UN TRUC DE DOGUES


Ultra disciplinés tactiquement, à la hauteur mentalement dans une ferveur rare, des Lillois acharnés se sont offert la victoire la plus prestigieuse de leur histoire.

3 Oct 2024 - L'Équipe
NATHAN GOURDOL

VILLENEUVE-D’ASCQ (NORD) – C’était un soir à en perdre le Nord et ses poumons, et le peuple lillois a eu droit à une apnée d’anthologie, durant les quatre respirations interminables de Jonathan David avant son penalty. Le Canadien n’est pas surnommé «Iceman» pour rien et ses nerfs de glace ont fait jaillir une ferveur encore jamais vue à Pierre-Mauroy, lorsque le ballon s’est logé à droite du but (45e+2). Déjà bien chaud au moment de l’hymne avec une marée de fumigènes, le jardin des Dogues s’est mis à vibrer sous le poids de la montagne qui était en train de mettre genou à terre face à lui.

Après ses nuits magiques des années 2000, le coup d’éclat contre le Manchester United de Wayne Rooney et Cristiano Ronaldo en novembre 2005 au Stade de France (1-0) avec un but de Milenko Acimovic, l’éclair sur la pelouse de l’AC Milan futur vainqueur de l’édition en décembre 2006 (2-0), le LOSC a signé le plus grand exploit de son histoire en s’offrant le plus grand club du monde, champion d’Europe en titre et vainqueur de six des dix dernières Ligue des champions. Si les historiens ne s’accordent pas tous sur la date de naissance du club nordiste, qui fêtera ses 80 ans en novembre, ce 2 octobre 2024 restera à jamais la meilleure soirée pour des noces de Chêne.

Une ode au dépassement de fonction

Ces derniers jours, le président Olivier Létang comme Bruno Genesio s’étaient évertués à convaincre leur groupe de garnements, talentueux mais trop souvent dissipés dans les moments clés, qu’ils avaient les moyens de croire à l’impossible, à condition d’être irréprochables. Tout s’est déroulé comme dans leurs rêves les plus fous, avec un plan tactique parfait pour éteindre un Real Madrid peu inspiré, pourtant invaincu depuis 36 matches, qui n’a pas pu se réveiller comme il l’avait fait lors de son entrée en lice contre Stuttgart (3-1, 17 septembre). Peut-être transcendés par l’impressionnant tifo à l’effigie de la Déesse de la Grand’Place, symbole de la résistance des Lillois lors du siège de la ville en 1792 par l'armée impériale, les Dogues ont empêché tout retour merengue avec un mordant qu’on ne leur avait jamais vu, même quand Carlo Ancelotti a lancé la cavalerie, dont Kylian Mbappé (57e), qui avait connu bien meilleures soirées à Mauroy.

Après son coup de génie avec l’OL sur le terrain de Manchester City en 2018 (2-1, le 19 septembre), Genesio a ajouté un nouveau scalp monumental à son CV (lire aussi page 3) en dessinant un 4-4-2 ultra bien huilé où Mitchel Bakker, en milieu gauche, a éteint le danger Dani Carvajal, et où chacun y est allé de son dépassement de fonction, pour fermer l’axe, boucher le moindre espace et piquer quand il le fallait. Cette soirée d’éternité demeurera marquée par la bouille juvénile d’Ayyoub Bouaddi, magnifique de fraîcheur et de personnalité pour son 17e anniversaire. Ses cheveux d’ange, sa gestuelle à la Modric devant le maître de 39 ans, entré pour la fin de match, illustraient à merveille ce LOSC qui a su s’élever à une hauteur jamais vue. Cela valait bien un «Joyeux anniversaire» magique des Dogues Virage Est pour le surdoué, bachelier mention «très bien» à 16 ans et désormais dans la légende d’un club à 17.

