L’art de la sueur
UN PARIS PLUS AGRESSIF
La réussite de ce PSG tient avant tout à une culture de l’effort assimilée et partagée par l’ensemble du collectif.
"Si on analyse en profondeur dans quel domaine
notre équipe s’est améliorée défensivement,
c’est sur le rôle des attaquants"
- LUIS ENRIQUE, ENTRAÎNEUR DU PARIS-SG
24 May 2025 - L'Équipe
JOSÉ BARROSO
Il y a les résultats, le style de jeu attrayant et une moyenne de buts dans le haut du panier européen. Mais la vraie singularité du PSG 2024-2025 se situe ailleurs, dans cette implication collective, sans calcul, à faire les efforts ensemble, longtemps, partout. La générosité des Joao Neves, Achraf Hakimi, Khvitcha Kvaratskhelia ou même Ousmane Dembélé a marqué les esprits, en particulier lors des rendez-vous européens. En ce sens, Luis Enrique a construit une équipe qui ressemble au joueur qu’il était. «Partout où il est passé, il n’a jamais été le plus doué, mais au final il a toujours été un élément important et beaucoup joué », confiait un des proches de l’entraîneur parisien à son arrivée dans la capitale, à l’été 2023.
Ses joueurs ont du talent, c’est certain, mais ils sont aussi disposés à enfiler le bleu de chauffe au service de l’intérêt général. «Ça, c’est une vraie équipe de foot, s’enthousiasme Pedro Miguel Pauleta, ex-goleador maison (2003-2008). Les gens qui aiment le club sont tous très contents de voir des joueurs qui forment un grand collectif. Je ne veux pas dire pour la première fois, mais ça fait longtemps qu’on n’avait pas vu ça. C’est ça qui fait la différence. Paris a toujours eu de grands joueurs, cette année, tu vois aussi des joueurs exceptionnels mais le plus important c’est l’équipe.»
L’Asturien s’inscrit dans la philosophie joueuse du Barça, mais il ne peut être réduit au tiki-taka, loin s’en faut. S’il valorise la possession, c’est plus par stratégie que par orgueil. Son approche du jeu est assez humble, il ne prend pas de haut les tâches ingrates (replacement, repli) et il est capable de recadrer un joueur pour un geste fantaisiste ou pour une perte de balle. Auprès de ses troupes, il met énormément l’accent sur la culture de l’effort. À l’entraînement, il impose de l’intensité dans tous les exercices, y compris avec ballon, avec du rythme, des sprints, de la tonicité. Même ses séances vidéo sont nerveuses, courtes, préparées pour faire mouche vite et bien.
Les stats ne disent pas tout, mais elles traduisent cette révolution d’énergie et de contre-pressing : si l’on examine les quatre dernièressaisons,jamaisParisn’a gagné autant de duels (48,3 par match en moyenne), tenté et réussi de tacles (11,4 sur 18,5), ni récupéré le ballon aussi haut (45,3m de son but en moyenne).
Sa démarche globale se reflète dans l’effectif bâti au côté du conseiller sportif Luis Campos, et notamment dans les joueurs qu’il a laissés partir ou encouragés à le faire. Le bagage technique et tactique reste un prérequis mais «Lucho» veut des profils avec un gros volume, une capacité à répéter les courses, à se faire mal. C’est frappant dans le secteur offensif.
« Si on analyse en profondeur dans quel domaine notre équipe s’est améliorée défensivement, c’est sur le rôle des attaquants, observe Luis Enrique. C’est un des concepts les plus difficiles à obtenir, car il faut changer leur mentalité pour qu’ils défendent. Que ce soit Kvara, Ousmane, Gonçalo (Ramos), Désiré (Doué), Kang-in Lee, Bradley Barcola, tous les attaquants font un travail défensif exceptionnel, ils ont cette mentalité vitale pour pouvoir défendre en équipe. Cela me rend très heureux, et je crois que cela les rend aussi très heureux.»
