Penhoët refait sa place


Avec les cadors dimanche, 5e du sprint hier avant d’être déclassé, le jeune puncheur de Groupama-FDJ voit le bout du tunnel, après dix-huit mois de galères, et peut rêver du Tour.

"J’ai toujours cette petite voix en moi qui me dit « attends le sprint », 
alors que si ça sort à la pédale, il faut y aller. Je suis toujours le cul entre deux chaises"
   - PAUL PENHOËT

10 Jun 2025 - L'Équipe
PIERRE MENJOT (avec A. Ro.)
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL

ISSOIRE (PUY-DE-DÔME) – Voilà deux jours que sa carcasse de petit bol i de ferraille au milieu des meilleurs. Dimanche, dans la côte de Buffon, Paul Penhoët était là, en embuscade derrière Pogacar, Vingegaard, Evenepoel et Van der Poel, puncheur au niveau des grands. Et hier, dans le sprint vers Issoire, le gamin de Clamart (Hauts-de-Seine) naviguait, cherchant à faire son sillon derrière Jonathan Milan (lire ci-dessous) afin de grappiller une cinquième place avant d’être déclassé pour avoir joué de ses épaules, qui s’épaississent ces derniers mois. Une galère de plus sur une liste qui s’est sérieusement allongée depuis un an.Paul Penhoët au départ de Prémilhat hier matin, puis au coeur du sprint final (rond rouge), dont il fut déclassé. À gauche, le vainqueur de l’étape, Jonathan Milan, qui ravit le maillot jaune à Tadej Pogacar, Fred Wright (casque bleu ciel), Penhoët, Stian Fredheim et Mathieu Van der Poel.

Sprinteur prometteur au gabarit de poche (1,73 m; 64 kg), rappelant Mark Cavendish ou Caleb Ewan, le coureur de GroupamaFDJ avait remporté ses deux premiers succès (Tour du Finistère, une étape au Tour du Poitou-Charentes) en 2023, à 21 ans, et rêvait plus grand. Avant que son genou droit le lâche, lors d’une séance de musculation pendant les fêtes (rupture du ligament croisé antérieur). Le début des ennuis. « Après le croisé, j’ai tout fait au millimètre, mais quand les résultats ne sont pas là, ça devient une spirale négative et ça a été un peu le cas jusqu’à la fin de la saison avec, en plus, les chutes qui s’accumulaient, racontait-il en mars lors de Tirreno-Adriatico. J’ai dû repasser par la case kiné pendant deux bons mois cet hiver, car les tests réalisés avec l’équipe ont montré que ce n’était toujours pas ça, alors que pour moi, tout était nickel. J’étais dans le déni. »

Parce qu’il était bien au fond du seau, aux chutes de 2024 (1re et 2e étapes du Tour de Slovénie, Classique de Hambourg, Circuit du Houtland) s’en sont ajoutées de nouvelles en 2025, à Kuurne et La Panne en mars ainsi qu’au Pays de la Loire Tour en avril.

« Ça a été compliqué, mais il s’est toujours relevé, souligne Benoît Vaugrenard, l’un de ses directeurs sportifs sur le Dauphiné. Il a bien travaillé en stage en Sierra Nevada (Espagne), on sentait aux Boucles de la Mayenne que ça commençait à monter en pression (deux tops 5, fin mai) et là, il montre de belles choses. »

Et dans deux registres différents. Excellent sur les efforts courts en bosses, pas maladroit dans les sprints massifs, « Polo » est partagé entre ces deux cartes. Ce qui peut lui jouer des tours. Dimanche, « c’était la première fois que je courais avec les quatre cadors, donc, quand ils partent devant, je me suis dit que je n’étais pas trop à ma place, j’ai manqué de confiance. Et puis j’ai toujours cette petite voix en moi qui me dit “attends le sprint”, alors que si ça sort à la pédale, il faut y aller. Je suis toujours le cul entre deux chaises. » Penhoët, dont le nom rappelle les origines morbihannaises, « n’est pas le grand, grand sprinteur qui gagnera dix ou quinze courses par an », pose Vaugrenard. Or, dans la filière du puncheur, il se retrouve « à une époque où il y a beaucoup de coureurs très forts, alors qu’il y a quinze ans, il aurait peut-être gagné davantage » , poursuit le directeur sportif. Mais le Dauphiné semble dessiner un terrain de jeu idéal, « des courses dures toute la journée », sourit-il, comme encore aujourd’hui, entre Brioude et Charantonnay (3 190 m de dénivelé).

« Je suis venu avec de grandes ambitions, et on voit que le niveau est très élevé, que c’est dur de tirer son épingle du jeu, juge le Francilien. Je fais du vélo pour gagner ( ce qu’il n’a pas réussi depuis août 2023), j’espère y arriver. Mais ça m’a beaucoup travaillé par le passé et je pense que c’était plus négatif que bénéfique, donc j’ai arrêté de penser uniquement à la victoire, je me focalise sur mon entraînement, ce que je peux améliorer un peu partout, et le résultat en découlera. »

Comme sa participation au Tour (5-27 juillet). Pour l’instant, il figure dans la liste élargie, et avec un tiers des étapes qui pourraient se jouer au sprint, GroupamaFDJ réfléchit à l’emmener sur son premier Grand Tour le mois prochain. « C’est toujours dans un coin de ma tête, je m’entraîne aussi pour ça, sait Penhoët. Mais le Dauphiné est un point de passage, il faut que je prouve à l’équipe que j’ai ma place. » Quitte à jouer un peu des épaules.

