Blocs de l’Est


“La Terre sainte contre Sodome et Gomorrhe'' 
   - CHERYL MILLER, CHAMPIONNE 
     OLYMPIQUE 1984 ET DU MONDE 1986

Série de play-offs la plus jouée à l’Est depuis 1993, la finale de Conférence New York-Indiana, qui commence ce soir, oppose deux fiefs, deux cultures et deux équipes dont les dernières apparitions en finale NBA remontent à un quart de siècle.

Des quatre franchises finalistes des conférences, seuls les Knicks ont déjà été sacrés champions NBA, en 1970 et 1973. La franchise du Thunder a été créée en 1967 sous le nom des SuperSonics de Seattle (champions 1979) avant d’être délocalisée dans l’Oklahoma en 2008.

21 May 2025 - L'Équipe
ARNAUD LECOMTE

Ces derniers jours, l’image est réapparue sur les réseaux sociaux. Elle date d’un peu moins d’un an. On y voit Jalen Brunson et Tyrese Haliburton, les deux meneur s porte drapeaux des Knicks et des Pacers, fe indre de se défier en civil sur un ring de la WWE (World Wrestling Entertainment), la machine à catch qui organise et diffuse son spectacle pantomime sur le territoire US.

C’était au Madison Square Garden, un mois et demi après l’élimination de New York au match 7 du 2e tour des play-offs, à l’issue une démonstration offensive d’Indiana (130-109, à 67% de réussite aux tirs) et particulièrement de Haliburton (14 points dès le premier quart-temps) dans l’autoproclamée « salle la plus célèbre du monde. »

Ce soir-là, Rick Carlisle, le coach d’Indiana, avait ravivé la douleur dans l’imaginaire des fans des Knicks, de nouveau frustrés par un scénario digne d’une histoire sans fin. « L’ombre de Reggie (Miller) rôdait dans tous les coins de la salle », avait-il commenté dans un sourire entendu, pour rappeler, vingt-neuf ans après, l’incroyable numéro de Reggie Miller un autre soir de 2e tour. En 1995, le pistolero à la grande bouche avait éteint le Garden dès le premier match de la série en scorant huit points en neuf secondes dans les 16 dernières de la rencontre pour renverser le score et donner l’avantage aux Pacers (107-105), finalement vainqueurs de la série au bout, déjà, d’un match 7.

Provocations entre Spike Lee et Reggie Miller

La saison précédente, en 1994, la rivalité avait connu son premier épisode, cette fois en finale de conférence, comme en 1999, 2000 et cette année. Dans le quatrième quart-temps du match 5, toujours au Garden, Miller était entré en transe et avait croisé le fer, non avec un catcheur mais avec le cinéaste Spike Lee, alors au faîte de sa gloire et supporter ultra desKnicks, intenable au premier rang des tribunes, sur la ligne de touche. Leurs provocations verbales et gestuelles avaient fait le régal de la presse new-yorkaise.

Le réalisateur de Malcolm X (1992) et de He Got Game (1998) et l’ancien All-Star, désormais consultant pour NBC, seront encore ces prochains jours–et peut-être dès ce soir (jeudi, 2heures, en France), si Spike Lee et sa veste rayée aux couleurs des Knicks sont rentrés du festival de Cannes– au centre d’une série, la plus jouée de la Conférence Est depuis 1993, qui vivra son neuvième épisode (Indiana mène 6-2, mais New York a gagné deux des trois duels en finale de conférence).

Une finale NBA qui les fuit depuis un quart de siècle

Les deux franchises, que tout oppose, sont unies par une même malédiction, celle d’attendre désespérément un trophée. Plus d’un demi-siècle de disette pour New York (champion NBA 1970 et 1973) et Indiana (champion ABA, la Ligue pro concurrente, en 1970, 1972 et 1973) contemple ces deux losers, dont l’heure va pourtant sonner, a minima, pour une finale que l’un et l’autre n’ont plus atteinte depuis un quart de siècle (1999 pour les Knicks, battus par les San Antonio Spurs; 2000 pour les Pacers, dominés par les Los Angeles Lakers).

Ils abordent le combat avec toutes leurs armes, gonflés de confiance après avoir sorti les numéros 1 et 2 de la Conférence, Cleveland (Indiana, vainqueur 4-1) et le champion en titre Boston (New York, vainqueur 4-2). L’empoignade s’annonce longue et sévère entre deux concepts: l’intensité maximale des joueurs de Tom Thibodeau, rincés et meurtris par les blessures l’an dernier, qui s’appuient sur un cinq majeur suremployé autour de Brunson et de Karl-Anthony Towns; la stabilité, la profondeur de banc et l’attaque parfois irrésistible des coéquipiers de Haliburton et de Pascal Siakam.

La traduction sur le terrain de deux mondes, deux fiefs, caricaturés à souhait. Mythifié parle filmHo osiers (1986), qui relate la victoire surprise d’une équipe de lycée d’une bourgade et de son coach, interprété par Gene Hackman, en finale du Championnat de l’État devant 40000 spectateurs, Indiana incarne le basket des champs, dans la région la plus férue du pays, avec le Kentucky et la Caroline du Nord. New York reflète la culture urbaine du jeu, aussi rude que flamboyante, où l’on joue sa vie sur chaque ballon sur le bitume dep la yg rounds bruyants et grillagés dans une ville qui importe ou fabrique les stars autant qu’elle les calcine.

