O’Connor à l’heure des tests

24 Aug 2024 - L'Équipe

ALEXANDRE ROOS

L’Australien de Decathlon-AG2R La Mondiale a défendu sans difficulté son maillot rouge hier vers Cordoue, où Wout Van Aert a levé les bras. Ce week-end, plus montagneux, esquissera davantage les capacités et les intentions de chacun.

"Le dernier vainqueur de la Vuelta (Sepp Kuss) qui roule pour toi, je suis très fier" 

   - WOET VAN AERT, VAINQUEUR DE LA 8E ÉTAPE 

CORDOUE (ESP) – Le fauteuil moelleux dans lequel s’est installé Ben O’Connor en tête de la course à Yunquera, avec près de cinq minutes d’avance sur Primoz Roglic et la meute, est depuis jeudi soir au centre des discussions. Les bavardages tournent aussi vite que les ventilos andalous, l’avantage est confortable, il ne l’est pas tant que ça, tous les arguments fondent dans la seconde, pas tant en raison de la chaleur magmatique que de la nature incontrôlable de la Vuelta. Ben O’Connor, pour la première fois vêtu du maillot rouge de leader hier sur la 7e étape, va tenter de conserver son avance confortable au général ce week-end.

Nous sommes loin des plans de jeu minutieux du Tour de France, et l’étape d’hier a démontré à quel point la course pouvait être décousue, les envies des équipes volages, les stratégies cotonneuses. Comme la veille, les Red Bull-Bora-Hansgrohe de Primoz Roglic ont donné l’impression de s’emmêler les crayons. Dans la seule ascension de la journée, l’Alto del 14%, situé à 25 km de l’arrivée, les Allemands ont pris le manche, mais les lieutenants Florian Lipowitz et Daniel Martinez ont sauté à 2,5km du sommet, Aleksandr Vlasov était alors mal placé et Roglic s’est retrouvé seul en tête à assurer le tempo pour tous les favoris.

Le Slovène a bien attaqué un peu plus loin, mais à un endroit où la pente était moins sévère et même O’Connor a estimé que ce n’était pas non plus une accélération maousse. Bref, encore une copie raturée et pas de résultat, si ce ne sont les six secondes de bonification cueillies par Roglic au sommet. Dans ce bric-à-brac, on a aussi vu les UAE tirer des fusées dans tous les sens, pas obnubilés par la 3e place au général de Joao Almeida, entre Marc Soler, parti un peu après le sommet et qui a tenu seul à l’avant jusqu’à 3,5km de l’arrivée à Cordoue, ou Pavel Sivakov qui a pris le relais un kilomètre plus loin avant d’être revu à seulement 200m du terme.

Les Visma-Lease a bike avaient eux aussi rebattu les cartes, Sepp Kuss a retrouvé son vieux costume de gregario, abandonné ses ambitions au général pour un jour et bossé comme un damné pour Wout Van Aert, notamment dans la poursuite derrière Soler. «Le dernier vainqueur de la Vuelta qui roule pour toi, je suis très fier de notre équipe, savourait à l’arrivée le Belge, deuxième victoire dans cette Vuelta, qui n’avait pas eu de mal à régler un groupe d’une trentaine d’unités, après l’écrémage de la dernière bosse, d’autant plus que Kaden Groves (Alpecin-Deceuninck), qui avait lâché dans les dernières pentes puis était tombé au sommet, n’était plus là. Sepp a fait un boulot de fou. Je ne sais pas si les gens réalisent le type d’efforts que c’est de faire moins de 60kg et de rouler comme ça sur le plat. »

Dans ce feu d’artifice autour de Cordoue, O’Connor n’a pas été mis en surchauffe. Avec notamment Clément Berthet et Felix Gall à son côté, le Maillot Rouge a contrôlé, toujours attentif. Il sait qu’il sera mis à plus rude épreuve ce week-end. Aujourd’hui dans la bosse finale de Cazorla, qui n’est pas bien méchante dans son ensemble (4,8 km à 7,1% de moyenne), mais avec des pourcentages sévères, comme la Vuelta en raffole, au pied et dans le dernier kilomètre.

Et surtout demain, vers Grenade, avec l’enchaînement de trois cols de 1re catégorie, dont deux fois l’effrayant Alto de Hazallanas (7,1 km à 9,5 %). Nous verrons alors quel type de résistance O’Connor est en mesure d’opposer et surtout comment ses adversaires comptent s’y prendre pour essayer de le déloger.