***

A. Ro., à Issoire.
Pogacar laisse le jaune à Milan

Au lendemain de sa victoire d’étape à Montluçon, Tadej Pogacar a tout fait pour délaisser son maillot jaune de leader et les contraintes qui vont avec. Le champion du monde s’est laissé glisser dans la ligne droite finale pour terminer audelà de la 28e place, la position de Jonathan Milan la veille. Propulsé par son train, l’Italien a en effet remporté le sprint d’Issoire, devant Fred Wright et Mathieu van der Poel, et revêtu la tunique de leader. Si le dernier kilomètre a paru facile, le reste de l’étape l’a beaucoup moins été pour Milan, en difficulté notamment dans la côte du château de Buron, à 60 km du terme. « Je dois remercier mes équipiers pour m’avoir ramené de l’arrière, guidé dans les derniers mètres, soutenu tout le long, souriait-il, lui qui a en tête la première étape du Tour à Lille (5 juillet) et le maillot jaune en jeu ce jour-là. Avoir une équipe qui croit en moi comme ça, ça m’a beaucoup aidé, surtout mentalement. » Le bolide du Frioul a eu moins de difficulté dans la dernière côte du jour, de Nonette, à 20 bornes de l’arrivée, où Romain Bardet a placé une attaque à 800 m du sommet, avant d’être repris 10 bornes plus loin. Pour sa tournée d’adieux, l’Auvergnat sera fêté ce matin à Brioude, chez lui, départ de la 3e étape où près de 3 000 m de dénivelé seront encore au programme, jusqu’à Charantonnay, une nouvelle invitation à l’offensive pour le futur retraité.

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CLASSEMENTS

CRITÉRIUM DU DAUPHINÉ
2e étape, Prémilhat-Issoire

1. Milan (ITA, Lidl-Trek), les 204,6 km en 4h54'49'' (moy. : 41,639 km/h); 
2. Wright (GBR, Bahrain Victorious); 
3. Van der Poel (HOL, Alpecin-Deceuninck); 
4. Fredheim (NOR, Uno-X Mobility) ; 5. Jeannière (TotalÉnergies) ; 6. Tronchon (Decathlon AG2R La Mondiale) ; 7. Fedorov (KAZ, XDS Astana) ; 8. Louvel (Israel-Premier Tech) ; 9. Venturini (Arkéa-B&B Hotels) ; 10. Trentin (ITA, Tudor) ; ... 14. Laurance (Ineos Grenadiers) ; 23. Lipowitz (ALL, RedBull-Bora-Hansgrohe) ; 27. Ca. Rodriguez (ESP, Ineos Grenadiers) ; 32. Jorgenson (USA, Visma Lease a Bike) ; 34. Vingegaard (DAN, TVL) ; 40. Pogacar (SLN, UAE EmiratesXRG) ; 56. Bardet (Picnic PostNL) ; 62. Evenepoel (BEL, Soudal-Quick Step) ; 64. Buitrago (COL, TBV) ; 116. Penhoët (Groupama-FDJ) t.m.t. 153 classés.

Classement général
1. Milan (ITA, Lidl-Trek, photo) en 9h34'51''; 
2. Pogacar (SLN, UAE Emirates), m.t.; 
3. Van der Poel (HOL, Alpecin-Deceuninck) à 2'' ; 
4. Wright (GBR, Bahrain Victorious) à 4'' ; 5. Vingegaard (DAN, Visma Lease a Bike) m.t. ; 6. Page (Intermarché-Wanty) à 8'' ; 7. Foldager (DAN, Jayco AlUla) à 9'' ; 8. Politt (ALL, UAD) m.t. ; 9. Tronchon (Decathlon AG2R La Mondiale) à 10'' ; 10. Jeannière (Total Énergies) ; ... 12. Venturini (Arkéa-B&B Hotels) ; 24. Jorgenson (USA, TVL) ; 30. Evenepoel (BEL, Soudal-Quick Step) ; 31. Ca. Rodriguez (ESP, Ineos Grenadiers) ; 33. Lipowitz (ALL, RedBull-Bora-Hansgrohe) ; 37. Buitrago (COL, Bahrain Victorious) ; 45. Bardet (Picnic PostNL) t.m.t.

AUJOURD’HUI
3e étape : Brioude-Charantonnay (207, 2 km). Départ à 12 h15, arrivée vers 17h 
TV : en direct à 15h 25 sur Eurosport 1 et à 15h 40 sur France 3.

DIMANCHE
8e et dernière étape.
ANTWERP PORT EPIC (BEL)

1. Kielich (BEL, Alpecin-Deceuninck), les 182,2 km en en 4h12'9'' (moy.: 43, 355 km/h); 
2. Wallin (DAN, Uno-X Mobility), m.t.; 
3. Merlier (BEL, SoudalQuick Step) à 3''; 
4. Rex (BEL, Intermarché-Wanty) ; 5. Del Grosso (HOL, ADC) ; 6. Mozzato (ITA, Arkéa-B&B Hotels), t.m.t.- 113 classés. 55 abandons dont De Lie (BEL, Lotto).

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