POGACAR UNE ANNÉE EN OR
Sans surprise, Tadej Pogacar a remporté le Vélo d’Or et le trophée du meilleur coureur de classiques, au terme d’une soirée rendue émouvante par Luis Angel Maté, vainqueur du trophée Gino-Mäder.
7 Dec 2024 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS
Tadej Pogacar est humain, après tout. Il ne peut pas s’empiffrer de tous les trophées et celui de l’élégance vestimentaire lui a assez largement échappé, hier, lors de la soirée du Vélo d’Or qu’il a traversée avec sa légèreté habituelle, sa bouille d’enfant bien peignée – pour une fois – et son espièglerie. Si ses chaussures – des baskets à la virgule customisées en hommage à ses victoires sur le Giro, le Tour et les Championnats du monde à Zurich - étaient excusables car offertes par son ami Matteo Trentin, son ensemble en polaire anthracite l’a écarté du palmarès de la fringue au Pavillon Gabriel, ce dont il se consolera assez vite. Car, pour le reste et sans surprise, le Slovène arrivé à 17h45 d’Orly en moto-taxi après vingt minutes de trajet – «ils vont toujours aussi vite?» – a raflé tout ce qui pouvait l’être : le Vélo d’Or, donc, mais aussi le trophée Eddy Merckx pour sa campagne des classiques presque parfaite (vainqueur des Strade Bianche, de Liège-Bastogne-Liège et du Tour de Lombardie). Une dernière récompense qu’il n’attendait pas et que, avec son sens de la répartie plus maîtrisé que les longues tirades, il a accueilli amusé au moment d’évoquer sa filiation avec la légende belge: «Peut-être qu’il portera mon nom un jour.»
Son sourire et ses facéties cachent pourtant mal son côté cannibalesque, et la soirée du Vélo d’Ornevapasarrangersaréputation d’ogre de la route. Arrivé les mains vides de Monaco où il avait roulé deux heures dans la journée, « Pogi » est donc reparti chargé de deux nouvelles coupes, à 20heures, assez excité de rallier l’aéroport Charles-de-Gaulle, cette fois-ci, par le même moyen de locomotion, à toute vitesse. Son séjour parisien fut express car le garçon est pressé: une séance d’entraînement de quatre heures l’attend aujourd’hui et, dès demain, il s’envolera pour Benidorm, en Espagne, pour un premier stage avec son équipe UAE Team Emirates.
Sa saison 2025 a déjà débuté et, sur le tapis rouge, il avait conscience qu’il serait compliqué de réaliserunduplicatade2024,avec ses 25 victoires : «C’est presque impossible mais je vais essayer de m’en approcher le plus. Si je peux gagner la moitié de ce que j’ai remporté l’an dernier, ce sera déjà une bonne saison.»
Son programme sera «plus ou moins le même» et Paris-Roubaix devra ainsi encore attendre avant d’accueillir le maillot arc-en-ciel, quand bien même le Belge Tom Boonen, co-recordman de l’épreuve nordiste (4 victoires, comme Roger De Vlaeminck), a tentédelechaufferaumomentde lui remettre son trophée Eddy Merckx, lui expliquant que l’Enfer du Nord n’était pas si terrible que ça. Sans le convaincre, visiblement: «C’est facile mais pour lui (rires). » Un peu avant, en coulisses, le coureur à la mèche avait devisé avec une autre légende, StephenRoche,commeluiauteur du triplé Giro-Tour-Mondiaux en 1987 et l’Irlandais, fan de son panache et de sa disponibilité, l’avait adoubé sans difficulté. Hier, il n’y en avait que pour le Slovène, qui n’a pas refusé un selfie dans la salle et a offert à notre photographe Étienne Garnier une séance d’un très haut niveau d’improvisation, entre mimiques et poses assez gaguesques.
Très doué aussi pour le show
Dix minutes de show qu’il a prolongées sur scène quand le présentateur David Millar lui a demandé lequel des trois maillots – le rose, le jaune et l’arc-en-ciel – avait sa préférence, la nuit : «Je dors nu. » Il est bon, le bougre, beaucoup trop pour une concurrence pourtant dense (les quatre autres finalistes pour le Vélo d’Or s’appelaient tout de même Remco Evenepoel, Jonas Vingegaard, Mathieu Van der Poel et Primoz Roglic) et qu’il a éteinte tout au long de la saison, de la Piazza del Campo à Sienne jusqu’à Zurich, en passant par la promenade des Anglais à Nice.
Heureusement, il n’était pas éligible dans les autres catégories et à la Belge Lotte Kopecky, qui a notamment gagné les Championnats du monde et Paris-Roubaix, il a évidemment laissé le Vélo d’Or femme; aux Français, le prix Bernard Hinault que Romain Bardet, radieux avant la soirée et au moment de monter sur scène, a glané, non sans regretter des résultats tricolores en deçà des années précédentes.
