Gaudu: «Le podium au Giro, c’est faisable»
8 Jan 2025 - L'Équipe
PIERRE MENJOT
Au plus bas lors du dernier Tour de France puis au rebond à la Vuelta (6e), le Breton de Groupama-FDJ a vécu un hiver studieux, avant une saison 2025 qui le verra pour la première fois doubler Giro et Tour, comme il l’annonce à « L’Équipe ».
"Sur le Tour, j’ai réappris à m’accrocher, à ne pas lâcher,
et ma bonne Vuelta vient aussi de tout cela"
"Si le Giro se passe bien, j’arriverai plus léger cet été, avec rien à perdre, quitte à prendre
10 ou 15 minutes parce que le coup n’aura pas marché''
"J’espère arriver dans mes meilleures années"
CALPE (ESP) – Les années passent pour David Gaudu. À 28 ans, le Breton n’est plus un petit jeune, et même sa 4e place du Tour 2022 semble loin, désormais, tant le grimpeur de Groupama-FDJ a connu des hauts et des bas depuis. « J’ai vécu un début de saison canon en 2023 (2e de Paris-Nice, 4e du Tour du Pays Basque), puis une fin en boulet de canon l’an dernier (6e de la Vuelta), je préfère largement la deuxième option», assurait-il, tout sourire au moment du premier stage de son équipe, le mois dernier à Calpe. Le Tour d’Espagne lui a fait beaucoup de bien au moral, « car il a repris là-bas le cours de sa progression, le fil de sac arrière », juge Julien Pinot, directeur de l’entraînement de l’équipe, qui compte sur Gaudu pour « être à la lutte pour le général ». C’est ce qu’il visera au Giro, qu’il découvrira en 2025, après un début de saison différent de ses habitudes (Muscat Classic, Tour d’Oman, Classic Var, Tour des Alpes-Maritimes, Strade Bianche, Tirreno-Adriatico et Tour de Romandie avant l’Italie).Depuis la fin de la saison 2024, David Gaudu retrouve de la confiance. Et le sourire.
«Il y a un an, pour faire le bilan de 2023, vous vous disiez “fort mais pas assez fort ”.
Diriez-vous la même chose aujourd’hui pour 2024?
Si on parle davantage de la fin de saison, de la Vuelta,j’ ai retrouvé mon niveau de performance et ma place, tout simplement, entre4eet6e. Pour parler purement de puissance, mes valeurs étaient excellentes, tous mes record sont été établis lors de ce Tour d’ Espagne, donc j’ avais un niveau que je n’ avais jamais atteint. C’ est ma plus grosse performance des deux dernières saisons. Derrière, je par viens à gagner une étape en costaud au TourduLuxembourg( enseptembre). Donc j’ ai retrouvé mon niveau et surtout ma place.
Depuis quand l’ aviez-vous perdue?
Le Tour du Pays Basque 2023, où je fais4e. À l’ été 2023, je finis9e du Tour, puis ça avait été plus compliqué, et encore en début d’ année 2024, il a fallu s’accrocher.
Notamment lors du dernier Tour, où vous avez parfois fini dans le gruppetto (65e au général) ?
Ma bonne fin de saison est en partie du eaux galères que j’ ai passées. Au-delà du Tour, il y a eu des moments où j’ étais vraiment dans le dur, pas à mon niveau, même si ça ne m’ a pas empêché de faire15e du Dauphiné( en juin ). Je me disais que j’ allais récupérer un peu de tout ça et en bénéficier sur le bloc suivant, les sensations revenaient, et bim, j’attrape le Covid.La semaine avant le Tour, j’ étais cuit, si j’ allais rouler 1h30, jed or mais deux heures sur le canapé en rentrant tellement j’ étais mort. Je ne voulais pas aller au Tour, je ne me voyais pas capable de faire 20 ou 30 kilomètres avec le peloton. J’ ai eu de la chance, j’ ai été bien accompagné par un préparateur mental, mon entraîneur, l’ équipe, qui m’ ont dit que je n’ aurais pas la pression de jouer le général. Mais je ne sais même pas comment j’ ai fini la première étape(136e ). J’ étais content quand j’ ai passé le trentième kilomètre, je me suis dit“Allez, 30 de plus ”, puis j’ ai vu des mecs péter avant moi, ça m’ a fait du bien. Je n’ étais pas du tout à mon niveau de tout le Tour, je me fixais des petits objectifs, basculer avec le deuxième groupe à la Bon et te, être parmi les derniers repris de l’ échappé eau Galibie roua u Tour mal et. J’ ai ré appris à m’ accrocher, à ne pas lâcher, et ma bonne Vuel ta vient aussi de tout cela.
