TOUCHE PAS À MON TOUR - FIN DE LOUP


TADEJ POGACAR est sans pitié sur ce Tour de France. Le Maillot Jaune a signé sa cinquième victoire d’étape en ne laissant aucune chance à JONAS VINGEGAARD, passé à l’attaque dans les derniers kilomètres du col de la Couillole.

21 Jul 2024 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS
TOUCHE PAS À MON TOUR

COL DE LA COUILLOLE (ALPES-MARITIMES) - On n’offre pas une victoire du Tour de France et surtout pas à son frère ennemi. Ce duel magnifique entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard s’est construit au fil des ans d’une façon âpre mais juste, civile, sans coups tordus, et ceux qui ont été portés l’ont toujours été dans les règles de l’art, qui interdisent de se faire des cadeaux entre rivaux de ce niveau. Le Maillot Jaune n’avait pas à laisser l’étape à son dauphin, car ce dernier est un champion de sa catégorie qui n’a pas besoin d’une offrande pour lever les bras dans la Grande Boucle. Surtout, lui faire des courbettes avant la ligne aurait été une humiliation, et c’est alors un procès en arrogance qui aurait été instruit. Ce traitement aurait été indigne et injuste pour le Danois qui, malgré tout, aura été son adversaire le plus valeureux dans ce Tour de France, et encore hier, où les Soudal-Quick Step de Remco Evenepoel ont bien tenté de lui faire la peau pour récupérer la deuxième place du général, en vain.

Tadej Pogacar n’avait pas non plus à jeter des pétales de roses sous les roues du leader de Visma-Lease a bike sous prétexte qu’il a déjà trop gagné dans cette édition. On ne peut pas saluer en début de Tour la gloutonnerie de Cavendish, son record de 35 victoires d’étape, et reprocher celle de Pogacar. Dans ce cas, il aurait aussi fallu suggérer à Rafael Nadal de laisser une finale de Roland-Garros. Ou alors autant demander à Pogacar de raccrocher son vélo, de tordre sa nature de champion, qui lui impose de ne rien laisser aux autres, de gagner dès que c’est possible, car c’est l’essence de sa vie. Le Slovène a-t-il pour autant jobardé tout le monde quand il a annoncé vendredi soir, après sa victoire à Isola 2000, qu’il laisserait le champ libre aux échappées pour la dernière étape en ligne ? Même pas.

Evenepoel incapable de répondre au contre de Vingegaard

Le Maillot Jaune n’a rien fait pour s’imposer hier, sinon donner quatre coups de pédale dans les derniers hectomètres, qui lui ont suffi pour déposer Vingegaard, ce qui, après les dérouillées de ses autres succès depuis le départ de Florence, aura été une autre manière d’asseoir son hégémonie. Il n’allait quand même pas freiner ou rebrousser chemin, alors que le cyclisme n’autorise qu’un chemin, celui d’avancer, toujours. S’il avait pu, Tadej Pogacar aurait laissé Enric Mas et Richard Carapaz se disputer la gagne, quand il les a rattrapés avec Vingegaard à 2,5 km de l’arrivée. Mais les circonstances de course en ont décidé autrement, les intérêts des autres, les dernières forces jetées par tous, lui ont offert la victoire.

Ce sont les Soudal-Quick Step de Remco Evenepoel qui ont condamné les desseins des fuyards du jour. Tout avait explosé d’ entrée dans le méchant col de Braus, l’échappée avait pu filer, le peloton Maillot Jaune avait l’air de se désintéresser des affaires courantes, mais le Belge demanda à ses gars de prendre le commandement en haut du Turini. Il n’y avait ainsi plus que 2’50’’ d’avance pour le groupe de tête au pied de la dernière ascension, le col de la Couillole, où Evenepoel envoya Mikel Landa planter les derniers clous alors qu’autour d’eux il y avait encore à peine une quinzaine d’unités. L’Espagnol prépara la piste de décollage pour son leader, le Maillot Blanc avait réservé le créneau à 5 km de l’arrivée, il attaqua, mais il prit un retour de porte de saloon dans les dents quand Jonas Vingegaard le contra.

Bardet et Carapaz, une affaire de coeur

À l’arrivée, Evenepoel laissa 52 secondes à Vingegaard, mais comment le lui reprocher, alors qu’il boucle un premier Tour où il aura été épatant, tant par sa capacité à résister en haute montagne que par son panache et cette façon d’incarner d’entrée un personnage de la course ? Tout ce remue-ménage entre les favoris a donc brisé le rêve des échappées, et notamment du duo le plus remuant, parti à 10 km de l’arrivée, Enric Mas et Richard Carapaz, qui a confirmé que son prénom était fait pour porter le maillot à pois, entériné hier, une juste récompense tant l’Équatorien mérite de sortir du lot après une Grande Boucle où il aura montré un grand coeur, un flot offensif jamais tari et où il aura su se réinventer quand ses ambitions au général se sont envolées.

En parlant de nos petits coeurs, Romain Bardet les a déchirés de ses larmes et de ses mots à l’arrivée, alors qu’il venait de livrer son dernier combat dans les cols du Tour de France, juste derrière la doublette Mas-Carapaz, le long des roches rouges de la Couillole, dans la lumière chaude, vaporeuse d’une fin d’après-midi qui nous avait bercés après qu’au pied de la Colmiane, le spectacle du lit dévasté de la Vésubie, ces images de désolation, ces ruines et ces bouts de route qui mènent désormais nulle part, nous avaient tordu le ventre. L’Auvergnat fera ses adieux à la Grande Boucle cet après-midi, à l’occasion du contre-la-montre entre Monaco et Nice, où l’on peut s’attendre à ce que les positions entre les trois premiers du général ne bougent plus.

Le tracé de 33,7 km est compliqué, avec la montée de La Turbie et du col d’Eze, il arrive en bout de troisième semaine, alors il devrait cristalliser les états de fraîcheur de chacun. Sauf s’il débranche un peu parce que son sacre est désormais assuré, Tadej Pogacar en sera le grand favori. L’occasion est rare pour le Slovène de gagner chez lui à Monaco, sur les routes qu’il arpente tous les jours, et de s’imposer le dernier jour avec le maillot jaune, alors qu’en raison des Jeux Olympiques, la course ne s’achèvera pas par la procession des Champs-Élysées. Il a dans le viseur une sixième victoire dans cette édition, un troisième Tour de France et un doublé avec le Giro plus réalisé depuis 1998. C’est l’heure de son couronnement.

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