Dans un documentaire produit par ESPN en 2011, Cheryl Miller, ancienne grande dame du jeu et soeur aînée de Reggie, avait qualifié ainsi la rivalité: «C’est Indiana, la Terre sainte, contre New York, Sodome et Gomorrhe. »

En 1994, avant la première grande série entre les deux franchises – le 1er tour de 1993 était au meilleur des cinq matches –, le titre de la der du New York Post avait été plus agressif: «Knicks vs Hicks!» (les Knicks contre les bouseux). Moins biblique, certes, mais tout aussi éclairant sur l’éternelle opposition entre les arrogants de la métropole et les rudes provinciaux.

Les premiers ont usé des kilos d’entraîneurs et de joueurs sans résultat depuis vingt-cinq ans et enflamment Manhattan à la vitesse d’une allumette au moindre tour de play-offs validé (lire ci-contre). Les seconds seraient de lointains descendants du pasteur James Naismith (1861-1939), qui, pour occuper ses élèves l’ hiver venu dans le Massachusetts, avait eu l’idée de fixer au mur un cageot de pêches et d’y lancer un ballon de football enveloppé de cuir. Quelle que soit son issue, cette série convoque le basket vrai.

***


Supporters jusqu’à la déraison

La qualification des Knicks pour la finale de la Conférence Est, 25 ans après, a embrasé les rues de New York. La série contre Indiana s’annonce électrique devant le Madison Square Garden, où des milliers de fans déchaînés suivront les matches sur écran géant.Les supporters des Knicks ont explosé de joie lors de la qualification de New York face à Boston, le 16 mai, et l’ambiance promet d’être chaude aux abords du Madison Square Garden cette nuit lors du match 1 contre Indiana.

MAXIME AUBIN

SAN ANTONIO (USA) – Une marée humaine avait remplacé le défilé habituel des yellow cabs, vendredi soir, au croisement entre la 7e avenue et la 32e rue, à Manhattan. À un bloc de là, les Knicks venaient de faire tomber le champion en titre, Boston, au Madison Square Garden (série remportée 4-2), pour permettre à la franchise new-yorkaise de retrouver la finale de la Conférence Est après vingt-cinq ans de disette. Un bonheur immense pour des milliers d’habitants de la Big Apple, sortis fêter la nouvelle à leur manière: dans un chaos invraisemblable. «Les fans ont forcé les barricades de police. Il y avait la fumée des feux d’artifice dans le ciel, des jets de bière… Certains ont même commencé à grimper sur les murs et les lampadaires », raconte Peter Sblendorio, qui couvrait l’événement pour le quotidien local New York Daily News. «C’est comme si Manhattan s’était transformé en un Woodstock des temps modernes», illustre le journaliste, référence au festival de rock très anarchique organisé à 150km de là, en 1969.

Les New-Yorkais nous ont habitués à faire dans la démesure. Les scènes de liesse observées vendredi rappelaient celles de mai 2021, lorsque les Knicks avaient retrouvé le premier tour des play-offs après sept ans d’absence. La série perdue contre Atlanta et le nouvel ennemi public numéro un Trae Young (4-1) s’était jouée dans une atmosphère unique au Garden, et avait laissé place au même genre d’attroupement devant la salle. Une ambiance décuplée par le retour des supporters sur place, en sortie de pandémie du Covid-19. «Ce genre de rassemblement est devenu la marque de fabrique des supporters ces dernières années. Mais vendredi était différent. La foule était plus nombreuse, elle est restée plus longtemps, et l’ensemble était beaucoup plus bruyant», ajoute Sblendorio. Une cohue à laquelle s’est notamment mêlé l’acteur américain Timothée Chalamet.

Présent au bord du terrain pendant le match, ce grand fan des Knicks a ensuite été aperçu en train de fêter la victoire à la fenêtre de son SUV noir, entouré et secoué par une foule déchaînée. Une scène so New York.

Un fan des Pacers pris à partie après la qualif contre Boston

Est-ce la perspective de retrouver Indiana qui agite autant les fans new-yorkais? Les deux équipes ont déjà croisé le fer huit fois en play-offs depuis 1993, avec une dernière défaite des Knicks enregistrée l’an dernier en demi-finales de Conférence (4-3). Les supporters locaux gardent également un très mauvais souvenir du passage à l’an 2000. À l’époque, Reggie Miller avait joué le rôle de bourreau pour éliminer New York en finale de Conférence (4-2, avec une dernière victoire sur le parquet du Madison Square Garden). Cette inimitié à l’égard des Pacers, et des équipes adverses en général, a poussé les fans des Knicks à dépasser les bornes, vendredi. Une vidéo devenue virale montre certains d’entre eux en train d’insulter et de jeter des poubelles sur un homme vêtu d’un maillot des Pacers dans la rue. Une situation qui aurait pu largement dégénérer. L’histoire s’est finalement bien terminée.

Tyrese Haliburton, le meneur d’Indiana, a fait une apparition à la télévision américaine pour annoncer qu’il invitait le jeune homme au match 4 de la série, prévu à Indianapolis le 27 mai. Un joli coup de com qui devrait lancer les hostilités avant la première rencontre entre les deux équipes, cette nuit, à Manhattan (2 heures, en France). Un nouveau rendez-vous sous haute tension pour la police new-yorkaise chargée de surveiller la watch party géante prévue devant la salle de basket la plus célèbre au monde. «Je ne peux pas imaginer ce qui va se passer si les Knicks atteignent la finale. New York va être en feu», termine Sblendorio, conscient que les habitants de la ville peuvent parfois sombrer dans l’excès.

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