Luis Enrique intransigeant sur ses consignes
En début de saison dernière, lors d’une réunion interne, le technicien avait expliqué qu’un seul joueur pouvait être dispensé du travail de repli systématique : Kylian Mbappé, en contrepartie de sa force de frappe. Mais c’était une concession contre-nature, en témoigne le documentaire qui lui a été consacré, où il terminait par ces mots : « Si je crois que je ferai mieux la saison prochaine ? Aucun doute. Parce que le fait d’avoir un joueur qui peut se déplacer où il veut implique des situations de jeu que je ne contrôle pas. La saison prochaine, je les contrôlerai toutes. Sans exception.»
Aujourd’hui, la donne est claire en interne. Luis Enrique ne laisse pas le choix à ses joueurs d’appliquer ou non ses instructions de repli. Quand on demande à Lucas Hernandez le secret de son coach pour convaincre ses joueurs, la réponse fuse : « C’est les consignes ! Soit tu fais, soit tu ne joues pas. Tout le monde a envie de jouer, donc tout le monde suit ses consignes. » En match, certains ont parfois les oreilles qui sifflent à force de l’entendre vociférer sur son bord de touche…
Après la petite crise de l’automne, où certains joueurs disaient leur ras-le-bol d’un management jugé parfois trop strict et dogmatique, le technicien de 55ansavaitpromisdevantsonvestiaire de lâcher un peu de lest. Il l’a fait sur certains principes, en acceptant par exemple la possibilité d’un jeu plus direct, là où il était capable de s’énerver lors d’un débrief vidéo, devant une transition menant au but adverse en trois passes. Mais pour ce qui est de l’exigence des efforts, du contrepressing, du replacement, cela reste à ses yeux non négociable. Et ce n’est, sur ce plan-là, manifestement pas pour déplaire aux intéressés: «Il a réussi à leur faire comprendre que c’est la base de leur jeu et de leurs succès, et on voit qu’ils prennent plaisir à se dépouiller comme ça », souffle un intime du groupe.
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J.Ri.et F.T.
COUPE GAMBARDELLA Rennes, pour la petite histoire
Après 1973 (génération Pierrick Hiard, Christian Gourcuff), 2003 (génération Yoann Gourcuff, Jimmy Briand) et 2008 (génération Yann M’Vila, Yacine Brahimi), Rennes va tenter la passe de quatre en finale de Coupe Gambardella contre Dijon (17h15), avec les faveurs des pronostics et un attaquant, Kader Meïté, qui s’est déjà illustré en L1 à 17 ans (douze apparitions pour deux buts cette saison). Cette finale peut renforcer l’image du meilleur centre de formation de l’Hexagone de ces deux dernières années, selon la FFF, et dont le reflet se voit à nouveau en L1 depuis l’arrivée d’Habib Beye fin janvier à travers les éclosions de Meïté, Jérémy Jacquet (19 ans) ou encore Djaoui Cissé (21 ans). « Le seul objectif pour nous, c’est d’amener les garçons au Roazhon Park, rappelle Denis Arnaud, le directeur du centre de formation. Il doit y avoir un alignement avec l’équipe pro, parce que l’académie n’est qu’un maillon du club. Sa singularité, c’est cet alignement depuis pas mal d’années. Pendant le mandat de Bruno Genesio (mars 2021-novembre 2023), ç’a été une harmonie totale. Et puis on a eu un trou d’un an et demi (après Genesio, il y a eu Julien Stéphan et Jorge Sampaoli, moins en réussite), mais les derniers mois et l’arrivée d’Habib (Beye) ont remis ce cercle vertueux de la formation au coeur du projet du club. Il n’y avait pas de manque de jeunes joueurs ou de vivier qui se tarissait. Il n’y avait aucune raison que ce qui fonctionnait s’arrête d’un coup. »
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