«Je suis heureux et touché (par cette récompense) mais j’aurais préféré que ce soit au coeur d’une saison exceptionnelle pour le cyclisme français, ce qui n’a pas été le cas, il faut être honnête, a observé le coureur de DSM-firmenich PostNL. On a été habitués à des années plus fastes, on se retrouve devancés par d’autres nations. Mais la relève est là. » Devant lui étaient assis le médaillé d’argent olympique Valentin Madouas, le champion de France Paul Lapeira et David Gaudu, mais peut-être pensait-il aussi à son « petit pote » , comme l’Auvergnat appelle son fils, qu’on a aperçu sur une vidéo chevaucher un vélo.
Car cette soirée a oscillé entre la maladresse touchante de Daniel Morelon (80ans), venu remettre le prix du meilleur para-cycliste français à Alexandre Léauté – un triple champion olympique comme lui –, et le sentiment que le cyclisme – «Ce sport de cape et d’épée», comme l’écrivait Jacques Goddet –, romantique par essence, avait un truc en plus. De l’ordre de la filiation et de la transmission et que Luis Angel Maté, trophée Gino-Mäder pour son engagement social ( lire par ailleurs), a magnifié sous le regard à la fois ému et souriant des parents du défunt coureur suisse qu’il a serrés contre lui: «On a le plus beau stade du monde.» Mais où Pogacar, en 2024, s’est un peu plus amusé que les autres.
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POGACAR, UN ANNO D'ORO
A sorpresa, Tadej Pogacar ha vinto il Vélo d'Or e il trofeo per il miglior corridore di classiche, al termine di una serata resa emozionante da Luis Angel Maté, vincitore del trofeo Gino-Mäder.
7 dicembre 2024 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS
Tadej Pogacar è un essere umano, dopotutto. Non può ingozzarsi di tutti i trofei, e quello per l'eleganza dell'abbigliamento gli è sfuggito in gran parte alla serata del Vélo d'Or di ieri, che ha superato con la sua solita leggerezza, il suo viso da bambino ben pettinato - per una volta - e la sua malizia. Se le sue scarpe - scarpe da ginnastica con una virgola personalizzata in omaggio alle sue vittorie al Giro, al Tour e ai Campionati del Mondo di Zurigo - erano giustificabili perché donate dall'amico Matteo Trentin, il suo completo in pile color antracite lo ha lasciato fuori dalla lista dei premiati al Pavillon Gabriel, cosa di cui potrà presto consolarsi.
Per il resto, e non a caso, lo sloveno, arrivato da Orly in mototaxi alle 17.45 dopo un viaggio di venti minuti - “vanno sempre così veloci? - Il Vélo d'Or, naturalmente, ma anche il trofeo Eddy Merckx per la sua quasi perfetta campagna di classiche (vincitore della Strade Bianche, della Liegi-Bastogne-Liegi e del Giro di Lombardia). Un premio finale che non si aspettava e che, con il suo senso della battuta più abile delle lunghe tirate, ha salutato con divertimento quando ha accennato alla sua parentela con la leggenda belga: “Forse un giorno porterà il mio nome”.
Il suo sorriso e la sua facondia fanno poco per nascondere il suo lato cannibale, e la serata del Vélo d'Orne non ha cambiato la sua reputazione di orco della strada. Dopo essere arrivato a mani vuote da Monaco, dove aveva pedalato per due ore durante la giornata, “Pogi” è ripartito alle 20.00, carico di due nuovi trofei e piuttosto entusiasta all'idea di raggiungere l'aeroporto Charles-de-Gaulle, questa volta con lo stesso mezzo di trasporto, a tutta velocità. Il suo soggiorno a Parigi è stato rapido, perché il ragazzo ha fretta: oggi lo attende una sessione di allenamento di quattro ore e domani partirà per Benidorm, in Spagna, per il primo allenamento con il suo UAE Team Emirates.
La sua stagione 2025 è già iniziata e, sul red carpet, si è detto consapevole che sarà complicato ottenere un duplicato del 2024, con le sue 25 vittorie: “È quasi impossibile, ma cercherò di avvicinarmici il più possibile. Se riuscirò a vincere la metà di quanto ho fatto l'anno scorso, sarà già una buona stagione”.
Il suo programma sarà “più o meno lo stesso” e la Parigi-Roubaix dovrà ancora aspettare prima di accogliere la maglia iridata, anche se il belga Tom Boonen, co-recordman della corsa del Nord (4 vittorie, come Roger De Vlaeminck), ha cercato di scaldarlo quando gli ha consegnato il trofeo Eddy Merckx, spiegandogli che l'Inferno del Nord non è poi così male. Senza convincerlo, ovviamente: “È facile, ma per lui (ride)”. Poco prima, nel backstage, il corridore con il ciuffetto aveva chiacchierato con un'altra leggenda, Stephen Roche, come lui autore della tripletta Giro-Tour-Mondiale nel 1987, e l'irlandese, ammiratore del suo brio e della sua disponibilità, gli aveva dato il benservito senza alcuna difficoltà. Ieri, invece, è stato tutto merito dello sloveno, che non ha rifiutato un selfie in sala e ha regalato al nostro fotografo Étienne Garnier una sessione di grande improvvisazione, con tanto di mimica e pose piuttosto scherzose.