Dans la continuité du début de campagne des clubs français

Le tour d’honneur s’est logiquement éternisé, et Tiago Santos parvenait encore à sauter dans tous les sens, comme la pile inépuisable qu’il a été pour museler Vinicius Jr, favori du prochain Ballon d’Or, ou sauver sur la ligne devant Antonio Rüdiger (86e). Le Portugais a enfin réussi à s’accorder avec Edon Zhegrova, qui a provoqué le penalty du bonheur en tirant un coup franc sur la main d’Eduardo Camavinga (44e), et les deux hommes ont causé des dégâts considérables sur l’aile droite. Comme si tous les problèmes s’étaient réglés le temps d’une soirée d’immensité.

Presque tous du moins, puisqu’il fallait quand même laisser à Lucas Chevalier de quoi ravir le titre d’homme de la soirée (lire aussi page 5), avec des arrêts maous au bout du bout. «C’est historique» , soufflait Alexsandro, le visage déformé par l’effort. Au lendemain du festival de Brest à Salzbourg (4-0), deux semaines après le succès de Monaco sur le Barça (2-1) les Dogues ont poursuivi le début de Ligue des champions foufou du foot français. 

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Bouaddi, la cerise sur le gâteau d’anniversaire

Comment rêver plus bel anniversaire, pour ses 17 ans, qu’une victoire contre le plus grand club du monde ? On a vu sa longue tignasse partout au milieu de terrain, son corps sec se démener comme un vieux grognard, bousculer les stars du Real, aider ses coéquipiers et prendre ses responsabilités sur chaque balle. Qui imaginait Ayyoub Bouaddi, titulaire en raison de nombreuses absences, capable de sortir une telle performance, afficher une telle personnalité, une telle maîtrise dans un contexte aussi relevé ? Quand certains tremblent à l’idée de se frotter à des monuments, lui a croqué dans ce rendez-vous comme s’il affrontait des potes de quartier. Sans peur. On allait écrire : comme un homme du Real. Sûr que Florentino Pérez, adepte de la filière française, a remarqué aussi sa sortie... « Il a fêté son anniversaire avec une titularisation, une victoire et un gros match, disait Bruno Genesio. Il a démontré tout le potentiel et le talent qu’il a. On sait ce dont il est capable mais il a été freiné par une blessure. Il a une tête bien faite. Il a du talent pour jouer à ce niveau mais le foot, c’est l’histoire d’une soirée. Il faut confirmer mais il n’y a pas trop de soucis à se faire de ce côté. » Tant le LOSC croit en sa nouvelle pépite depuis très longtemps. (H. P.)

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Quale modo migliore di festeggiare il suo 17° compleanno se non con una vittoria contro il più grande club del mondo? Abbiamo visto i suoi lunghi capelli lungo tutto il centrocampo, il suo corpo magro lavorare come un vecchio bisbetico, spingendo le stelle del Real, aiutando i compagni e prendendosi la responsabilità di ogni pallone. Chi avrebbe potuto immaginare che Ayyoub Bouaddi, titolare fisso a causa delle numerose assenze, fosse in grado di fornire una prestazione del genere, mostrando una tale personalità e una tale padronanza in un contesto così impegnativo? Mentre alcuni rabbrividiscono al pensiero di affrontare i più grandi giocatori del mondo, Bouaddi è sceso in campo come se stesse giocando contro gli amici del quartiere. Senza paura. Come uno del Real. Anche Florentino Pérez, appassionato di calcio francese, ne avrà sicuramente notato la prestazione... Ha festeggiato il suo compleanno con una partenza, una vittoria e una grande partita”, ha detto Bruno Genesio. Ha mostrato tutto il potenziale e il talento che ha. Sappiamo di cosa è capace, ma è stato ostacolato dagli infortuni. Ha una buona testa. Ha il talento per giocare a questo livello, ma il calcio è un affare unico. Dovremo avere conferme, ma non c'è molto da preoccuparsi sotto questo aspetto”. Il LOSC crede da tempo nella sua nuova pepita (H. P.)

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