Roglic passe entre les gouttes
Malgré une chute le matin même, Primoz Roglic a réalisé hier,
entre Lucques et Pise et sous la pluie, le meilleur temps de tous les favoris.
Il reprend 19 secondes à Juan Ayuso et remonte à la 5e place du général, à 1’18’’ d’Isaac Del Toro.
Le Slovène est le favori qui s’en est le mieux sorti sous la pluie hier, alors que le maillot rose, Isaac Del Toro, a senti le souffle de son coéquipier Juan Ayuso.
21 May 2025 - L'Équipe
THOMAS PEROTTO
PISE (ITALIE) – Alors, pour la recette des tordelli lucchesi, c’est très simple: du parmesan et du pecorino à parts égales, une tranche de rôti de boeuf et la même chose en porc, du pain trempé dans le bouillon, mais pas trop, et deux oeufs. Va bene. Pour un contre-lamontre animé dans la région, c’est à peu près pareil : des amphores de pluie sur des routes déjà bien huileuses, des virages à droite et à gauche, un coureur qui tombe le matin, d’autres qui se tirent la bourre dans la même équipe, un peu de soleil et de nouveau de la pluie. À la fin, tout le monde se régale, mais veut vite aller digérer tranquille au lit. Le contre-la-montre d’hier entre Lucques et Pise (28,6 km) a joué avec les nerfs d’un peloton qui avait l’oeil rivé sur les applications météorologiques tout l’aprèsmidi. Les favoris ont été les moins bien servis avec une chaussée trempée au moment où ils ont commencé à s’élancer.
Primoz Roglic a finalement fait la meilleure opération après avoir connu la pire matinée pour se préparer. Le Slovène, tombé dimanche à Sienne dans les chemins blancs, est encore allé à terre, mais cette fois en reconnaissant le parcours en fin de matinée. Primoz Ro-glisse. « C’était un virage à droite à basse vitesse, il y avait de l’huile sur la route, c’était très glissant. Mais tout va bien », confiait son directeur sportif, Patxi Vila, au bus de l’équipe Red Bull-Bora-hansgrohe.
Sa prochaine mission?
Gérer la supériorité numérique des UAE
Une frayeur sans dommage physique ni psychologique puisque Roglic a grignoté 1’18 à Isaac Del Toro et 19 secondes à Juan Ayuso, les deux premiers du général, coéquipiers chez UAE Emirates. Le Slovène a surtout gagné cinq places au général (de 10e à 5e). Il est de retour dans le match, même si personne n’avait vraiment pensé à l’en écarter alors qu’il reste encore deux longues semaines de course et que le plus dur n’est pas passé.
Avec son expérience des Grands Tours et ses 35 ans, Roglic, vainqueur du Giro en 2023, sait gérer les moments compliqués. Amoché sur le côté gauche dimanche, amoché sur le côté droit hier, il a trouvé un certain équilibre, a-t-il plaisanté. «Je suis content de ma performance, ajoutait-il à la télévision slovène. La reconnaissance du chrono s’est déroulée sous une pluie bat tante malheureusement, ce qui l’a rendue en fait bien plus difficile que le contre la-montre réel, qui n’ avait que quelques parties humides ici et là. Chaque mètre sec m’a rendu heureux aujourd’hui (hier).»
Sa prochaine mission consistera à gérer la supériorité numérique de la formation UAE. Del Toro a sauvé son maillot rose devant Ayuso, et le Mexicain et l’Espagnol occupent toujours les deux premières places du général. Juste derrière Roglic, Brandon McNulty (6e) et Adam Yates (7e) seront aussi des cartes de choix pour la formation émiratie. « C’est incroyable pour l’équipe de voir que tout le monde est là. On verra ce qui va se passer dans les prochains jours. Mais on va jouer, c’est sûr », souriait Del Toro alors que la pluie redoublait au pied de la tour de Pise.
La pépite mexicaine, qui a conservé vingt-cinq secondes d’avance sur Ayuso, a même joué la carte de l’honnêteté: «Je savais que j’ avais beaucoup de temps pour moi (1’13" d’avance avant le départ), je ne voulais pas prendre trop de risques. J’avais du mal à rester bien droit sur mon vélo, mais je suis content d’avoir gardé le maillot. Je savais que ce serait super dur, mais je voulais terminer en rose. Je levais un peu le pied parfois parce que j’avais un peu peur dans les virages.» Encore un qui avait vu Roglic glisser le matin.
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Th. P., à Pise.
Emportés par le Hoole
Sa grande carcasse d’1,98 m est tellement restée longtemps sur le siège de meilleur temps provisoire qu’il aurait fallu l’adosser à la tour de Pise toute proche. Avec un peu de chance, le monument toscan aurait repris une verticalité normale. Daan Hoole a remporté le contre-la-montre d’hier, confirmant la bonne impression laissée lors de la deuxième étape, sur un chrono plus court (12,7 km), à Tirana. «J’avais de bonnes jambes en Albanie, se souvenait le Néerlandais de Lidl-Trek (26 ans) au départ de Lucques. Sixième, c’était ma place et j’espère que ce sera encore mieux aujourd’hui (hier). Le parcours me convient davantage. C’est un peu plus long (28,6 km) et j’espère obtenir un bon résultat. C’est une bonne opportunité pour moi, j’y vais à 100%.» Il disait ça, ses bouclettes blond-roux au vent, un grand sourire barrant son visage. Parti sous une météo impeccable avec son maillot de champion des Pays-Bas du contre-la-montre sur le dos, Hoole a décroché quelques heures plus tard sa première grande victoire en World Tour. Celui qui prépare d’habitude les sprints de Mads Pedersen ou Jonathan Milan a devancé les spécialistes Joshua Tarling (Ineos Grenadiers) et Ethan Hayter (Soudal-Quick Step). «C’est fou et inattendu pour moi, avouait-il. C’est une chose à laquelle j’ai pensé de nombreuses fois et maintenant c’est une réalité. Je suis heureux d’avoir atteint cet objectif.» Du côté de Decathlon-AG2R La Mondiale, qu’il rejoindra l’an prochain, il est déjà l’heure de se frotter les mains.
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