Anche uno showman di talento
Dieci minuti di spettacolo che ha prolungato sul palco quando il presentatore (ed ex corridore, ndr) David Millar gli ha chiesto quale delle tre maglie - rosa, gialla e arcobaleno - preferisse di notte: “Dormo nudo”. È un buon corridore, troppo buono per la dura concorrenza (gli altri quattro finalisti del Vélo d'Or erano Remco Evenepoel, Jonas Vingegaard, Mathieu van der Poel e Primoz Roglic) e li ha messi in difficoltà per tutta la stagione, da Piazza del Campo a Siena a Zurigo, passando per la Promenade des Anglais a Nizza.
Per fortuna non era eleggibile nelle altre categorie, e ha ovviamente lasciato il Vélo d'Or femminile alla belga Lotte Kopecky, che ha vinto i Campionati del Mondo e la Parigi-Roubaix, e il premio Bernard Hinault ai francesi, che Romain Bardet, raggiante prima della serata e mentre saliva sul palco, ha vinto, anche se si è rammaricato del fatto che i risultati del suo Paese non sono stati buoni come negli anni precedenti.
Sono felice e commosso per questo premio, ma avrei preferito che fosse arrivato nel bel mezzo di una stagione eccezionale per il ciclismo francese, cosa che non è avvenuta, dobbiamo essere onesti”, ha osservato il corridore della DSM-Firmenich PostNL. Siamo abituati ad anni migliori, e ora veniamo lasciati indietro da altre nazioni. Ma la prossima generazione è qui”. Davanti a lui sedevano l'argento olimpico Valentin Madouas, il campione francese Paul Lapeira e David Gaudu, ma forse pensava anche al suo “amichetto”, come il nativo dell'Alvernia chiama suo figlio, che è stato visto in video in sella a una bicicletta.
La serata ha oscillato tra la commovente goffaggine di Daniel Morelon (80), venuto a consegnare il premio per il miglior paraciclista francese ad Alexandre Léauté - tre volte campione olimpico come lui - e la sensazione che il ciclismo - “questo sport di cappa e spada”, come ha scritto Jacques Goddet -, romantico per natura, avesse qualcosa in più. Luis Angel Maté, vincitore del trofeo Gino-Mäder per il suo impegno sociale (vedi altrove), ha amplificato questa sensazione mentre i genitori del ciclista svizzero scomparso lo guardavano sorridenti e commossi e lo abbracciavano: “Abbiamo lo stadio più bello del mondo. Ma dove Pogacar, nel 2024, si è divertito un po' più degli altri.
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Romain Bardet (ci-dessous, photo de gauche) et
Luis Angel Maté (à droite) recevant leurs récompenses.
Luis Angel Maté: «Le vélo changera le monde»
Vainqueur du Trophée Gino-Mäder, récompensant son implication sur les questions environnementales, a délivré des mots forts qui ont touché le public.
L'Équipe - Y. H.
La pudeur du moment, devantles parents de Gino Mäder, a laissé les spectateurs du Pavillon Gabriel sur leur chaise mais il s’en est fallu de peu que la salle se lève d’un seul homme pour saluer Luis Angel Maté, honoré du Trophée portant le nom du coureur suisse, décédé des suites de sa chute lors du Tour de Suisse en juin 2023.
L’Espagnol, qui a terminé sa carrière sous les couleurs d’Euskatel-Euskadi lors de la dernière Vuelta, a offert un moment rare, dans un français parfait, à un public conquis par son discours, saluant la mémoire de Mäder, qui a éveillé sa conscience écologique en 2021 lors d’un Tour d’Espagne
au cours duquel ils avaient fait connaissance: «Gino était alors un jeune coureur, il avait lancé une très belle initiative pour récolter de l’argent pour des associations écologiques. J’avais alors décidé de faire aussi quelque chose et c’est grâce à lui, il m’a inspiré.»
Maté avait parcouru mille kilomètres après l’arrivée de la Vuelta (message : on peut tout faire à vélo) et, cette année, il a remis ça sur 650 kilomètres, de Madrid à Marbella, sa ville de naissance et de résidence. En 2022, il avait également promis de planter un arbre pour chaque kilomètre parcouru en tête de l’épreuve espagnole: «Son héritage, ses valeurs nous imposent à tous de devenir de meilleures personnes.»
Le néo-retraité de 40 ans, récompensé donc pour son implication sur les questions environnementales, est allé ensuite un peu plus loin que la seule question du changement climatique.Il a également dénoncé «la vague de populisme et la désinformation » qui gangrènent la société, invité chacun «à l’unité» , au travers notamment du cyclisme, qui « est un peu plus qu’un sport, une façon de vivre. » En français, en anglais et en espagnol, Maté conclut le moment le plus fort de la soirée par des mots qui ont résonné auprès des spectateurs: «Le vélo changera le monde.»
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