée, a isolé un temps Tadej Pogacar, accompagné du seul João Almeida, et Remco Evenepoel. Un tour de vis d’environ sept kilomètres, point d’orgue d’une journée où les sept collègues de Jonas Vingegaard ont pris du vent presque debout en bout. La deuxième bordure, enclenchée à mois de 60 kilomètres du terme, en collaboration avec UAE Emirates, a éliminé quelques sprinteurs pour favoriser les chances de Wout Van Aert dans l’ emballage final. Et condamné les derniers fuyards. « Je ne comprends pas Visma qui tue toute son équipe alors qu’il y a deux jours montagneux derrière » , s’est lamenté Julien Bernard (LTK), l’un des attaquants du jour, au micro d’Eurosport.

Même Matteo Jorgenson et Wilco Kelderman, censés aider leur leader danois dans les massifs, ont travaillé. Était-ce bien raisonnable? En tout cas inévitable, selon les intéressés .« Avec le vent, ça allait être une journée difficile dans tous les cas, nerveuse, expliquel’ Américain. C’ était dur mais ce n’ était rien de fou. Pour tout le monde c’ était difficile, avec les bordures …».« Il sont eu raison, assure Marc Madiot, le manager de Groupama-FDJ. Vous savez, tout le monde a mal aux jambes aujourd’hui (hier), en plus Pogacar était presque isolé sur la bordure, ils ont bien fait d’ insister. Il sont la force, les mecs pour le faire, ils auraient tort des’ en priver. Je pense qu’ il sont pris un petit ascendant psychologique. Si (Juan) Ayuso a vraiment le Covid (il a abandonné au début de l’étape hier), ça va serrer les fesses chez UAE. Apparemment, il y a des équipes où il y a des mecs dans le bus et d’ autres dans les voitures, donc une petite psychose va s’ installer.» «Adam Yates a bien joué en allant dans le premier gros groupe à l’avant, ajoute Grischa Niermann, le directeur sportif de Visma-Lease a bike. On n’a pas paniqué, beaucoup d’équipes voulaient chasser. On voulait aussi jouer la victoire d’ étape avec Wout. Ce n’était pas l’ objectif de durcir la journée, les deux prochaines étapes seront dures. Quand vous savez qu’il y a du vent, qu’il y a des sections à découvert, il vaut mieux y aller vous-même plutôt qu’une autre équipe. Les chances que Tadej ne soit pas là, dans la roue de Jonas, étaient très faibles. Si on n’avait pas essayé, quelqu’ un d’ autre l’ aurait fait.»

Son équipe n’avait pas d’autre option que de procéder comme lors des éditions précédentes, pense Christophe La porte, poisson-pilote de Van Aert dans les ultime shectomètr es: «On a fait une course offensive mais si ce n’ est pas nous qui le faisons comme ça quand il y a du vent, une autre équipe va le faire. C’est la façon dont on aime courir. Il manque juste un peu de réussite pour avoir une journée parfaite .» Au moins, Visma-Lease a bike a procédé comme si elle se sentait aussi forte qu’ avant.

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