Aviez-vous lâché à un moment?
Non, je n’ ai jamais lâché. Mais je faisais tout bien et, chaque fois, quelquechose m’ arrivait. J’ ai fait all in sur la Vuelta et jusqu’ à l’ arrivée à Madrid, je me suis dit “C’ est pas possible, je vais tomber malade un jour, je vais avoir une bronchite et ce sera fini ”( sourire...). Et ce n’ est pas arrivé, enfin ça s’estaligné.
Qu’espérez-vouspour2025?
Je vais découvrir leGiro(9mai-1er juin, dont le parcours sera présenté le 13 janvier ). Cela faisait un moment qu’ on en parlait avec Marc( M ad iot, manager général ), depuis mare négociation de contrat( en juin 2022). L’an passé, on n’ y a pas été car il y avait beaucoup de chronos plats assez longs, et j’ avais envie d’ aller au Tour pour essayer de mer attraper de 2023 (9e). Là, j’ ai vraiment une opportunité.
Pour faire quoi?
J’ aimerais que ce soit à l’ image de ma Vuel ta. Jouer le classe ment général, me placer dans le top 5, voire le podium, c’ est clairement faisable. Il faut voir qui est au départ,carsionannonceRoglic,Pogacar, Vingegaar de tE ve nepoel, ce sera compliqué, c’ est sûr, il faut être lucide. Mais c’ est moins cadenassé qu’ un Tour, je veux y courir libéré, prendre du plaisir. Ceux qui m’ ont parlé duGiro,co mm eT hi ba ut( Pinot) ou Romain( Bard et ), m’ ont dit qu’ il fallait que je le vive, ils n’ avaient pas de mots pour le décrire mais tu sentais à leur ton que c’ était quelquechose d’ incroyable. Cela m’attire.
Participerez-vous au Tour (5-27 juillet) ensuite?
Pour un grimpeur français, le Tour est ce qu’ il y a de plus beau, donc je ne me suis pas posé la question de ne pas venir. Là, avec un Giro dans les pattes, je n’ aurai pas le même état de fraîcheur, mais je vais peut-être pouvoir tenter un coup de poker, prendre des risques. Si le Tour d’ Italie se passe bien, j’ arriverai plus léger cet été, avec rien à perdre, quitte à prendre 10 ou 15 minutes parceque le coup n’ aura pas marché.
Vous avez 28 ans. Où pensez-vous en être devotrecarrière?
J’ espère arriver dans mes meilleures années. Il y a des générations doré es avec des coureurs d’ une vingtaine d’ années déjà au top. Mais quand je suis passé pro( en 2017), c’étaitencoreà27-28ansqu’on atteignait son sommet, et j’ ai suivi un peu ce modèle-là, même si je pense avoir été plus précoce. Pour les coureurs de classe ment général, ce n’ est plus seulement grimper, ou rouler fort sur le plat; il faut bien frotter, se placer, être à l’ avant sur les étapes accidentées, aller vite au sprint pour jouer les bon ifs. Il faut tout maximiser. Donc je peux encore progresser, notamment dans le contre-la-montre. Là, on a adopté une nouvelle position sur le vélo de chrono, on a pas mal bossé et je me sens bien, je sais que je peux pousser sur les pédales. Surtout, j’ai envie .»
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